Heal Me (SOUS CONTRAT D'EDITION)

Chapitre 16

« A ton tour. »

Eden retire les gants avant de s'essuyer le front du revers de la main. Il a l'air calme et serein à présent mais je ne suis toujours pas convaincue par son idée. Je me redresse en grimaçant et m'avance vers lui de mauvaise grâce.

« T'avais l'air contrarié. » commenté-je en le laissant me réarnacher.

Il me lance son sourire ravageur en scratchant la dernière lanière.

« Ce qui compte c'est que, maintenant, je ne le suis plus. »

J'hausse un sourcil en analysant scrupuleusement ses traits. Il ne ment pas. Il semble totalement zen à présent ce qui, le connaissant, tient du miracle.

« Je ne suis pas contrariée, moi. »

« C'est pas l'impression que j'ai eue quand tu m'as appelé hier. »

Je le fusille du regard mais il ignore mon mécontentement et me pousse vers le sac. Je crois bien que je vais devoir m'y coller. Aucune chance de le faire changer d'avis quand il affiche cet air déterminé.

« T'es gauchère ou droitière ? »

« Droitière. »

« Alors mets ton pied gauche en avant. »

Je m'exécute, attentive à ses conseils. Eden tourne autour de moi en scrutant ma posture.

« Quand tu frappes tu dois engager tout ton torse et tes hanches en même temps que ton bras. Ca te donnera plus de puissance. Tape à hauteur de visage et serre tes abdos, enfin si tu en as. »

Oh mais je rêve. Il fait de l'humour maintenant.

« Fais encore une vanne sur mon physique et je te casse les dents, Williams. »

Il éclate de rire tandis que je donne mon premier coup. Le choc se répercute jusque dans mon épaule. Ce n'est pas vraiment désagréable. Ca défoule. Je frappe encore quelques fois le cuir sans vraiment m'en rendre compte. Ce n'est pas si mal finalement. C'est même plus amusant que ce que je croyais. Après quelques minutes, je fais une pause pour reprendre un peu mon souffle. Le regard d'Eden s'est adouci, je n'ai pas l'impression qu'il va encore se moquer de moi. Il se tient à quelques pas de moi, les bras croisés sur sa poitrine.

« Tu te débrouilles pas trop mal. » me taquine-t-il.

J'hausse les épaules en sautillant sur place à la manière d'une parfaite boxeuse ce qui le fait sourire une fois de plus. Il est de bonne humeur aujourd'hui, il faut vraiment que j'en profite.

« Je cogne pas aussi fort que toi. »

« Encore heureux ! »

Je m'apprête à recommencer quand une question me traverse l'esprit.

« A quoi tu penses ? Je veux dire... Quand tu frappes, à quoi est-ce que tu penses ? »

Je ne sais pas s'il va me répondre et vu sa tête, je crois qu'il ne le sait pas non plus. Son regard se perd quelque part derrière mon épaule. Il doit probablement se demander s'il a envie de partager ses secrets avec moi ou si c'est raisonnable. Ou peut être qu'il est en train de faire un tri entre les choses qu'il veut me dire et celles qu'il ne veut pas partager avec moi. En fait, cela ne me regarde surement pas. J'aurais mieux fait de me taire encore une fois.

« Je pense aux trucs qui me foutent en rogne et aux situations dans lesquelles je me suis senti faible. Je... Je pense à mes erreurs. »

Je reste sans voix, tentant d'imaginer à quelles erreurs il fait référence. Son casier judiciaire peut être, à moins qu'il s'en moque, je n'en sais rien. Je me demande brusquement s'il me considère comme une erreur. C'est possible. Nos chemins n'auraient jamais du se croiser après tout et il me repousse à chaque fois que je fais un pas de trop dans sa direction, me donnant parfois l'impression qu'il regrette de me laisser entrer dans sa vie. Alors oui, je suis peut être son erreur. Ce dont je suis sûre en tout cas, c'est que lui, il est la mienne.