Chapitre 13. Je tremble

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Une angoisse grandit en moi, je la sens monter de bas en haut. Je me mets à trembler, je ne reconnais pas le Kader qui me fait rêver, qui me rend folle.

- Issam tu devrai y aller

J'ose à peine murmurer et il n'est clairement pas du même avis que moi, loin de là.

- Pourquoi je partirai? Parce que monsieur Kader Brahimi l'exige

Il lâche ça suivit d'un rire nerveux, mais ils se connaissent vraiment alors?

- Issam dégage elle veut pas t'parler

- Et tu crois quoi? Que je vais la forcer ou lui faire du mal? C'est ma pote et je dois lui parler

- Et moi je veux pas alors tu bouges d'ici et tu l'approches plus et y a pas de pote c'est personne pour toi alors tu zappes

- Issam s'il te plait

Je murmure encore, je veux pas d'histoire, ça fait trop pour ce soir..Kader monte en pression, il va exploser j'en suis sûre.

Issam me regarde, il me cherche du regard, je sais qu'il tient à moi alors je le supplie du regard, je veux juste qu'il parte, je l'appellerai, je lui demanderai de quoi il s'agit, je ferai un effort, je me couperai pas du monde sans raison.

Il se décide à partir et s'arrête à côté de moi, il me fixe encore quelques secondes, je finis par baisser les yeux, je me sens vulnérable, mais qu'est-ce qui se passe?

Il s'affronte du regard dans les escaliers et je prie pour que rien n'arrive. Une fois que la grande porte en bas claque, le silence règne. Kader est toujours dans les escaliers et moi devant ma porte, la tête baissée.


Je suis perdue, il a sûrement voulu me défendre, il a peut-être cru qu'Issam me ferait du mal. Ca ne peut être que ça, il voulait me protéger. Je me répète ça en boucle, je me rassure tant bien que mal, je flanche, je vais le regretter hein? Je vais le regretter.

Je rentre dans le loft et je laisse la porte grande ouverte, je sais qu'il n'en a pas fini, je le devine facilement vu la tension qui régnait hors de mon appartement. Je file en direction de ma chambre, je me déshabille et je prends une douche. Je pleure, je me vide de tout ce que j'ai pu ressentir ce soir, je n'ai pas l'habitude de tout ça.. j'ai eu peur.


Je retourne vers le salon en bas de survêtement gris et pull à capuche noir. Je le cherche et le retrouve sur la terrasse entrain de fumer. Il est de dos mais je ne peux pas m'empêcher de l'admirer. Ce qu'il dégage c'est fort, c'est grand mais c'est toxique. Yamina a raison, je mérite mieux qu'une histoire à problème.

Il revient face à moi et je n'ai pas bougé de ma place. Je dois avoir les yeux rouges et de toute façon mon regard ne trahit pas, il sait, il sent que je me pose des questions. Il semble calmé, en tout cas, beaucoup moins nerveux.

Il s'approche encore un peu, il me fixe de ce regard qui me fait mourir sur place, j'ai envie qu'il se rapproche encore et je me dis que je perds la tête : il me fait peur mais je le veux plus proche de moi encore.

Il dépose sa main sur ma joue et instinctivement je ferme les yeux, j'aime, j'ai besoin de ce contact. Il se rapproche finalement et me prend dans ces bras. Je me laisse faire, je m'y sens bien, je m'y sens moi.. Une autre moi.

Je reste dans cette position, ni lui ni moi ne voulons que ça s'arrête, on le sait, faudra parler de ce soir.

Mais pas maintenant, pas tout de suite. Jusqu'à ce que se soit lui qui prenne la parole à ma plus grande surprise. Il se détache un peu, me tient toujours fermement par les hanches et colle son front au mien.

- Je veux pas que tu sois mal d'accord, je voulais pas te faire de mal, je voulais pas te faire peur mais je suis comme ça je veux pas qu'un autre homme t'approche c'est normal non?

J'acquiesce, évidement que c'est normal, mais jusqu'à quelle limite?

- Sois pas triste, je veux pas que tu pleures, je supporterai pas

Je bois ses paroles.

- Si tu m'écoute tout ira bien, y aura pas de dérapage et aucun soucis mais faut que tu m'écoutes et que tu m'obéisses

Je me raidis, obéir? Moi?

- Pour ton bien, pour notre bien, parce que je veux que ça marche nous deux et qu'on aille loin..

Et à nouveau il m'ensorcèle, aller loin ensemble, construire une histoire, être à deux? J'en mourrai d'envie.

On se dirige naturellement dans ma chambre, je le tiens par la main et il me suit. Ce soir-là, il ne se passera rien, on dormira ensemble mais rien de déplacer n'arrivera.


Au réveil, je souris, je sens ses mains sur mon ventre, je suis dos à lui, je pose une main sur les siennes et je me retourne doucement, il me sourit les yeux encore fermés. Je m'approche et lui dépose un doux baiser sur les lèvres. En réponse, il me sert plus fort, plus près de lui. On se regarde, on se sourit, hier soir ce n'était qu'un cauchemar, ce n'était rien.

- Je vais me doucher et me préparer

- Pourquoi?

- Comment ça pourquoi?

- Reste, on est bien

- Non mon patron aime la ponctualité

J'ai dit ça tellement naturellement qu'il explose de rire.

Je souris à son rire et je me lève pour aller me doucher. Je me retourne au passage et le vois me mater. Je suis en pyjama, donc mini short et débardeur. J'attrape un vêtement qui traine et lui le lance dessus.

- Pervers me regarde pas comme ça

Et je l'entends rire encore. Que ce rire me berce, je m'en lasserai jamais.

Quand je quitte le loft, il est déjà parti, il doit passer chez lui se doucher et se changer, il n'allait pas se présenter au bureau avec les vêtements de la veille.

Je chasse toutes idées noires sur la veille et je ne retiens que ce qui m'arrange. Je préfère cela pour l'instant, on verra plus tard. Je suis bien dans ma bulle.


Aujourd'hui je porte un pantalon blanc qui moule, une chemise transparente blanche avec en dessous un débardeur blanc et des talons noirs. Et en arrivant à l'entreprise, je me rends compte que je stresse de la réaction de Kader, et s'il montait dans les tours car ma tenue me mettait trop en valeur?

J'aperçois au loin Matthieu, s'il me regarde trop, enfin de manière déplacée c'est que j'ai exagéré dans ma tenue. Une fois à sa hauteur, je souris, lui dis « Bonjour » mais il passe à côté de moi sans un regard et encore moins une réponse.


Kader Brahimi, quelque chose me dit que tu y es pour quelque chose?


Dans mes pensées, mon téléphone vibre dans ma main.

Nouveau message de Yamina : Pas de nouvelle, bonne nouvelle.


Je ne réponds pas, je range mon Iphone dans mon sac et je rejoins mon bureau.

Une fois assise, je me dis que tout ne fait que commencer, qu'est-ce qui m'attend avec cet homme?

Une danse avec le diableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant