Chapitre 15

39 3 0
                                    

Je me lève, mal à l'aise, sachant bien qu'ils ont de quoi de sérieux à lui annoncer. Je ramasse mes affaires, salut l'homme et Madame Gagné et quitte la chambre le plus vite possible.

J'ai à peu près traversé la moitié du corridor aux murs tristes lorsque je sens une main sur mon épaule. Je me retourne, Madame Gagné est là et me fait signe de la suivre. Elle et Olivier me demandent de rester, je m'approche d'Oli, qui sert tout à coup ma main très fort, je fais de même pour le rassurer. Je sens que j'ai les mains moites, je suis très nerveuse, comme si cette la nouvelle, c'est à moi qu'on l'annonçait.

Lorsque le diagnostique tombe, Oli, qui avait la plupart du temps gardé le sourire, est inconsolable, il ne cesse de pleurer. Sa mère vas vers le corridor, puis on l'entendu crier. Moi, je suis tout simplement figée, totalement incapable de réagir, incapable de réfléchir et encore moins capable de parler. Je tiens encore fermement sa main, sans même penser à la lâcher. Je me dis que le temps est trop court. Je cherche un miracle. J'ai du mal à respirer. Je m'assoie sur le lit et fixe la fenêtre pendant un long moment. J'entends encore Madame Gagné pleurer et crier. Pour la première fois de ma vie, quelqu'un avait des sentiments envers moi et c'était réciproque, maintenant je vais devoir lui dire ce que je ne veux pas dire à personne : au revoir.

Soudainement, je me rends compte que je suis entrain de penser à moi-même alors qu'Oli a besoin de moi. Il vient d'apprendre qu'il lui reste que quelques jours à vivre et c'est moi qui ne sais pas comment réagir. Je lâche sa main d'un coup. Je me lève et je commence à courir. Je sors de la chambre le plus vite possible sans même prendre mes trucs. Je cours dans les corridors de l'hôpital, sans regarder derrière. Je ne voie pas beaucoup, car j'ai les yeux plein d'eau. Je descends par les escaliers car je ne veux pas avoir à attendre l'ascenseur. Lorsque j'arrive enfin au rez-de-chaussée, je cours toujours. J'avance vers la porte et sors dehors. Le froid du début de l'automne sur mon visage me réveille. Je m'assoie sur le banc de parc près de l'entrée de l'hôpital, ferme mes yeux et crie le plus fort que je peux. Les passants me regardent d'une drôle de façon mais je m'en fiche. Je ne veux tout simplement pas perdre mon premier amour. Je pleure comme je ne l'ai jamais fait. Tout à coup, je sens une main sur mon épaule et des bras qui m'entourent. Je n'ai même pas à regarder qui c'est, je sais qu'il est là. Je réussi enfin à me calmer un peu. Je voudrais que jamais ce moment ne cesse. Je sais que maintenant, touts les petits moments comptent et resteront graver à tout jamais dans ma mémoire.


Si SeulementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant