Heal Me (SOUS CONTRAT D'EDITION)

Chapitre 4

Je ne sais pas comment cette journée a pu tourner aussi rapidement au désastre. 

Elle semblait pourtant avoir bien démarrée. J'étais censée passer un jour bien comme les autres, tout à fait banal, comme j'avais l'habitude d'en vivre depuis toujours. D'ailleurs, j'adore la banalité mais elle a tendance à me fuir plus que de raison. Si Dieu existe, j'aimerais bien avoir l'occasion de lui dire ses quatre vérités. J'aimerais bien qu'il me foute la paix avec ces aventures à deux balles. Mais je ne devrais pas vraiment m'inquiéter de ça pour le moment. Le fait est que je suis là, debout derrière la caisse du supermarché dans lequel je travaille, et que j'ai une arme braquée sur moi. J'imagine que se poser des questions sur le sens de la vie à l'heure actuelle ne m'aidera pas vraiment à me sortir de cette situation.

En fait non, je dois avouer que cette journée n'avait pas si bien commencé que ça. Lorsque j'ai émergé de mon sommeil chaotique à 7h du matin, j'ai immédiatement maudit mon frère de m'avoir fait lever au beau milieu de la nuit pour aller le chercher à une fête débile. Même la douche n'est pas parvenue à faire passer ma fatigue, peut être parce que j'étais beaucoup plus nerveuse et tendue que d'habitude. 

Cela s'est un peu amélioré quand je suis arrivée sur mon lieu de travail. Je bosse dans cette supérette depuis plus de deux ans maintenant. Il s'agit d'un petit job étudiant que je suis parvenue à décrocher lors de ma première année d'étude et le magasin se situe à une distance raisonnable de chez moi. Je suis une simple caissière, ce qui ne paye pas de mine et qui n'est pas très valorisant, mais cela me permet de me faire un peu d'argent de poche supplémentaire pour mes dépenses mensuelles.

J'ai pris mon service à 8h jusqu'à ma pause de 14h pour m'y remettre une heure plus tard. Mais c'est exactement vers 17h que le début des emmerdes a commencé. 

J'étais tranquillement en train de finir de servir Mme Grela. Cette petite vieille est plutôt amusante. Je ne la vois jamais venir acheter autre chose que de la nourriture pour chat à croire qu'elle, elle ne mange rien. Je lui ai rendu sa monnaie en la saluant et me suis tournée vers le client suivant, poussée par un automatisme bien rodé. J'ai alors immédiatement eu la sensation de me prendre une douche froide de plein fouet. Eden Williams avait posé un paquet de cigarettes et un coca sur mon tapis et, vu son air, il ne semblait pas s'attendre à me voir ici non plus.

« Bordel de merde, qu'est-ce que tu fous là ? » s'est-il immédiatement énervé.

Ses poings se sont serrés, comme sous le coup de la colère. Pourtant, son visage reflétait une toute autre expression. Un mélange d'étonnement, de doute, d'inquiétude et de mécontentement. Ces yeux gris reflétaient exactement la même confusion et je n'ai pas su m'empêcher de rougir, à mon plus grand regret. 

Je n'étais en réalité pas parvenue à sortir ce type de mes pensées de toute la matinée. J'avais même rêvé de lui durant la nuit ! Moi qui espérais ne plus jamais avoir à le revoir de ma vie, c'était plutôt raté ! 

J'ai tenté de me reprendre rapidement et me suis empressée de scanner ses achats :

« Je travaille ici figure toi. C'est plutôt à toi qu'il faudrait poser la question. Tu me suis ou quoi ? » me suis-je moquée en faisant le total.

En deux ans, je ne l'avais effectivement jamais vu venir acheter quoi que ce soit ici. Surtout qu'il existe des magasins beaucoup plus proche de là où il habite. En même temps, je le voyais mal pourchasser une fille qu'il avait rencontré la veille et qui lui avait, de plus, fait très mauvaise impression. Ce type avait plutôt l'air de se foutre de tout et de tout le monde encore plus probablement des gonzesses. Dès lors, l'idée même qu'il puisse avoir envie de me suivre relevait de la pure comédie. Dommage, cela m'aurait peut être un petit peu plu...