— Hey, murmura Zagan en direction des autres. Hey ! Il faut qu'on sorte de là.
Il n'obtint pas de réponse, une fille sur sa gauche lui jeta bien un regard mais il fut si vide que le jeune homme eut peine à croire qu'elle était encore en vie. Il secoua sa tête à la chevelure chlorophylle et soupira. Ses compagnons de misère manquaient cruellement d'instinct de survie.
— Hey ! réitéra Zagan en forçant un peu plus sur sa voix. Hors de question que je serve de repas à ces monstres.
— Personne n'a jamais réussi à quitter une cage autrement que mort, murmura un homme. Nous allons tous mourir ici.
— Parle pour toi, cracha Zagan, je sortirai d'ici coûte que coûte.
L'homme ricana dans sa cage, ils disaient tous cela.
— Tu viens de la cité sanctuaire non ? Tu es l'un de ces protégés de la déesse. Je te regarderai mourir avec joie.
— Ma cité n'a rien de sanctuaire, et je n'ai jamais vu la déesse dont tu parles, il n'y a pas de dieux sur cette terre.
— El Dorado est protégée par la bénédiction de la déesse, tout comme toi. Les loups ne s'approchent jamais de la cité et vous, traîtres à votre espèce, refusez l'hospitalité aux Hommes. Tu peux crever ici.
— Tu rêves, avec ou sans toi je partirai d'ici.
Zagan se pencha à gauche puis à droite afin d'élargir son champ de vision et fit ainsi remuer sa cage. Elle grinça bruyamment et tressauta. Elle n'était attachée qu'à une chaîne qui pendait du plafond. A la couleur rouge l'adolescent sut qu'elle n'était pas toute jeune, elle ne demandait qu'à céder.
Il entreprit un long mouvement d'avant en arrière, il se projeta d'un côté, puis de l'autre de la cage et elle commença à se balancer. Les premières tentatives étaient maladroites, Zagan n'était pas synchronisé avec sa boîte de métal. A plusieurs reprises il dût s'interrompre pour stabiliser l'objet et reprendre.
A défaut de réussir son balancement, il capta l'attention des autres. Certains adolescents commencèrent à l'imiter. Un garçon d'une petite dizaine d'années fut particulièrement brillant puisqu'il réussit à entraîner sa cage sur toute la largeur de la grange sans heurter les autres.
— Essaye de t'accrocher aux poutres ! lui cria Zagan, galvanisé par l'exploit de l'enfant.
Il en oublia d'être discret et prudent et redoubla d'efforts. Le garçon attrapa l'une des poutres verticales mais il ne parvint pas rester accroché, le poids du métal l'emporta dans l'autre sens. Sa cage alla se fracasser de l'autre côté et le libéra brutalement. Il tomba sur le plancher recouvert de paille de la mezzanine et se releva victorieux.
Des cris et des bruits de pas se firent bientôt entendre, les loups garous avaient entendu le bris de la cage et déboulèrent bientôt dans la grange. Ils levèrent les yeux et découvrirent Zagan qui détruisait sa cage en suivant l'exemple de l'enfant. Ils étaient à présent tous les deux libres, enfin libérés de leurs cages, et repérés par leurs ravisseurs.
— Cours ! ordonna Zagan à l'enfant.
Il partit dans la première direction qu'il vit sans se poser de questions. Il n'obéissait qu'à son instinct et se rua dans la première ouverture sur son chemin. Ils arrivèrent donc dans une grande cour pavée. Derrière eux se trouvait la grange et les loups, devant eux un grand bâtiment issu d'une époque très lointaine et, sur les marches du manoir, se trouvaient d'autres individus patibulaires. Zagan avait fait un très mauvais choix. Il obliqua sur sa droite et courut le plus rapidement possible, l'enfant peinant derrière lui, vers un troisième bâtiment. Il n'était pas éclairé alors l'adolescent espéra cette fois qu'il pourrait s'enfuir en le traversant. A vrai dire il n'avait pas de plan ni la moindre idée de ce qu'il faisait.
— Ils vont vers l'usine !
En effet ils y entrèrent. Tout était sombre, sale et effrayant. Des chaînes de montages inactives meublaient l'immense bâtiment. Les deux jeunes se frayèrent un chemin à travers les palettes empilées, les bâches semi-transparentes qui pendaient des plafonds et gagnèrent l'extrémité opposée de l'usine. Les hommes les rattrapaient et Zagan ne voyait aucune sortie. Mais l'enfant lui tira le bras et désigna une bouche d'aération. Ils se ruèrent dessus et tirèrent. Elle céda sans mal et ils s'engouffrèrent dedans, Zagan le premier.
Ils arpentèrent les tuyaux sales mais réussirent à quitter les lieux. Ils débouchèrent de l'autre côté de la ferme, et sortirent rapidement. Zagan regarda autour d'eux, tandis que l'enfant descendait à son tour.
— Ils vont nous chasser, murmura le petit brun. Ils vont nous tuer.
— Ils vont essayer ! rétorqua Zagan. Hors de question que je me laisse reprendre. Ça va toi ? Est-ce que tu peux marcher ?
L'enfant acquiesça et jeta un regard apeuré sur sa droite. Le bruit d'une grille que l'on ouvre se faisait entendre, et, à la force des crissements, c'était une grande grille.
— Je m'appelle Edolan, déclara l'enfant.
— Edolan, je suis Zagan et il va falloir courir.
Oui mais dans quelle direction ? Devant eux s'étendait la montagne et ses pics, et sur la gauche Zagan croyait entendre une rivière.
Montagne ou rivière ?
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Ephémères
FantasyQuatre humains, quatre éléments, une déesse protectrice, un destin et des milliers de monstres. Quatre adolescents sur une terre recouverte d'eau. Dans un monde où l'électricité n'est plus qu'un mythe. Les océans ont tout recouvert ou presque. Les d...
