Chapitre VII : Dans le Feu de la Bataille

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— Nicolas ? appela Valur à travers l'intercom. Nico' ! Réponds !

— Putain de merde ! cria Falke. Refaites chauffer mon Sigma, j'vais les crever !

— J'arrive, dit Davis en emboîtant le pas. Ces fils de putes vont payer !

Les deux pilotes montèrent dans leurs chasseurs et étaient déjà prêts à redécoller lorsque Bilge apparut sur leur console.

— Roth, Weiss. Restez à vos postes ! L'ennemi se replie et je vous interdis de le poursuivre !

— Mais amiral, protesta Davis. Nicolas a...

— Je sais ! Mais dans l'immédiat, il serait imprudent de les poursuivre. Peut-être s'agit-il d'un piège.

— Et peut-être qu'il s'agit juste qu'ils flippent leur mère ! explosa Falke. Et ils ont raison ; je vais les exploser !

— Falke ! dit Valur en apparaissant à son tour. Fais ce que dit l'amiral ! Sors de ce Sigma, c'est un ordre ! Dans ton état, tu serais imprudent et tu te ferais abattre.

— Mais... je...

Ses dents étaient serrées par la colère et l'impuissance.

— Putain ! cria-t-il en frappant sur le tableau de bord avant d'éteindre son appareil.

Une fois certain que les Alpheors ne revenaient pas à l'attaque, Bilge ordonna au Themios de rentrer. Une fois fait, Héliana, plutôt que d'en sortir, resta un long moment dans son cockpit. Elle se sentait tout d'un coup atrocement vide. Comme si toute son énergie vitale avait été aspirée lors de ce combat.

Nicolas avait été abattu. Par John. Par son amour de jeunesse. Nicolas, qu'elle connaissait depuis si longtemps, même si au fond, elle savait si peu de lui. Elle savait qu'il était doux, gentil, attentionné. Elle savait qu'il aimait le piano et les tartes aux framboises. Elle savait qu'il voulait être pilote civil pour découvrir les quatre coins de la Terre.

Et elle savait aussi que quelqu'un, sans doute plus qu'elle, allait avoir besoin de beaucoup de soutien.

Quand enfin elle sortit du cockpit par le filin qui lui permit d'atteindre le sol, elle fut accueillie par Falke et Davis. La colère de Davis avait fini par laisser entrevoir sur son visage un début de tristesse, mais Falke restait fulminant.

— Toi ! dit-il en attrapant fermement Héliana au col. Qu'est-ce que t'as foutu ? Comment t'as pu laisser Nicolas se faire abattre ?!

— Qu'est-ce que tu me veux ? se défendit Héliana avec agressivité. Tu me tiens responsable de ce qu'il s'est passé ?

— Tu étais avec lui ! Tu aurais pu le sauver !

Au fond, il disait vrai, et ces paroles firent d'autant plus mal à la Psytype qu'elle ressentait, en plus de sa propre colère et tristesse, celles du garçon.

— Mais tu crois que je l'ai voulu ou quoi ? explosa-t-elle en le faisant lâcher prise. Tu crois que je m'en fous ? Nicolas était mon ami aussi ! Et sa mort me pèse plus qu'à toi ! J'étais là ! Je l'ai vu ! Tu crois que ça ne me suffit pas ?

Coupant court au dialogue, elle commença à l'éloigner vers les vestiaires sans autre forme d'interaction sociale. Alors que Falke allait revenir à la charge, Davis le retint.

— Laisse, Falke. Laisse. Ça ne sert à rien, laisse-la.

Dans le vestiaire des pilotes, Valur et Vico étaient sous le choc. Ils étaient assis l'un face à l'autre, en silence. Parfois, leurs regards se croisaient, mais ils s'empressaient de les détourner. Ils refusaient d'y croire.

Projet Stolas I - Wings of MetalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant