Chapitre II : L'Embrasement

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Terre, 01h07 heure locale, territoire de l'UNA, quelque part dans un bar de New York.

Scott rajusta ses lunettes : le spectacle faisait presque peine à voir ; le bar était quasiment désert et ne contenait plus qu'une odeur de renfermé et un client bien imbibé qui roupillait la tête sur le comptoir. Après un rapide coup d'œil aux alentours, Scott alla s'asseoir au bar lui aussi.

Scott Feral, vingt-sept ans, avait depuis toujours travaillé pour l'armée de l'UNA ici sur Terre, mais ses designs s'étaient parfois retrouvés dans l'espace. Spécialisé dans la conception de Comet, il avait plus d'une fois fait parler de lui grâce à ses optimisations de maniement pour les pilotes. Ses designs étaient à la fois simples et intuitifs et de fait exigeaient juste un minimum d'expérience pour les nouveaux pilotes, mais restaient tout de même assez complets pour laisser une place à la virtuosité de certains vétérans.

Son meilleur ami et collègue était le légendaire John Ericson. Diplômé à vingt-deux ans de la plus prestigieuse école militaire de l'UNA, John n'avait eu aucun mal à se distinguer de par sa vivacité et ses capacités, aussi bien physiques que mentales. D'abord pilote de Comet, il fut successivement conseiller militaire et stratège avant de finalement redevenir pilote et chef d'escadrille à sa demande. Pour John, le pilotage était sa vie. Il maîtrisait toujours sa machine à la perfection et plus un combat durait et plus ses réflexes se faisaient vifs. Après plusieurs affrontements armés contre des rebelles de l'UNA et quelques interventions en soutien aux forces de la Fédération pour leurs propres indépendantistes, John fut élevé au rang de héros national, souvent appelé par le nom de « Captain New America ».

Après avoir commandé un verre, Scott posa sa main sur l'épaule de l'homme endormi au bar :

— Bon John. S'agirait d'y aller non ?

Émergeant à peine, John, l'esprit encore lourd, roula sa tête sur le côté pour voir le visage de son ami. La main qui ne tenait pas la bouteille d'alcool était encore refermée sur sa médaille, un bijou sur lequel était gravé son sobriquet et qu'il gardait toujours sur lui. Il émit alors un petit grognement affirmatif.

— T'es quand même pas croyable. Si les gens te voyaient. Regardez qui voilà ; à peine une heure du mat' et le Captain New America est bourré dans un bar. Même quand on était à l'école tu tenais mieux que ça.

John se redressa avec difficulté et attrapa son verre déjà à moitié vide.

— Qu'est-ce que tu fous là, Scott ? Je croyais qu'on en avait fini tous les deux. Y'a plus de place dans le monde pour les gens comme nous. Tu construis des armes et je les pilote. À l'heure actuelle, les gens comme nous sont vus comme des meurtriers. Si t'as le malheur de bousculer quelqu'un dans la rue t'es déjà un délinquant, alors les militaires...

— C'est vrai que ça fait un moment que les gens me regardent bizarrement quand je dis ce que fais. De nos jours, malgré les batailles à travers le monde, les soldats restent mal vus. Une habitude que les gens ont prise du temps où tout allait bien il faut croire. Et pourtant...

Il laissa la phrase en suspens pour être sûr d'avoir l'attention de son vieil ami. Celui-ci, tout en prenant une gorgée, lui adressa le regard interrogatif en coin que Scott lui connaissait bien.

— Pourtant, reprit-il, Neo Paris a été attaquée pas plus tard qu'hier.

— Qu'est-ce que tu veux que ça me foute ?

— D'après ce qui a transpiré, la Fédération aurait développé de nouvelles armes et l'attaque qui a eu lieu avait pour but de voler lesdites armes.

Projet Stolas I - Wings of MetalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant