Chapitre 16

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Si seulement...

Si seulement je pouvais le sauver.

Si seulement je pouvais prendre sa place.

Si seulement ce n'était qu'un rêve.

Malheureusement, en plaçant les pieds en dehors du lit ce matin, la triste vérité m'a rattrapée. J'ai pris une semaine de congé peut-être même deux, dépendamment de la vitesse à laquelle se déroulent les événements. Malgré ce temps sans cours, je ne me reposerai pas, je dois tout faire pour que les derniers moments soient parfaits. Je ne pensais jamais, à l'entrée des classes, que le beau bouclé allait me faire vivre tant d'émotions. De si belles émotions, mais des émotions qui me font si mal. J'espère que je vais réussir à apaiser un peu ses souffrances et à l'aider à trouver un petit coin de ciel bleu dans la tempête.

Je pars vers l'hôpital avec ma mère, sans même déjeuner. Je n'ai pas très faim depuis hier. Je n'ai rien avalé, du tout. Même si elle est inquiète, ma mère ne parle pas, elle sait que ça ne servira à rien et je crois qu'elle me comprend et qu'elle sait que je n'ai pas envi de discuter. Dans ma tête, je prépare ma réaction, ce que je vais dire, ce que je vais faire, je vous que tout soit parfait. Lorsqu'on arrive à l'hôpital, je m'arrête à la petite boutique. Je regarde touts les objets cherchant le parfait petit objet, celui qui le fera sourire. Sans trop savoir pourquoi, mon regard s'arrête sur un petit ourson en peluche. Il n'a rien de vraiment spécial mais je sens qu'il est réconfortant. Je décide donc de l'acheter. Je prends ensuite l'ascenseur. Mon cœur bat dans ma poitrine comme s'il voulait en sortir. J'essaie, sans trop de résultats, de me calmer. Lorsque j'arrive à la chambre d'Olivier, il est avec Jasmine, cette dernière pleure à chaudes larmes, comme si elle venait d'apprendre la nouvelle. J'hésite à entrer, de peur de les déranger. Lorsque Jasmine me voit, je la sens devenir mal à l'aise. J'entre, l'implore de rester et m'assoie sur le lit d'Olivier. Je cache l'ourson, je veux le lui donner lorsqu'on sera seul à seul. Pour essayer d'apaiser l'atmosphère, je lance :

-Et puis, comment ça vas Jasmine?

Je vois qu'elle est encore plus mal à l'aise qu'au moment où je suis arrivée. Je ne sais pas comment réagir. Elle répond, en bégayant :

-Je vais surement sortir la semaine prochaine, peut être la suivante. On peut dire que je vais vers la rémission.

-Wow, Jasmine! T'as pas à t'en vouloir, tous les jours y'a des gens qui naissent, d'autres qui meurent. T'es chanceuse, profite de la vie pour nous deux, répond Olivier, sur un seul souffle.

J'ai les yeux plein d'eau, Jasmine aussi, même plus que moi. Elle tremble. Je ne sais pas comment réagir, je voudrai seulement changer les choses. L'aider, elle aussi, à arrêter de souffrir parce qu'elle va vivre mais pas lui. Elle se lève, s'excuse et retourne vers sa chambre. Je prends la main d'Oli, il sourit, mais pas d'un sourire forcé, d'un vrai sourire, comme s'il pouvait être heureux dans un moment pareille.

-Je comprends, Laila, tu ne comprends pas pourquoi je suis heureux. Cette nuit, je n'ai pas vraiment dormi. J'ai pensé à la vie. Au début je me disais qu'il ne se passait jamais rien de bon sur cette terre, j'ai pensé à la souffrance et à la misère humaine. Puis je me suis dis, que malgré que dernièrement j'ai souffert, j'ai vécu de bons moments. Mon premier amour, toi, et puis, j'ai réappris à connaitre ma mère. Tu ne le sais peut être pas, mais elle est venu à tous les jours depuis la discussion. Et maintenant, l'annonce de Jasmine a confirmée que la vie n'est pas que noire. Il y a du bon et des gens qui s'en sortent. Oui, je suis déçu d'avoir à partir, mais c'est un nouveau voyage, un nouveau départ pour moi, oui, mais aussi pour toi et pour ma mère. Oui, je vais arrêter de vivre, mais aussi de souffrir. Arrête toi aussi de souffrir, essaie juste de profiter, avec moi, de mes derniers jours, de nos derniers instants.

-Pour tout te dire, ce matin, en me levant, je m'attendais à avoir à te ramasser à la petite cuillère. Finalement, c'est toi qui m'aide. Tu me fais des discours sur la philosophie de la vie. Je t'aime, je t'aime, puis non, je ne veux pas te perdre! Je... je t'aime!

-La seule chose qui me fait peur dans la mort, Laila, c'est la solitude. Moi aussi je t'aime. C'est certain que je ne veux pas te perdre, mais bon, ça vas arriver. Il faut s'y faire. Profitons-en pendant qu'il est encore temps.

Je décide alors que c'est le bon moment pour lui offrir l'ourson. Je le sort de mon sac à main et le dépose sur ses genoux. Il le prend, s'avance comme pour m'embrasser, regarde ses genoux et éclate de rire. Je regarde, et c'est que je me rends compte de mon erreur. En sortant l'ourson de mon sac j'ai aussi sorti une serviette hygiénique. Je la prends le plus vite possible. Je crois même que je rougi. Lorsque je me rends compte du non sérieux de la situation, je commence moi aussi à rire. Je me rends compte que se n'est pas des moments remplies d'émotions tristes qui resteront gravé dans nos mémoires mais des moments comme ceux-là. Il me le confirme aussi. Lorsqu'on réussi enfin à arrêter de rire, je m'approche de lui et il fait de même. Nous nous embrassons, comme si c'étais vraiment la dernière fois.

Si SeulementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant