Chapitre VI

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Chapitre VI


Cela devait faire un peu près une heure qu'il l'observait, assied là, dans le gravier de leur réveil. Tandis que le Renard savourait pleinement sa liberté en jouant ainsi, depuis une heure, dans l'eau cristalline du lac qui avait quasiment précipité sa mort...

Elle ne savait peut être pas nagé, mais possédait comme tout le monde cette nage primaire appelait grossièrement: la nage du chien.

La jeune femme n'allait évidemment pas dans les zones profondes mais cela n'affectait en rien sur son amusement.

Elle ressort la tête de l'eau pour une nouvelle inspiration qui lui procure un bien indescriptible. La jeune femme retourne lentement jusqu'à la côte en riant comme une enfant.


« Viens... » lui propose t-elle, d'une voix certes faible mais angélique en saisissant son bras.


Aucune réaction de sa part.

Ce corps stoïque dénué de vie l'agace d'une quelconque manière, elle lui envoie donc de cette eau tiède en plein visage. Toujours rien. Le Renard resserre ses poing sur ce tissu humide qui lui serre de vêtement.


« J'ai froid... » se plaint-elle pour faire réagir son sauveur.


« Tu aurais dû y penser à deux fois avant de te baigner avec tes seuls vêtements. » se contente de lui répondre le Corbeau, en contemplant les flots.


Le rouge monte aux joues de la jeune fille, pour qui se prenait-il !? Personne ! Personne pas même les gardiens ne s'adressaient à elle de la sorte !

La colère boue en son ventre, elle hésite même à entreprendre seul sa route, mais la jeune femme n'était pas assez inconsciente de s'entreprendre dans un jeu dont elle ne connaissait même pas les règles. Non... elle avait besoin de lui... mais vivant.

Elle relâche la pression qu'elle opérait sur son pauvre vêtement et s'installe donc à la droite de l'homme pâle.


« Tu es mort ? » lui pose t-elle la question plus sur le ton de l'affirmation.


« Peut-être... » murmure t-il.


« Tu es en vie alors ? » continu t-elle, comme s'il s'agissait d'un quizz.


« Peut-être... » répète t-il.


« Il est celui qui l'a fait briller même dans ses moments les plus sombres, Qui es t-il ? » lui rappelle t-elle leur première conversation.


Un silence plane... comme cette fois là. Puis sa voix résonne dans le lointain.


« Le soleil. » croit-il.


« Tu es en vie... » reprend t-elle.


« Peut-être... » répond t-il machinalement.


« Ce n'était pas une question. » Rétorque t-elle en retirant son vêtement poisseux pour l'étendre sur les galets.


Le Renard s'étire de tous son long en profitant de la tiédeur du midi. Elle ramène ses cheveux vers l'avant, afin de les démêler à l'aide de ses doigts puis ce retourne vers son compagnon.


« Maintenant, de quoi es-tu sûr ? » s'accroupit-elle pour être à la même hauteur que son interlocuteur.


Le jeune homme tourne enfin son regard vers elle et écarquille les yeux.


« Que ce passe t-il ? Tu as de la fièvre ?! » s'empresse t-elle de lui demander en passant une main sur son front, le rouge de ses joues l'inquiétant fortement.


« Tu es nue ! » s'exclame t-il en se relevant.


Le Corbeau tente de détourner sa vue mais la jeune femme, ne comprenant sans doute pas, revient irrémédiablement dans son champ de vision, curieuse de cette réaction disproportionnée.


« Et alors ? » s'enquière t-elle en ramenant ses yeux vers elle.« Mes vêtements sont trempés ! » s'explique sa compère.« Tu souhaites que j'attrape froid ? » s'étonne t-elle faussement en croisant fermement les bras sur sa poitrine.


« Mais fais preuve de pudeur bon sang ! » s'exaspère t-il en fermant les yeux.


« Il n'y a pas à être gêné. » répond t-elle froidement. « Un corps est un corps. Qu'il s'agisse du mien, du tien, ou d'un autre, la différence importe peu ! » s'exaspère t-elle à son tour de sa réaction puéril.


« Enfile au moins ça... » lui tend t-il la combinaison blanche anciennement voler au Central.


Dans un soupir d'exaspération, la jeune femme la saisit et l'enfile rapidement.


« C'est déprimant... » souffle t-elle.


« De quoi ? » demande t-il en vérifiant que la fugitive c'est ré-habillé.



« Que ta première réaction humaine soit aussi niaise. » répond t-elle d'un sourire victorieux, ses yeux cuivrés pétillant d'une chaleur nouvelle.

Le Corbeau & Le RenardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant