Ephémères

4.1. Valefor

La côte écossaise était déchiquetée par les vagues qui s'abattaient sans relâche sur elle. L'océan Atlantique s'éclatait contre les rocs millénaires, dans une beauté sauvage qui ravissait ceux qui aimaient l'observer. Les collines écossaises étaient paisibles, principalement habitées par des moutons à la laine douce et changeante. Elle avait cette particularité de modification de couleur suivant l'intensité de la lumière qui lui parvenait. Cela provenait des radiations. Les cataclysmes nucléaires qui avaient eu lieu un millénaire plus tôt avaient fondamentalement changé la Terre, et les moutons.

Valefor était assis sous un arbre et observait les plaines qui s'étalaient sous ses yeux, avec au loin l'océan et ses nuances de gris. L'adolescent, arc et carquois dans le dos, était un solitaire, il passait son temps à courir les montagnes et repousser ses limites. Il était allé plus loin que n'importe lequel des hommes de son village, toutes générations confondues. Parfois il disparaissait pendant des jours et réapparaissait brusquement.

Valefor était comme le vent, insaisissable. Il n'avait qu'une envie : devenir officiellement chasseur de vampires. Une bande de ces monstres vivait à cinquante kilomètres du village et s'octroyait parfois le plaisir de venir se nourrir de la population locale. Ils n'étaient pas toujours repoussés et réussissaient parfois à atteindre la population. Voilà pourquoi Valefor, qui avait déjà perdu son père et sa sœur lors des raids, ne quittait jamais ni son arc, ni la dague que lui avait offert son grand-père. De même, il ne restait pas souvent au village, autant aller directement s'offrir en pâture aux vampires.

Sa famille n'avait jamais accepté qu'il s'entraîne pour devenir chasseur de vampires. Les chasseurs ne vivaient pas avec les autres. Ils coupaient les ponts avec le village de telle sorte que si malheur leur arrivait au cours d'un combat, le village ne subirait pas de représailles. C'était une vie de luttes mais la cause était noble, il en allait de la survie de l'espèce.

Un bruit sourd se fit entendre au loin sur la gauche de l'adolescent. Valefor tourna sa tête rousse et ses yeux verts pétillants se perdirent vers l'horizon. En haut d'une colline quelque chose effrayait les moutons. Valefor dégaina son arc après s'être levé puis courut en direction de l'agitation. Il parcourut une centaine de mètres puis monta sur un muret de pierres. Il saisit une flèche et tendit son arc. Il s'agissait de trois primaires, des chasseurs à l'évidence. Ils tenaient de longs bâtons taillés et les tendaient menaçants vers les moutons. Les primaires étaient une autre conséquence des cataclysmes qui avaient eu lieu mille ans plus tôt. Les catastrophes nucléaires, les radiations, avait violemment attaqué tout ce qui avait des traces d'ADN. Nombreuses furent les mutations létales, rares furent les survivants et encore plus rares furent les indemnes. Les ancêtres de Valefor étaient de ceux-là, une chance pour lui. Les primaires, eux, avaient survécu mais avaient également muté. Ils tenaient leur nom de l'hypothèse suggérant que seuls les gènes humains les plus anciens, les plus primaires, avaient résisté aux radiations. Cela expliquait le grand retour de l'homme préhistorique sur Terre. Les trois primaires étaient petits, trapus, voûtés et vêtus de peaux de bêtes. Ils ne parlaient que par grognements et leur méthode de chasse était tout sauf réfléchie.

Valefor, à bonne distance, visa le premier et se concentra sur sa future victime avant d'hésiter. Le primaire lui paraissait jeune, c'était probablement un adolescent lui aussi, avec une tribu à nourrir, peut-être même était-ce celle que Valefor avait repérée un peu plus loin dans le sud.

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