Prologue

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«Laissez-les tranquilles ! Je vous en prie !»

Elle voyait ses enfants sous le joug d'une arme de poing. L'homme en face d'elle esquissa un sourire malveillant.

«Quel âge ont-ils Angèle ? 8 et 12 ans ? Même pas !»

La jeune femme ne répondit pas et défia son agresseur du regard. Elle voulait depuis longtemps tourner la page de son passé et vivre une vraie vie avec ses enfants.

«De toute façon, ce ne sont pas ta vraie progéniture. On le sait. Tu crois pouvoir te cacher de nous, mais on te trouvera toujours, où que tu sois. Ne joue pas à la plus maligne, tu sais que tu vas perdre alors facilite nous la tâche.»

Elle ne répondit toujours pas. Ses enfants sanglotaient derrière l'homme. Elle voulait se précipiter auprès d'eux et leur dire que tout ira bien, comme toujours. Elle s'était démenée pour leur permettre de vivre le mieux possible. Les élever n'avait pas été facile, mais elle avait essayé tant bien que mal à leur prodiguer la meilleure éducation qu'il soit.

«Maman !» cria l'un d'eux

«Maman ...!»

De cette moquerie, Angèle voulut bondir pour s'occuper du ravisseur. Le ton qu'il avait employé était tout sauf gentil, mais elle savait qu'ils ne lui voulaient pas du bien de toute manière.

«Écoutez moi bien. Vous allez laisser ces pauvres enfants tranquilles. Ils n'ont rien fait et c'est après moi que vous en avez. Alors laisser-les, prenez ce pour quoi vous êtes venus et laissez nous seuls.»

- Mais c'est toi que l'on veut ma chère ! Tu viens avec nous, et on laisse ces bouts-de-choux en paix. C'est aussi simple que cela.

Angèle soupira. Elle ne voulait pas que ses enfants la voit soumise, mais elle devait se plier au terme du contrat. Elle n'avait pas le choix, si elle les voulait en sécurité. Après une longue respiration, elle se résigna.

« Très bien. Laissez moi quelques secondes, le temps que j'aille chercher mes affaires et les leurs, et que je prévienne une amie pour les garder. Ils ne vont pas rester seuls, et ils vont partir avant moi. C'est ma seule condition.»

- Très bien, mais Manhakiel va t'accompagner.

Ce dernier hocha la tête, en signe d'approbation et regarda Angèle d'un air inquiétant.

« Rien de personnel ne t'inquiète pas. Mais n'étant pas humaine, tu ne devrais pas avoir grand chose à récupérer... À moins que tu t'es soudainement prise d'affection à la pauvreté de ces êtres inférieurs !»

Elle en avait trop entendu. Elle se leva d'un bond et décocha un coup de poing dans le ventre de son interlocuteur. Les enfants, abasourdis, regardaient leur mère se battre contre leurs ravisseurs, mais le plus âgé des deux prit le cadet par le bras, l'emmena dans une pièce adjacente et ferma la porte à double tour. Quand Angèle vit ce que son fils avait fait, elle fut prise d'un courage soudain. Elle se jeta dans la cuisine, prit un couteau et le lança à travers la pièce. L'objectif atteint, l'arme vint se figer dans l'épaule d'un de ses adversaires, lequel gémit, avant de retirer l'objet tranchant de son membre supérieur. Le sang coulait de sa blessure. Pourtant elle ne lui fit pas mal, ni même broncher. Mais durant ce court laps de temps, la jeune femme réussit à courir vers les escaliers. Quatre à quatre, elle monta vers l'étage, où elle se précipita dans sa chambre, ses agresseurs aux talons, avant de saisir avec force les poignées d'un placard. Son regard chercha un petit coffret nacré aux reflets rouges orné d'arabesques dorées. Elle sortit tous ses vêtements de l'armoire et les jeta en arrière, dans la figure de ses poursuivants, lesquels grondèrent face à cette insolence. Angèle réussit cependant à trouver ce qu'elle cherchait et s'en saisit. Elle se retourna pour faire face à ses ravisseurs coléreux. Un sourire sournois se dessina sur ses lèvres et d'un air provocateur, elle ouvrit la boîte.

«Crois-tu un seul instant que tout ceci nous fait peur ? Tu te trompes !»

- Je sais, je sais. Mais ce n'est pas de cela que vous devriez vous méfier. C'est de moi !

D'un seul geste, elle agrippa l'objet du coffret et dessina un grand arc de cercle autour d'elle grâce à une petite lame argentée. Dans un même élan, elle attaqua l'un de ses adversaires. Tous avaient dans leur main la même lame, et étaient prêts à riposter. Cependant, Angèle était trop rapide pour eux et ils n'eurent pas le temps de comprendre ce qu'il se passait. Dans une sorte de chorégraphie, elle enchaînait les esquives et les coups portés. En tapant dans l'épaule de Manhakiel elle parvint à le désarmer, avant de le poignarder dans la nuque et d'enlever d'un coup sec sa lame céleste. Elle laissa le corps et s'occupa du deuxième ravisseur ; même technique, même résultat. Enfin, le dernier, blessé par une des attaques d'Angèle, se tenait le flanc, là où il avait été touché. De sa blessure émanait un rayon d'un blanc éclatant et un son aigu. Agonisant, il fixait la jeune femme d'un regard haineux.

«Je reviendrai te chercher, même si je dois y rester. Je te le jure. Tous reviendront pour toi. Tu ne fais que retarder l'échéance, mais tu sais ce qu'il va se produire. C'est inévitable. Nous ne sommes pas les seuls à te vouloir de retour Angèle...Réfléchis-y bien.»

Elle ne répondit rien et Hazahim se volatilisa dans un petit vent puissant, qui fit voler quelques papiers posés ici et là. Elle soupira. Un guerre... C'est tout ce qu'elle ne voulait pas. Elle avait réussi à faire quelque chose de bien sur Terre, à aider les humains, à faire la charité, même à élever des enfants.

«Bon sang ! Georges et Maggie !»

Prise d'un coup d'adrénaline, elle lâcha sa lame céleste et se précipita dans les escaliers, en manquant de glisser lors des dernières marches. Mais avant de rassurer ses enfants, son regard se porta dans le salon, contigu à la cuisine. C'est pas vrai... pensa-t-elle. En effet, une mare et des traînées de sang avaient tachées le tapis du séjour et le carrelage n'était pas dans un meilleur état de propreté.
Elle prit soin à ne pas marcher dans le liquide rougeâtre et déchira quelques feuilles d'absorbants. C'est après avoir utilisé plusieurs rouleaux que le sol était à peu de chose près présentable. Elle veilla à bien cacher les feuilles usagées dans la poubelle et enfin elle se dirigea vers la pièce où les enfants s'étaient réfugiés. Elle se racla la gorge et toqua doucement à la porte. D'une voix rassurante, elle invita les deux petits à ouvrir, le danger étant parti. Ils s'exécutèrent, et une fois sortis de leur refuge, ils se jetèrent dans les bras de leur mère en sanglotant.

« C'est fini, tout va bien, c'est fini, je suis là...» leur répétait-elle.

Pourtant, elle savait bien que rien n'allait, qu'elle allait bientôt partir, et que tout ne venait que de commencer...

Look Through The Past - Tome/Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant