Zagan tira Edolan par le bras et l'entraîna vers ce qui ressemblait à une rivière. Il tenta d'oublier les bruits d'animaux qu'il entendait derrière eux pour se concentrer sur sa course. Il bondit entre les arbres, évita les lianes prêtes à le piéger et lutta de toutes ses forces pour sa vie.
La rivière se dévoila enfin, ou plutôt le torrent. Zagan freina brutalement et eut le réflexe de saisir Edolan qui jaillit à son côté. L'enfant manqua la chute de peu.
— Qu'est-ce que l'on fait maintenant ? demanda l'enfant qui ne savait où regarder : le torrent violent ou la forêt et les loup-garous prêts à en sortir.
Zagan mit un pied dans l'eau. Cette dernière ne lui arriva qu'à la cheville mais il en sentait toute la puissance. Il serait impossible de lutter contre le courant, la traversée serait mortelle.
— Zagan, cria une voix sur leur droite.
Le jeune homme tourna la tête mais ne vit personne.
— As-tu entendu ? demanda-t-il à Edolan, blotti contre ses jambes.
— Quoi ? J'ai peur.
Il n'avait pourtant pas rêvé, on l'avait appelé. Zagan porta son regard avec attention sur la zone originelle du son mais toujours pas d'âme qui vive. Par contre il remarqua quatre rochers regroupés au milieu du torrent, cela lui donna une idée.
Il ordonna à Edolan de le suivre mais l'enfant atteignait ses limites, paralysé par la peur. Zagan le saisit sur son épaule et courut le long du rivage. Il se jeta à l'eau, un peu en amont des rocs et traversa. Comme il l'avait imaginé le courant était très fort, il perdit prise rapidement et se laissa entraîner. Quelques mètres plus loin les rochers les bloquèrent. L'eau les plaquait contre la pierre mais Zagan avait encore pied ; l'eau dépassait ses genoux et lui arrivait à mi-cuisse. Il s'abaissa pour être dissimulé par les rochers et immergé le plus possible, Edolan serré contre lui. Puis Zagan pria la déesse en laquelle il ne croyait pas de les sauver.
Quatre hommes loups arrivèrent sur le rivage. Leur flair les mena certes dans la bonne direction, seulement ils perdirent la trace des deux jeunes peu avant de parvenir au niveau des rochers.
— C'est fou je les sens ! Ils ne peuvent pas être bien loin ! s'écria le plus jeune loup.
Il arpentait le rivage, nez en l'air, et scrutait chaque parcelle de terrain qu'il voyait. Pourtant Zagan et Edolan demeuraient invisibles.
— Ils seraient passés de l'autre côté ?
— Le courant les aurait emportés, rétorqua un autre plus âgé, non ils sont par là.
Un bruissement en amont attira leur attention, deux d'entre eux prirent leur forme sauvage, et tous bondirent à la poursuite des fuyards. Zagan soupira de soulagement, mais il attendit plusieurs minutes avant de bouger, par sécurité. Ils regagnèrent le rivage, non sans mal, et s'assirent quelques instants au bord de l'eau. Ils étaient complètement frigorifiés par leur séjour dans le torrent tumultueux. Les rayons du soleil au-dessus d'eux ne parvenaient pas à les réchauffer. Zagan sentait ses forces disparaître un peu plus à chaque frisson. Quant à Edolan, il était roulé en boule à même le rivage de galets.
— Il faut partir, annonça Zagan en se relevant, ils vont revenir.
— Je ne peux pas, répondit Edolan en tremblotant, j'ai trop froid.
Zagan l'obligea à se lever, l'enfant pleurait de froid, mais l'adolescent n'avait pas de temps à perdre avec un peu de compassion, les loups reviendraient bien assez vite. Il fallait fuir.
Avec le peu de forces qu'il leur restait, les deux jeunes reprirent leur route à travers la forêt humide. Ils suivirent la rivière jusqu'aux cascades vertigineuses. L'eau s'élançait dans le vide sans la moindre hésitation mais ni Zagan ni Edolan n'avaient son courage. Cependant, la chance était avec eux : des milliers d'Hommes avant eux étaient descendus le long de cette cascade, il en résultait un chemin de terre tassée et de rochers érodés qui plongeait dans la brume crée par l'eau. Et, sur le côté, comme une voie tracée vers les cieux, un pont de corde et de bois émergeait des nuages épais. Ce lieu était un carrefour, un très ancien lieu de rencontre. En examinant le pont, Zagan crut reconnaître le savoir-faire des anciens de sa cité. Il était possible que cette route mène à la maison. Mais, l'explorateur qu'il était lui rappela qu'il avait souvent exploré les monts autour d'El Dorado, et jamais il n'avait vu pareil ouvrage...
— Zagan !
La voix, encore, venue de nulle part, venue de partout.
— Aidez-moi !
Aucune réponse.
-- Le pont ou le chemin ? --
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Ephémères
FantasyQuatre humains, quatre éléments, une déesse protectrice, un destin et des milliers de monstres. Quatre adolescents sur une terre recouverte d'eau. Dans un monde où l'électricité n'est plus qu'un mythe. Les océans ont tout recouvert ou presque. Les d...
