Chapitre V. II.

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Chapitre V. II. [très court]


Quelques choses à la fois humide et sec s'appose sur ses lèvres gercées pour immiscer dans sa gorge un souffle chaud et anxieu. On effectue ensuite une pression régulière sur sa poitrine qui affole son cœur.


C'est dans un ultime souffle douloureux que le Renard ouvre les yeux et s'empresse de recracher l'eau présente dans ses poumons, la bile qu'elle en ressort lui brûle les lèvres.


Elle porte une main à sa gorge en feu, tandis que l'autre ramène en arrière ses cheveux humides qui lui gêne la vue. Venait-elle d'être morte durant quelques secondes ?


Elle reste accoudé sur le sol, une main en visière par cette forte lumière lui laissant un profond mal de crâne.


« Pourquoi avoir sauter..? Pourquoi si tu ne sais pas nager ? » lui demande l'homme à quelques centimètres penchait au-dessus d'elle, d'un ton froid et calme.


Celui-ci a les yeux rougies de fatigues, et des marques de sommeil apparaissent sous ses yeux, ses lèvres bleutés trahissent le froid qui prend ses membres écorchaient par les roches  ainsi que ses faibles tremblements.


La jeune femme ne prend pourtant pas longtemps pour oublier sa présence, celle-ci est bien trop absorbée par la nature qui s'éveille autour d'elle. Qu'était-ce cette lueur qui diffusait sur son corps meurtri une aussi tendre chaleur ? Elle qui ne connaissait que les lumières froides du centre, se retrouvait hypnotiser par la splendeur de ce ciel éblouissant et... coloré.


Elle se relève du sol de galets et savoure la fraicheur que celui-ci lui procure.


Une étendue d'eau lui apparaît, un étang, et ce spectacle n'en est que plus éblouissant lorsqu'il est composé de ces gigantesques conifères qui encerclent la scène.

Ses yeux s'illuminent enfin de cette lueur humaine.

Le Corbeau suit rapidement son regard et se positionne à ses côtés, perdue dans le paysage. Il ne la sent même pas lui saisir sa main congelé qui lui apporte un réconfort indescriptible.

Si doux et chaleureux... Si réel.


« Tu aurais pue partir, me laisser ici et retourner à ta vie d'avant... alors pourquoi ? » demande t-elle enfin à son tour mais en ne perdant pas une miette de la nature en pleine éveille.


Le jeune homme se retourne vers elle, surpris que ce soit là ses premières paroles. De ce point de vue, elle lui parait si maigre...si pâle... et pourtant plus en vie que n'importe qui, malgré ses cheveux emmêlés, comme ceux d'une souillon, et ses bleus et coupures comparable à ceux d'une femme battue.

Impensable... malgré tous ces détails, son regard ne laissait aucun doute, elle était tout son contraire...

emplie de vie.


« J'ai pas pue me résoudre à te laisser ici...» lui répond t-il, son ton de voix laissant penser que lui-même ne comprend pas le poids de ses actes.


« Tu m'as sauvé la vie... » lui rappelle l'adolescente.

« Alors que rien ne t'y obliger... » marque t-elle une pause. « comme un preux chevalier. » le compare t-elle, une lueur juvénile naissante dans le regard.


Cette comparaison lui parait disproportionner, presque hilarante, et pourtant celle-ci ne lui arrache qu'un maigre sourire.


« Ils protègent la veuve et l'orphelin. » le fixe t-elle, en attente d'une quelconque réponse.


« Tu es bien trop naïve à mon goût. » se met-il doucement à rire, sans aucune joie.


« Et pourtant je te suis à présent redevable. » reprend froidement la fugitive.

« Et je déteste restait endetter... » avoue t-elle, les yeux à nouveau froid et dépourvu d'humanité. Ce visage que la nature avait mit au monde était inhumain, comme si sur cette frêle adolescente reposaient toutes les fatalités de ce monde.
Son visage retranscrivait une sorte de maturité millénaire. Cette enfant pour qui le monde était inconnu semblait comprendre mieux que quiconque les faces cachées de la vie...

« Je te rend juste la pareille, tu as sauvé la mienne en me faisant sortir de cet endroit, à présent, nos comptes sont rendu. » rétorque t-il en lui tournant le dos.


Cette remarque surprend plus qu'il ne devrait le Renard... C'était donc ça, être Humain ? Ou simplement stupide pour ne pas profiter ainsi de la situation que la jeune femme lui offrait ?

Il s'éloigne peu à peu lorsque la réalité le frappe soudain... Et une brise glacial passe dans son dos qui le frigorifie, comme si tout à coup, le jeu l'avait à nouveau appeler à lui, retenue par ses chaînes de sang.


« Personne ne t'attend chez toi pas vrai ? » devine rapidement le Renard d'un sourire en coin.

« Toi aussi, comme tous les autres, ils t'ont laissés pour mort... » lui avoue t-elle ces mots durs qui lui transperce le cœur.


Il se contente de rester immobile, d'enfouir ses sentiments au fin fond de lui, là où plus rien ne pourrait les blesser... dans une boîte inviolable qui représente son passé.


« Et toi ? Que comptes-tu faire à présent..? » lui demande le Corbeau en se retournant.


« J'ai des projets... » se contente t-elle de lui répondre, accroupie sur la rive, en promenant ses doigts sur la surface lisse de l'eau.


« Et penses-tu que je puisse en faire partie..? »


La jeune femme se relève triomphante en cachant son visage qui n'exalte que joie. Le piège avait fonctionné... si facilement !

Elle se mord discrètement la lèvre inférieur, impatiente d'essayer son nouvel objet...


« Je suppose qu'il existe une réservation à mon nom dans les enfers... » se murmure t-elle à elle-même, réalisant son sadisme.


« Que dis-tu ? » ce rapproche l'homme.


« Sache que là où nous allons, il n'y a pas d'avenir... » le prévint le Renard.


La jeune femme se relève et savoure une nouvelle brise qui soulève sa chevelure au gré du vent en laissant ses bras grand ouvert pour un maximum de sensations.


« Et quel est notre destination ? » demande t-il les détails de l'épopée dont à présent il ferait parti.





« Le bout du monde... » souffle t-elle dans la brise en affichant une moue amusée.

Le Corbeau & Le RenardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant