C'est un mage ton pote ?

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— Dépêche toi ! . Julian se déplaçait trop vite pour Slad. Alors que le jeune homme peinait et s'essoufflait dans cette course effrénée, le petit rondouillard donnait presque l'impression de voler de toit en toit.

Bon sang comment fait il ce lourdaud !  pensa Slad alors qu'il se hissait en grognant sur le toit d'une maison.

— Allez encore un effort petit !!! 

La voix venait de loin. Julian l'avait distancé.

Le garçon redoubla d'effort, puisant dans ses dernières réserves.

La volonté aidant, il parvint à réduire la distance le séparant de l'incroyable Julian.

Au final, c'est ensemble qu'ils parvinrent à leur destination, une masure délabrée dans les quartiers chauds de la ville.

— C'est maintenant que vous arrivez fainéants !

Zed les toisait, assis en surplomb, sur le toit de la cahute.

Julian se mit à rire de bon cœur.

— T'es vraiment pas possible Zed ! Là je croyais vraiment t'avoir perdu !

— Tss, voila une des raisons pour laquelle on parle toujours de Zed et son compagnon et non l'inverse.

— Un point pour toi, vieille charogne. Mais faudra vraiment que tu nous racontes comment tu as fait pour échapper à ce Gahzinth.

— Promis, mais pour l'heure nous avons de la route à faire.

Zed bondit du toit avec une grâce surprenante. Il entra le premier dans la cabane abandonnée.

— Bon Julian, tu nous le fait venir ce portail ou pas ?

Après s'être copieusement décrotté le nez, et collé le fruit de sa collecte dans le dos de Slad, Julian se mit à incanter.

Le visage de Julian perdait de sa bonhomie enfantine au fur et à mesure qu'il prononçait ces phonèmes d'un autre âge, qui n'étaient pour Slad qu'une logorrhée verbale incompréhensible. Slad s'écarta quelque peu de Julian tout en gardant ses yeux fixés sur lui.

— Pourquoi bouge t-il les mains à cette vitesse ? demanda t-il à Zed.

Celui-ci, qui se tenait derrière Slad, ne répondit pas. Un léger brouillard de fines particules orangées commençait à se former autour des mains de Julian.

— Comment fait-il pour faire ça ? C'est un mage ton pote ou quoi ? réitéra t-il à Zed.

Mais Zed restait toujours silencieux.

C'est alors que Slad ressentit une impression de vide glacé dans son dos. Il se retourna et vit Zed qui à son tour agitait ses longs bras en arcs de cercle comme pour représenter un symbole dont Slad ignorait aussi bien la forme que la signification. Ses gestes étaient cependant moins rapides et plus calmes que ceux de Julian qui s'amplifiaient progressivement.

La température commençait sérieusement à augmenter autour de Julian. La lumière s'intensifiait. L'interaction rapide des fines particules commençait à former un disque devant lui.

Avec toute cette lumière, s'il continue comme ça, il va finir par nous faire repérer, s'inquiétait Slad.

Anxieux, il se retourna et s'avança vers l'entrée de la cabane pour jeter un oeil à l'extérieur ; mais Zed, qui se tenait à ses côtés l'arrêta net d'un rapide mouvement du bras gauche.

— Ne crains rien, on sait ce qu'on fait » ajouta ce dernier sans même le regarder.

Tout en observant autour de lui, Slad fut surpris de constater que la lumière et la source de chaleur semblaient mystérieusement délimités dans un faible périmètre au centre de la pièce dans lequel les trois hommes se trouvaient. Ce petit périmètre plutôt circulaire ne semblaient pas s'étendre au-delà de Zed. La longue chevelure de celui-ci s'agitait chaotiquement dans les airs tout comme sa longue cape de lin.

La lumière et la chaleur devenaient de plus en plus insupportables pour Slad.

— Vous auriez pu me dire d'apporter ma graisse de Dempoo ; j'aurais pu bronzer ! dit-il ironiquement. Surtout avec la graisse de ces volatiles qui volent au dessus des cités à la recherche de fumées nourrissantes. Vous ne vous amusiez pas à les chasser quand vous étiez plus jeunes ? On attendait qu'ils tombent du ciel par surcharge pondérale et viennent s'écraser les toits des plus hautes bâtisses des cités, près des rejets de fumées. Mon frère ne jurait que par les Gras de ciel !

— Plus tard l'album de famille ! Rentre là-dedans, et vite ! Sinon, à rester planté là, c'est toi qui va faire du gras ! Julian venait de se retourner vers Slad et le tirait par le bras en lui indiquant le portail d'énergie juste derrière lui.

Slad, surpris, hésita. Il reçut un coup de pied dans le dos qui le projeta directement à l'intérieur du portail.

SLADOù les histoires vivent. Découvrez maintenant