Hello ! Heureuse de vous retrouver pour cette nouvelle aventure.
Pour une fois les héros sont humains. Et c'est à vous de les aider. En effet, à la fin de chaque chapitre (hormis ce prologue), le héros aura un choix à faire et c'est vous qui prendrez la décision. L'histoire évoluera selon vos choix. Essayer de leur éviter la mort ;-)Bonne lecture !
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La nuée de perles d'eau glissait le long de sa peau tel un tissu très fin. La femme leva une main, paume ouverte vers le ciel, et accueillit ce présent avec une certaine appréhension. La sensation n'était pas nouvelle mais elle ne l'avait plus vécue depuis des lustres. Elle sourit, la vie si précieuse l'envahissait de part en part. Elle fit un pas et son pied nu s'enfonça légèrement dans la mousse humide. Le doux accueil de la végétation ne fit qu'accentuer sa joie. Elle marcha au hasard, prenant garde à n'ôter aucune vie sur son passage. A l'eau qui se déversait au-dessus de la forêt se mêlait progressivement de la cendre au fur de l'avancée de la femme. Le mélange la couvrit mais ne parvint à dissimuler entièrement la beauté dorée de sa chevelure. Le temps avait marqué sa peau mais pas son esprit demeuré aussi vif que dans sa jeunesse.
Inconsciemment elle se rapprochait du bruit, pas après pas, contemplation de feuille après observation d'insecte. Elle fusionnait avec la nature ambiante, recherchant la symbiose à travers chaque mouvement de son corps. Et plus elle se rapprochait de l'origine, moins la vie se faisait dense. Très peu d'espèces vivaient près du cœur des volcans actifs. Les jets de lave étaient projetés à plusieurs dizaines de mètres vers le ciel, comme si la Terre lui hurlait sa haine. Une pluie de lave s'abattit soudainement sur elle, violente, colérique, elle n'essaya pas même de l'esquiver. Vie et mort n'étaient qu'un cycle infini. Eve ferma les yeux et accepta la fin de cette nouvelle vie alors que le flot se rapprochait inéluctablement d'elle.
La surprise fut grande lorsqu'elle rouvrit les yeux sur le monde. Elle s'attendait à un autre lieu, forêt ou prairie, rivière ou montagne, quelque part sur la planète qu'elle arpentait ainsi au fil des millénaires, à mesure de ses résurrections. La lave figée autour d'elle bouillait encore, des milliers de gouttes de feu éclairaient le paysage et diffusaient leur chaleur brûlante.
— La vie des arbres était-elle tellement attrayante pour que tu souhaites d'ores et déjà quitter forme que je t'ai donnée à l'origine ? demanda une voix grave derrière elle.
Eve se retourna lentement, elle connaissait si bien cette voix que l'identité du propriétaire avait émergé dans son esprit dès l'entente de la première syllabe. Elle fit face à l'homme qu'elle détailla du regard, il était fidèle à lui-même, malgré le poids des siècles. Il émanait toujours de lui cette fierté mêlée d'orgueil, cette suffisance née de la supériorité incontestable qu'il avait sur le reste de ses semblables. Et pourtant il était étonnamment doux et aimable, généreux avec quiconque lui demandant de l'aide, pour peu qu'il soit un peu aimé en retour.
— Tu serais surpris par le plaisir que l'on peut éprouver à regarder le monde à travers les yeux d'un arbre.
— Les arbres n'ont pas d'yeux.
— Façon de parler, et tu le sais très bien.
Eve quitta la prison de feu et monta la pente du cratère jusqu'à lui, elle saisit la main qu'il lui tendait et se hissa sur le rebord rocheux auprès de lui.
— Savais-tu donc où je me trouvais depuis tout ce temps ? s'enquit Eve, curieuse de connaître l'étendue de son savoir.
— Je ne t'ai jamais quittée du regard, répondit-il, nul endroit en ce monde ne saurait t'occulter de ma vue.
Typiquement lui, il avait l'art de dispenser compliment et arrogance dans une même phrase, personne n'y réussissait mieux que lui. L'interprétation était laissée à qui voulait bien entendre ses mots. Eve sourit, les millénaires n'avaient réellement eu aucun effet sur lui. Elle s'approcha un peu plus et l'embrassa.
