Chapitre 12

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Il est 19h50. Je trépigne d'impatience comme une lycéenne attendant de partir à son bal de promo. C'est affligeant. Bien évidemment, mon après-midi a été totalement improductif. Je ne suis pas parvenue à me concentrer sur mes feuilles plus de dix minutes en tout et pour tout. Même mon heure de jogging ne m'a pas calmée. J'avais apparemment oublié à quel point les mecs nous rendaient tarées, nous les filles. Autant de faiblesse, c'est désolant.

La partie habillage, maquillage et coiffure s'est avérée plus simple que ce à quoi je m'attendais cependant. Je ne suis définitivement pas Helen puisque je suis totalement incapable d'appliquer un trait d'eye-liner sur mes paupières sans m'enfoncer le pinceau dans l'œil toutes les deux secondes et je n'ai donc même pas essayé de me maquiller. Je ne le fais jamais de toute façon, ce n'est pas plus mal. J'ai simplement attaché mes cheveux avec une pince et j'ai opté pour un pantalon noir et un chemisier blanc des plus banals. S'il s'attend à me voir sortir en robe de soirée, il va être déçu. Personnellement, je suis plutôt du genre à penser que si les conventions me permettaient de m'habiller comme je le voulais en toute circonstance, je passerais ma vie en pyjama. Eden peut s'avérer heureux que j'ai au moins fait l'effort de ne pas mettre un de mes habituels pulls à capuche et pantalons de sport.

L'horloge de mon Iphone affiche enfin 20h. Je me dépêche d'aller dire au revoir à ma mère qui regarde la télé dans le salon. J'ai inventé que Dim venait me chercher et que nous allions regarder un film chez lui. Ce n'est pas vraiment loin de la vérité à part que Dim sera en fait Eden et que je vais au cinéma. Mes parents adorent Dimitri et ils ne font jamais aucune remarque quand je passe mes soirées avec lui. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'ils ne réagiraient pas de la même façon s'il rencontrait Eden... 

Je m'empresse d'aller enfiler ma veste en cuir et mon écharpe puis sors de la maison avant qu'une catastrophe n'ait lieu. Pile au moment où je claque la porte, le garçon aux yeux gris apparaît comme par magie au pied des marches du perron. Le connaissant, il aurait sonné. Il se soucie bien évidemment peu de savoir si ça m'attirerait des ennuis ou non. En me voyant, je le vois esquisser un sourire franc. Cette simple petite mimique me retourne l'estomac.

« Pile à l'heure. »

Je dégringole le petit escalier pour arriver à sa hauteur.

« Toujours ! »

Et c'est vrai, j'ai horreur d'être en retard. Ben me dit souvent que je suis née avec une horloge dans le cul.

« Tu ne me présentes pas? »

J'avais raison, ce malade est prêt à rencontrer mes parents juste pour m'emmerder.

« Même pas en rêve. »

Il rit tandis que je le tire par le bras pour l'éloigner le plus vite possible de ma maison. Arrivés à sa voiture, je le lâche et m'installe à l'intérieur sans attendre sa permission. Il ne dit rien et entre à son tour.

« Tes parents ne m'aimeraient pas ? » demande-t-il en démarrant.

Je roule des yeux à l'entente de cette question stupide.

« T'as vu ta tête ou quoi ? » le taquiné-je.

Il ne répond rien mais son sourire en coin m'indique qu'il ne le prend pas mal. En réalité, je ne sais pas comment ma mère et mon père réagiraient en le voyant. Il n'a clairement pas le look BCBG qui leur plait mais il ne ressemble pas non plus à un truand. Au premier regard, ils ne pourront pas savoir qu'il est dealer ou pire qu'il a un casier. Par contre, s'ils l'apprennent, là je ne donne pas chair de sa peau, ni de la mienne. C'est mieux pour tout le monde si Eden reste bien à l'écart de ma famille pour le moment. En fait, ce serait même mieux qu'il ne les rencontre jamais. Il comprendrait immédiatement que toute cette perfection n'est qu'une foutue façade.

Heal Me (SOUS CONTRAT D'EDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant