10. Bugs in the system - Léa

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Lorsque Léa reprit connaissance, elle ne se trouvait plus en Enfers. Elle avait du mal à retrouver ses esprits, alors savoir où elle était, c'était une autre affaire. Sa vision trouble encore avait quelques difficultés à distinguer l'environnement autour d'elle, tant la luminosité était basse. Avec une respiration, elle hurla de douleur. Baissant les yeux vers son abdomen, elle remarqua que ses vêtements étaient tâchés d'un liquide foncé et en regardant le sol, elle nota que c'était du sang qui était imprégné sur ses habits ; pire encore, c'était le sien. La balle que le roi de l'Enfer avait placée dans son ventre s'était enfoncée encore plus profondément. Sa chair la faisait souffrir, sans compter qu'elle n'avait personne pour l'aider...

Sa vision revenait peu à peu et, se levant doucement de sa chaise, elle commença à marcher vers l'unique porte de la pièce qui lui servait de prison. Elle porta sa main à sa blessure et glissa son autre main dans sa poche de short et trouva son téléphone portable. Lorsqu'elle le sortit, avant de vouloir le déverrouiller, elle pesta et le rangea aussitôt ; l'écran s'était cassé, probablement lorsqu'elle était tombée ou bien lorsqu'elle avait été déplacée.

Elle arriva enfin à la porte et l'ouvrit. Elle donnait sur une ruelle peu fréquentée. Elle se laissa surprendre par un jeune commis de cuisine qui sortait les poubelles d'un restaurant. Un air froid attaquait les fines jambes de Léa, pourtant couvertes de chaussettes hautes grises. Sa blessure n'arrangeait en rien son état et elle était dans l'impossibilité d'utiliser son téléphone. La démon se dirigea vers le jeune cuisto et l'interpella.

« Hey !... Oui, vous... Est-ce que je peux vous emprunter votre portable ? C'est une urgence. Le mien est cassé et il ne veut plus s'allumer... Pouvez-vous m'aider ? »

Le jeune garçon plongea sa main dans son tablier coloré de sauces diverses et déverrouilla son appareil.

« C'est pour un appel ? »

- Oui, un ou deux ! C'est vraiment gentil, merci beaucoup !

- Tenez. Par contre, faites vite, je dois y retourner, dit-il en pointant la porte arrière du restaurant.

- Ne vous inquiétez pas, je serai brève.

Après avoir tapé les numéros sur le clavier, Léa porta le téléphone à son oreille. Au bout d'une minute, elle parvint à obtenir sa conversation.

« Salut Avril... Oui... Eh bien... C'est compliqué, je t'expliquerai plus tard d'accord ?... Oui, promis... Je ne sais pas quand je reviendrais. J'ai eu quelques petits problèmes... Écoute, j'ai peu de temps alors bon... Est-ce que tu as pu avoir des infos sur les rumeurs ?... Vraiment ?!... D'accord... J'en prends bonne note... Oui... Merci beaucoup, tu m'aides énormément dans cette affaire !.... Oui, ne t'inquiète pas... Merci encore ! À plus ! »

Puis elle raccrocha. Le jeune homme tendit sa main vers le démon afin de récupérer son téléphone.

« Est-ce que je peux abuser de votre gentillesse et passer un dernier coup de fil s'il vous plaît ? »

Il soupira et accepta. Léa composa un second numéro et cette fois, la réponse fur quasi immédiate et assourdissante.

« QU'EST-CE QUE C'EST ?! QUI EST À L'APPAREIL ?? »

Léa dû éloigner le téléphone de son tympan pour éviter de devenir sourde d'une oreille.

« Adèle c'est moi, Léa, pas la peine de hurler !

- AHHH ! Salut... Écoute, je suis sur la route... Qu'est-ce qu'il y a ? C'est urgent ?

- Assez oui. J'ai eu des problèmes, mais ce n'est pas grave... Plus ou moins grave... J'ai des infos par rapports aux rumeurs...

- C'est vrai ça ou c'est pour nous faire marcher ?

- Non ! Non ! C'est du solide et du gros. Mais... Attends, tu as parlé de route... Vous avez quitté Crandon ?

- ...

- Adèle ?

- C'est compliqué... Tu nous rejoins où ?

- Ça ne vous dérangerait pas de faire un crochet pour venir me chercher ? Je n'ai pas de voiture et... bah... Avec les petits incidents... C'est un peu difficile pour moi de vous rejoindre...

