Chapitre 11

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Une semaine. Une semaine est passée depuis la soirée au Brands. Une semaine de merde, ça je peux vous le dire. En soit, entre le temps épouvantable de ce mois de Mars et l'énorme retard que j'ai accumulé dans mes cours, mon humeur ne pouvait déjà qu'être mauvaise. Sauf qu'elle a carrément viré à l'exécrable au fil des jours. 

Je n'ai eu aucune nouvelle d'Eden. Pas un coup de fil, pas un sms, aucune apparition inattendue après mes cours. Rien. J'imagine qu'il a pris le « Sors de ma vie ! » au pied de la lettre. J'aurais simplement voulu qu'il se donne cette peine avant de m'embrasser. Maintenant, je n'arrive juste plus à penser à autre chose qu'à ses mains partout sur mon corps et ça me donne l'atroce sensation de devenir folle, en admettant que je ne le sois pas déjà.

J'en veux aux filles. Beaucoup. Après tout rien de cela ne se serait produit si elles ne s'étaient pas mêlées de mes affaires. Je crois qu'elles ont bien compris que j'étais en colère puisque je ne me suis remise à leur parler qu'à notre cours d'anglais, le jeudi matin. Enfin, si les monosyllabes comptent. Je sais parfaitement que quand mon mécontentement s'atténuera un peu je serai plus encline à leur pardonner. Mais en attendant, elles méritent bien que je les fasse tergiverser un peu et puis, j'aime bien les entendre s'excuser à longueur de journée.

Tout ça pour dire que je suis heureuse de voir le week-end arriver. Il est 17h30 quand je rentre à la maison après ce vendredi de cours interminable. Je vais vite enfiler ma tenue de sport et dire bonjour à ma mère avant d'enfoncer mes écouteurs dans mes oreilles et de sortir par le jardin. Depuis le début de la semaine, mes séances de jogging se sont considérablement allongées et c'est clairement dû au fait qu'il n'y a que quand je cours que je parviens à ne penser à rien. La musique m'aide aussi, même si j'ai déjà définitivement ôté de mes playlist toutes les chansons d'Imagine Dragons...

Mon comportement est ridicule, puéril et incompréhensible. J'agis comme une ado de quatorze ans après une rupture amoureuse sauf qu'ici, il n'y a pas de rupture qui tienne. Je n'étais amoureuse de personne, on ne peut même pas dire que j'ai perdu un ami. Non, cela n'a absolument rien avoir. Mais le problème, c'est que je ressens bel et bien quelque chose. 

Quand je pense à Eden, mes muscles se crispent douloureusement de toute part et j'ai beau savoir que cela ne se rapporte à aucun véritable sentiment, je ne peux m'empêcher de ressentir un manque physique insupportable à son sujet. Les sensations qui m'ont envahie quand il m'a embrassé, quand il m'a touché, je ne les avais jamais ressentie auparavant et lorsque je repense à ce moment, mon corps s'enflamme toujours de la même façon.  Le problème c'est que je me souviens aussi douloureusement du regard glacial qu'il m'a lancé et de l'air d'indifférence qu'il a pris en me repoussant. Et je ne parviens définitivement pas à m'empêcher d'avoir mal. 

Si seulement il n'avait pas mis les pieds dans ce bar... Si seulement mon frère n'était pas allé à cette soirée... Merde Kate ! Arrête de penser !

Je me plie en deux, mains sur les genoux lorsque j'ai fini mon tour. J'ai couru pendant plus d'une heure et cette fois, je ne suis pas parvenue à faire le vide. Rageuse, j'envoie valser mes chaussures de sport dans l'entrée avant de monter dans ma chambre. Je suis dégoulinante de sueur, une bonne douche s'impose. En récupérant ma serviette sur la commode, mon Iphone se met à vibrer sur le bureau. J'hésite à le laisser sonner et à directement foncer dans la salle de bain, puisque cette perspective m'enchante, mais il se pourrait que ce soit Patrick ou encore l'officier Parrish. Je n'ai toujours eu aucune nouvelle du poste de police et, à mon avis, ils n'ont toujours aucune piste mais je m'en voudrais de rater une information importante. Je finis donc par m'approcher de la table mais me fige en voyant le nom affiché sur l'écran de mon portable. 

Eden Williams. Je roule des yeux, terriblement agacée. Génial, il ne manquait vraiment plus que ça. Je sais que je devrais l'ignorer et surtout bloquer ce foutu numéro mais c'est plus fort que moi, je tends la main et je décroche, le cœur au bord des lèvres, prête à l'incendier et à le traiter de tous les noms.

Heal Me (SOUS CONTRAT D'EDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant