II
Le jeune homme resta quelques secondes les bras ballants, puis se gratta brièvement l'oreille droite en commençant sa marche vers le centre de l'espace. Le Renard le suivit du regard et d'un pas souple et léger, se mouva jusqu'à sa droite.
Sans prévenir, la jeune femme saisit l'oreille du sans-nom et la retourna afin d'y découvrir sa marque. Elle en dégagea ainsi la sinistre coagulation de sang formant distinctement le chiffre 52.
« Bonjour monsieur le Corbeau...'' souffla t-elle, amusée, à l'oreille du nouveau captif.
L'homme toujours étrangement calme continua sa route et se stoppa au centre de l'aire de liberté. Il inspira profondément l'air, les bras ouverts, et comme une résignation, expira entièrement sa prise en ne laissant échapper qu'une unique larme de ses yeux gris.
Cela rassura la jeune femme.
Plus ils se résignaient vite, moins la réalité leur paraissait cruelle. Non qu'elle l'ai connu personnellement, mais par simple observation, l'adolescente l'avait compris. Les regards ne tourmentèrent pas plus ce pauvre arrivant. Il était courant de recevoir de nouveaux locataires reconnaissables à leur crâne rasé et leur regard particulièrement vide encore sous l'effet des drogues.
Mais malheureusement tous, sans exception, versaient cette petite larme effacée. Même le Renard se souvint d'en avoir verser une passagère, mais celle-ci n'avait pas eu les même raisons...
La femme continuait son tour complet en ignorant les regards introspectifs des surveillants.
« Tout ce passe comme tu veux Renard ? » demanda l'un des colosses vêtues de blanc.
Les occupants n'avaient jamais vue le visage d'un de leur gardien, ceux-ci portaient sans arrêt des combinaison entière de coton et un masque leur prenant du nez au menton tandis que des lunettes tintées de jaunes les empêchaient de distinguer leur réel couleur rétinienne.
La jeune femme hocha doucement la tête et pointa du doigt l'unique chauve présent dans l'espace de jeux.
« As-tu encore deviner son nom ? » demande avec plus de précision le garde.
Le Renard mime de ses mains un oiseau et murmure doucement à l'oreille de l'homme le bruit d'une corneille.
« Un jour tu me révéleras comment tu fais ? » demande t-il avec exaspération.
Elle hoche négativement la tête impassible et son inspection reprend.
Le jeune homme se met soudain à chanceler... l'un des observateurs ne le manque pas et part donc à son secoure. Au même moment, la même alarme sourde gronde du Central et les habitants, conscients de ce que ce signal engendre, partent de leur propre chef jusqu'à leur chambré respective.
La jeune femme regarde patiemment sa porte coulissait jusqu'à ce que tout vent naturel cesse de se diffusait dans ses cheveux.
Il ne reste plus que le silence pesant corrompue par le grésillement incessant des Leds au-dessus d'elle. Son mal de tête reprend peu à peu et le Renard se résigne à s'asseoir, en attendant son futur repas.
Le jeune homme, plusieurs murs de métal plus loin, reste longuement allongé sur le dos... observant imperturbablement ce plafond sans intérêt. Simplement vêtue d'un pantalon blanc comme le reste de ses congénères masculin, le sol ne lui paraissait pas si désagréable malgré sa tenue peu couvrante.
Il était finalement là pas vrai ?
Parmi tous ces cinglés... dont dorénavant il ferait partit. Tout était allé si vite... repensa t-il pour la énième fois sans grande conviction, lorsque certains auraient fondu en larmes.
C'était un simple recensement banal, pourtant cela avez suffit pour l'envoyer ici. Par la faute de cette simple prise de sang qui avait tout révélé.
Mais il s'était à présent résigné... à quoi bon résister ? Il avait évité sa fatalité aussi longtemps qu'il le fallait pour découvrir le monde. À présent, il resterait jusqu'à la fin de ses jours ici, dans cette salle immaculée.
Il porta ses mains à sa tête. Ces monstres l'avaient donc rasé. Et il regratta à nouveau son oreille douloureuse en repensant à cette inconnue. Pourquoi l'avait-elle appelé le Corbeau ?
Il repensa à ce froid qui l'avait envahi lorsqu'elle l'avait touché et à ce malaise lorsqu'il avait remarqué ces regards braqués sur lui, et dont d'un simple geste, elle les avait fait se détourner.
Pourtant, le jeune homme ne se souvenait déjà plus des traits de sa sauveuse, juste de ses yeux... ses yeux malins.
Le repas du soir fut distribuer grossièrement par les minces ouvertures coulissantes de chaque résident. Les plus idiots ou désespérés, à vous de voir, prirent une bouchée de l'immonde mixture. Certains ne se rendaient même plus compte de ce profond dégoût que leur procurait cette nourriture, ils y étaient tellement habitués depuis leur captivité qu'ils ne discernaient plus le bon du mauvais tout comme le jour et la nuit. C'étaient les lampes qui leur dictaient leur vie, nul besoin de réfléchir lorsque tout ce que vous connaissez sont les ténèbres et la lumière.
Cette fois, le Renard se trouva obliger de manger, sous le regard affûté du garde, elle ne pouvait, pour cette fois, échapper à sa nuit. Elle attrapa donc sa cuillère en plastique et la plongea dans sa mélasse qui produisit un son curieux de sprotch.
La jeune femme l'engouffra ensuite dans sa bouche et avala. Comprenant que son gardien ne partirait pas tant qu'il n'y aurait pas de vérification, elle se releva pour présenter sa bouche vide grande ouverte à l'observateur. Après quoi, celui-ci repartit.
L'adolescente continua son repas dans le calme que lui procurait la solitude.Depuis combien de temps était-elle là déjà ? Elle avait arrêter de compter... arrêter de ce souvenir, cela lui était devenue trop insupportable.
Les néons s'éteignirent enfin, dans un calme à présent complet, les occupants du camp plongèrent dans l'inconscient sous l'effet des somnifères ingérer.
Le Corbeau s'endormit dans un soupir noué par les sanglots, le Renard quand à lui se mit à rire sur ses futurs projets.
Un jour ou l'autre, elle sortirait...
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Le Corbeau & Le Renard
Science FictionElle n'a connue que ténèbres, c'est pour quoi elle rêve de couleur. Elle ne connait rien au monde, mais comprend mieux que quiconque. Ils craignent qu'un jour elle ne s'éveille, mais il est déjà trop tard. Car elle est le Renard, et va leur faire sa...