- D'accord... Bon... Tu nous raconteras dans la voiture... Où es-tu ?

Plaçant sa main sur le microphone du portable, elle se tourna vers le jeune homme.

« Vous êtes à Neillsville, dans le Wisconsin. »

- Neillsville, Wisconsin, dit-elle à Adèle.

- Hum... C'est dans le sud non ?

- À peu près je pense... Deux heures ?

- Deux heures.

Puis elle raccrocha. En remerciant le commis de cuisine, elle lui rendit le téléphone et tourna les talons. Elle allait devoir attendre quasiment deux heures avant de pouvoir faire part de pouvoir faire part des informations d'Avril à Adèle et Flora.

Léa se dirigea vers un bar, se commanda un Coca Cola et une fois fini, quand elle allait demander un nouveau verre, elle se ravisa. Sentant une présence derrière elle, dans son dos, elle décida de se lever et de sortir du bar. Cette sensation d'être observée ne la quittait pas, et par réflexe, elle prit son téléphone dans sa poche. Malheureusement pour elle, son écran ne s'était pas réparé par miracle et par conséquent, l'appareil était inutilisable.

Le démon marcha, encore et encore, dans l'espoir de voir ses amis arriver. Elle voulait vraiment qu'elles viennent la récupérer car elle avait toujours ce sentiment mauvais qui ne voulait pas partir, celui d'être observée... Quelque chose n'allait pas, et même s'il s'agissait d'un simple humain ou d'un démon, elle ne voulait pas savoir pourquoi il ou elle la suivait car l'issue de la confrontation n'était pas certaine. Plus elle avançait, plus Léa pressait le pas. Sa vitesse de marche était proche de celle d'une course d'endurance : ses pieds lui faisaient mal, ses jambes brûlaient et son souffle était saccadé. Ses courts cheveux marron aux mèches miel fouettaient son visage, l'énervant plus qu'autre chose. Son pas accélérait toujours, tout comme celui de son traqueur.

Enfin, elle retrouva la route principale de Neillsville. Là, Adèle et Flora ne pourront pas la manquer. Elle se posa alors, adossée contre un mur, près d'une vitrine d'animaux, plus particulièrement d'insectes en tout genre empaillés. Lorsqu'elle regarda d'où elle ne vit personne.

« Bizarre... » pensa-t-elle.

Elle tourna la tête et hurla de terreur. Un mille-pattes, une veuve noire d'une taille inégalée ainsi qu'un phasme d'au moins trente centimètres avaient réussi à lui donner un coup d'adrénaline et une sacrée frayeur. Se levant d'un bond, elle contempla les grosses petites bêtes qui avaient accéléré son petit cœur de pierre. Après s'être remise de ses émotions, Léa se dirigea en amont du vivarium des horreurs pour s'asseoir sur un banc en attendant ses amies.

Soudain, en plein milieu de sa marche, ses jambes cédèrent. Son ventre saignait encore abondamment et la balle de revolver avait progressé plus loin encore dans sa chair. Elle s'écroula au sol, hurlant de douleur. Sa vision se teinta de rouge et devint floue. Les piétons sur le trottoir opposé la regardaient mais continuaient de marcher et leur vu n'allait pas être changée. Gémissant à cause de la blessure, Léa se plaça sur son flanc et attendit en souffrance l'arrivée de ses amies. Doucement, ses paupières descendaient de fatigue, son esprit n'arrivait plus à penser, son corps la faisait souffrir le martyr. Son cerveau tournait au ralenti, puis s'éloigna dans le plus grand silence et son cœur ne battait que très lentement, ralentissant à chaque seconde, jusqu'à ce que chaque battement se perde dans le néant, sans aucun bruit. La dernière chose que le démon put apercevoir fut une personne, un homme, celui qui la suivait quelques instants plus tôt. Ce qui la marqua, dans un dernier effort fut ses yeux, lumineux, ses pupilles d'un bleu étincelant, avec un son très aigu que même ses oreilles, déjà sourdes, ont réussi à percevoir. Son ouïe avait alors disparue, elle ne sentait plus rien, son corps était absent, sa bouche était imprégnée de sang, et sa vue s'éteignait rapidement pour laisser place au vide et à la mort seule. Pour Léa, c'était la fin...

Look Through The Past - Tome/Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant