Chapitre 55. L'horizon

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- Prépare-toi, on va se promener


Je ne réponds pas, je pars me préparer. J'enfile une robe noir et blanche à motif qui colle au corps et qui m'arrive à mi-cuisse. Par dessus, je mets un t-shirt noir un peu large qui retombe sur une épaule. Il m'arrive au-dessous des fesses. Je lâche mes cheveux ondulés, je me maquille un peu et une fois que j'ai enfilé mes mocassins noirs, je le rejoins vers la porte.


Il me regarde et se mord la lèvre du bas, il se retient de tout commentaire et c'est mieux pour lui. Je passe devant et on sort de l'hôtel côte à côte. On se marche tranquillement et on se dirige naturellement vers la mer. Ce silence n'est pas pesant, il nous fait du bien. On a juste besoin de profiter l'un de l'autre. On rejoint des rochers et il part s'assoir dessus en fixant l'horizon et l'immensité de la Méditerranée. Je le laisse, peut-être a-t-il besoin de réfléchir. Je suis face à lui, je tiens mes mocassins dans une main et je trempe mes pieds dans l'eau. Je ne pense à rien, dans ma tête c'est le vide total, mais je suis consciente que les choses vont changer, alors soit je les accepte et je fonce soit je refuse et il m'y contraint. Ou fuir encore.. Fuir encore alors que je me sens bien uniquement quand il est à mes côtés peu importe le mal qu'il me fait.


Mais la vérité, serait-ce vraiment une contrainte? Serait-ce une libération de fuir?



Je décide de le rejoindre et je me pose à coté de lui. Je fixe un point invisible devant moi et naturellement je me vide à lui.

- Quand on s'est vu la première fois, en boîte de nuit, cette nuit-là, tu m'as fait l'effet d'une bombe.. J'te promets, tu m'as hypnotisé par ton regard, ta façon de te tenir, 'fin le tout quoi.. Je pensais pas te revoir. Vraiment pas..

Je rigole. Si ce soir-là on m'avait prévenu de la suite, qu'est-ce que j'aurai fait, hein?

- Et quand j'ai vu que t'étais mon patron, j'étais heureuse, j'imaginais rien mais j'aimais l'idée de pouvoir te voir.. Après y a eu le gala, j'appréhendais tellement. Puis la suite hein.. Notre couple, notre histoire.. J'aimais vraiment ce qu'on vivait, ce qu'on était ensemble, ce qu'on devenait.. Tes coups de nerfs, quand tu pétais les plombs, je te trouvais tellement d'excuses, tu sais?

Je continue à fixer la mer. Je ne lui parle pas vraiment, je profite de ce moment pour me vider et pour qu'il sache. Mais c'est surtout pour moi, j'en ai besoin.

- Cette nuit au château, la surprise, tout ça, c'était magique, les images tournent en boucle dans ma tête.. Pourtant même nos soirées films, pizzas chez toi étaient incroyables. En fait, tout devenait génial quand t'étais là.. Partir sans toi trois semaines, et revenir et savoir que t'étais..

Je marque une pause.

- Marié à une autre, comment j'ai eu mal.. Tu t'imagines même pas, ce que j'ai ressenti, comment je l'ai vécut et comment je le vis encore aujourd'hui.. Et malgré ça, tu m'as frappé, frappé parce que j'avais un ami.. C'était un simple ami Kader.. Tu m'as battu comme un animal.. Comme si j'étais un adversaire à ta taille..

Je le regarde enfin et je vois que ses yeux sont rouges.

- T'avais pas le droit de me faire autant de mal, t'avais pas le droit parce que moi j'ai donné ma parole de t'aimer à vie, parce que moi jamais je t'aurai trahi..

Il me regarde enfin.

- J'ai foiré Lina, je suis en train de gâcher ma vie et de foutre en l'air la tienne..

Je lui prends la main et tous les deux on fixe l'horizon.

- Ca ira..

Je prononce ces mots tellement naturellement, comme si je me persuadais moi même que tout ira au mieux alors que je n'en sais rien et que rien ne porte à croire que tout finira bien.




Je me suis sentie vidée, tout ce que j'avais à lui dire, il l'a entendu et c'est comme si les vagues reprenaient avec elles chaque mot que j'avais prononcé comme pour les emporter loin de nous.

Une danse avec le diableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant