Heal Me (SOUS CONTRAT D'EDITION)

Chapitre 15

En rentrant, je passe au moins une demi-heure à rassurer ma mère sur mon état. Au moindre dérapage je dois toujours me battre pour qu'elle arrête de flipper et elle n'a pas l'air de vouloir me lâcher la grappe. Heureusement, j'ai développé un talent certain pour le mensonge. J'invente qu'après le commissariat j'ai du remonter au campus parce que j'avais accidentellement embarqué le classeur d'Helen après notre dernier cours et qu'elle en avait besoin immédiatement. Je ne sais pas si elle est dupe, j'ai quand même passé une heure à pleurer et mes yeux en témoignent, mais elle finit par arrêter de me reprocher mon irresponsabilité et je disparais dans ma chambre sans attendre mon reste. 

Je regarde l'heure à mon horloge en espérant qu'il ne soit pas trop tard pour rappeler Eden. Il me reste exactement cinq minutes avant que son ultimatum n'expire. Je me précipite sur mon téléphone. Il décroche après trois tonalités.

« Dis moi que tu n'es pas encore monté dans ta voiture ou pire, que tu n'es pas sur le point de frapper à ma porte. »

Il rit dans le combiné et le poids qui oppresse ma poitrine s'allège instantanément.

« J'enfilais ma veste. Tu as de la chance. »

Je soupire en allant m'asseoir sur mon lit. Je viens de passer devant ma coiffeuse et mon visage ressemble exactement à ceux des cadavres du film d'horreur que nous sommes allés voir samedi. Impossible que ma génitrice ait gobé mes salades sur ce coup. Je me laisse tomber dans les coussins, exténuée.

« T'es vraiment un grand malade. »

« Je m'inquiétais pour toi, c'est tout. »

Je m'étonne de n'entendre aucune note d'amusement dans sa voix. Je crois qu'il est sincère ce qui est plus qu'étrange venant de sa part. Je cogite sur ces paroles sans lui répondre. S'il s'inquiète, c'est qu'il tient un peu à moi, non ? Il est peut être capable de sentiment tout compte fait.

« Tu comptes me dire ce qui se passe ou tu préfères que je vienne te torturer pour avoir des informations ? »

C'est à mon tour de rire et ça me fait un bien fou. L'espace d'un instant j'oublie tout ce qui ne tourne pas rond dans ma vie. L'espace d'une seconde, il n'y a plus que ce moment qui compte. Mon rire au téléphone et le souffle d'Eden résonnant à mon oreille. C'est simple. Trop simple. La dure réalité me revient trop rapidement à l'esprit. Je ne veux pas lui dire. Parler de ce qui s'est passé au commissariat me conduirait forcément à parler de la crise qui m'a prise dans la voiture et cette crise est beaucoup trop liée à mon passé. Un passé que je n'ai absolument pas envie de partager avec lui. Ou plutôt que je ne peux pas partager avec lui. Pourquoi a-t-il fallu que je me trompe de numéro bon sang ?

« Mmmh je crois que je préfère que tu viennes me torturer. »

Bien joué, Kate. C'était vraiment le truc à dire. La scène de la voiture me revient immédiatement en tête et je rougis comme une idiote.

« Tu ne devrais pas me tenter. Tu sais parfaitement de quoi je suis capable. »

Je roule des yeux en m'esclaffant.

« Prétentieux. »

« Ne me vexe pas ! »

Je ris encore.

« Et si au lieu de ça, tu me disais plutôt ce qu'on va faire demain ? Enfin... si ça tient toujours. »

Est-ce que ça tient toujours ? Le connaissant, il est tout à fait capable de m'envoyer balader à la dernière minute. Ou peut être qu'il avait carrément oublié...