Heal Me (SOUS CONTRAT D'EDITION)

Chapitre 9

Vous n'imaginez même pas le cirque que m'ont fait les filles le lendemain. J'ai eu droit à un interrogatoire musclé, c'est le moins que l'on puisse dire. 

Juste pour les faire mariner un peu, je suis restée parfaitement muette jusqu'à l'heure du dîner, résistant même à  leurs regards courroucés et à leurs moues contrariées durant nos quatre premières heures de cours. Mais après ça, j'ai malheureusement compris qu'elles ne me laisseraient jamais tranquille à moins que je ne leur raconte toute l'histoire. J'ai donc commencé par le début mais me suis très rapidement rendue compte qu'il n'y avait, en réalité, pas grand chose à raconter. 

Je l'ai vu dix minutes à une fête, cinq minutes au supermarché et une heure dans un bar. Définitivement pas de quoi en faire tout un plat. Pourtant c'était bien de cela qu'il s'agissait, elles en faisaient justement tout un plat. J'ai laissé l'histoire du casier judiciaire de côté, ne me demandez pas pourquoi je n'en ai aucune idée, puis quand j'ai eu fini mon discours, en précisant qu'Eden m'avait laissé son numéro, là c'est complètement parti en vrille. J'avais d'un côté Kim qui faisait des bonds sur sa chaise comme un supporter devant un match de football, de l'autre Jess qui me traitait d'idiote de ne pas vouloir l'appeler tandis qu'Helen, elle, s'extasiait sur le fait qu'il était sexy en diable et voulait savoir si j'étais prête à partager. Les gonzesses, je vous jure. J'ai coupé court à la conversation en précisant que je ne voulais plus entendre parler de ce type et que de toute façon, il n'était pas mon genre et ne m'intéressait en aucune manière.

Faux. Faux. Faux. Archi faux. Qui sur cette terre pourrait ne pas être sensible au charme d'Eden Williams ? Pas moi de tout évidence. Pourtant, j'ai bel et bien décidé de ne plus le revoir. Il me fait perdre tous mes moyens et je déteste ça. En plus, je connais trop bien ce genre de type que pour savoir qu'il ne m'arriverait que des emmerdes si je décidais de traîner avec lui. Je n'ai pas besoin d'un voyou cruel dans ma vie pas vrai ? En tout cas, c'est ce dont j'essaye de me convaincre depuis deux jours. 

 En y réfléchissant et en prenant du recul, je me suis rendue compte que j'ai agi comme une décérébrée en sa présence. A croire que mon cerveau se déconnecte totalement de la réalité quand il est dans les parages et cette idée me terrifie grandement. J'ai toujours été très indépendante, refusant la plupart du temps que n'importe qui d'autre que moi ait une influence sur ma vie, et je suis bien décidée à ne laisser Eden n'en avoir absolument aucune. Mais malgré tout, cette décision me fout le bourdon. J'ai beau savoir que cela n'a aucun sens de déprimer et que j'ai pris la bonne décision, je ne parviens pas à me le sortir de la tête, lui et sa foutue gueule d'ange à la con. 

J'imagine que mon agacement doit commencer à se lire sur mon visage parce que Jess vient de me proposer de sortir ce soir.

« Je sais pas trop... » marmonné-je en refermant un peu trop sèchement le livre que j'étais en train de lire.

Nous sommes installées à notre place habituelle dans la bibliothèque de la faculté. Le silence est requis dans cette partie du bâtiment mais nous avons pris l'habitude de déroger à cette règle dès qu'un cas de force majeur se présente et a besoin d'être discuté. Le meilleur exemple à ces manquements au règlement étant nos soirées entre copines organisées à la dernière minute.

« Allez Kate ! On est vendredi et tu as dit que tu ne travaillais pas demain ! »

Encore heureux ! Je ne suis pas du tout prête à reprendre mon job de caissière mais par chance, Patrick l'a très vite compris. Il m'a donné mon week-end de congé, payé en plus de ça, et je ne recommencerai à bosser que la semaine prochaine.