— Tu m'as manqué toi aussi, Adam.
Le Premier Homme serra sa compagne contre lui et profita de chaque parcelle de sa peau. Ces instants furtifs s'étiolaient sur la frise du temps et nul, pas même lui, ne savait quand viendrait le prochain.
Le rugissement du volcan brisa ce pur moment de grâce et les deux immortels se séparèrent. Eve contempla l'océan dont les vagues se fracassaient sur les rocs déchiquetés.
— Le monde a bien changé depuis la Pangée n'est-ce pas ?
— Il est sans cesse en mouvement, c'est dans l'ordre des choses.
— Tant que tu demeures le point de repère tout va bien, le taquina-t-elle avec malice.
Adam ne réagit pas, partagé qu'il était entre l'agacement et le plaisir de la voir lui porter autant d'attention. Il resta un moment silencieux, le cœur auprès de sa compagne et l'âme perdue dans l'immensité de l'horizon. Ils étaient dans un monde où une parole pouvait tout briser, où un simple geste pouvait soulever des montagnes, briser la terre et anéantir des peuples entiers. Pire encore elle pouvait lui en vouloir à nouveau et repartir. Ainsi Adam attendit le plus longtemps possible avant de rompre le silence.
— Oui, moi aussi je l'ai senti, murmura Eve, éclatant leur sérénité la première. Elle aura besoin de moi Adam, tu le sais.
— Cette abomination est intolérable, cracha Adam, le visage déformé par une haine viscérale. La Terre est à nouveau en paix, régie par l'espoir d'un bonheur éternel, nous ne pouvons laisser le mal refaire surface.
— Tout ce qui ne vient pas de toi est le mal Adam... Pourtant ce que j'ai ressenti, niché au plus profond des ténèbres, n'était qu'un amour pur. Ce n'était que l'incarnation de tout ce tu enseignes au monde : amour, allégresse, bonheur. Je n'y ai vu aucun mal.
— Tu l'as dit toi-même Eve, « niché au plus profond des ténèbres », rien de bon ne peut sortir des entrailles du mal. C'est la destruction qui nous attend, il va revenir, et ce sera la guerre.
Eve décida de ne pas argumenter plus, il avait raison, comme toujours. Même si Adam choisissait une voie pacifique, en face la violence n'en serait que plus brutale. Deux êtres aussi puissants en un même lieu étaient voués à se combattre jusqu'à la nuit des temps, générant destruction et mort sur leur passage, peu importent les âmes vivant paisiblement sur ces terres.
— Lutteras-tu à mes côtés ? demanda Adam.
— Je protègerai la vie, coûte que coûte, répondit Eve.
— Je vais prendre cela pour un oui, après tout le bien c'est moi.
Plus égocentrique tu meurs ! Eve éclata de rire.
— Sais-tu comment t'y prendre pour protéger la vie ? De ce que j'ai pu voir tes dernières tentatives avec l'Homme ont été quelque peu infructueuses...
Eve rougit de honte à l'évocation de son dernier fiasco, elle avait cru l'Homme capable de comprendre ses erreurs et surtout de les réparer. Quelle ne fut pas sa déception, et le nombre de morts, tant humains que sauvages.
— J'avais songé faire confiance aux Hommes.
— C'est fichu d'avance ma chair.
— Jamais je ne cesserai d'espérer.
— C'est ce qui fait ta force, et ta faiblesse, murmura Adam en passant un bras autour de ses épaules. Si tu veux vaincre il te faut un plan, et une armée...
— J'ai bien une idée mais tu n'aimeras pas trop.
— Dis toujours...
Eve lui glissa son idée à l'oreille et la joie d'Adam fit place à une lassitude sans commune mesure.
— Et si vous arrêtiez tous de jouer avec mes créations ?
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J'espère que cela vous a plu !
Je retape rapidement les chapitres déjà écrits (ils auront un beau tag "V2" lorsque cela sera fait) et la suite arrivera aussi vite que possible.
A bientôt !
Axel.
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Ephémères
FantasyQuatre humains, quatre éléments, une déesse protectrice, un destin et des milliers de monstres. Quatre adolescents sur une terre recouverte d'eau. Dans un monde où l'électricité n'est plus qu'un mythe. Les océans ont tout recouvert ou presque. Les d...