L'arc était tendu au maximum, la corde ne tremblait plus. Pas un souffle de vent n'agitait les herbes hautes. L'univers semblait suspendu aux lèvres de Valefor qui restait là, immobile et indécis. Les primaires, ces êtres si bestiaux, étaient ses cousins pas si lointains. Si le sort en avait décidé autrement pour ses ancêtres peut-être eut-il été comme eux. Ils étaient ses premiers primaires. Valefor était un chasseur, un bon chasseur, de ses compétences dépendaient de nombreuses vies, ses succès étaient synonymes de repas, ses défaites de famine. De son arc il tuait tout ce qui ressemblait à de la nourriture sur patte, petite ou grosse, chaque bête qui croisait son chemin finissait immanquablement embrochée au-dessus d'un feu.
Pourtant en cet instant il hésitait, ces bêtes, ces gens, lui ressemblaient trop pour qu'il demeure indifférent. Une petite voix dans sa tête lui murmurait que ce n'était pas de la chasse, juste un meurtre. Il attendit, longtemps, puis décocha une première flèche. Elle atterrit entre les pieds du plus jeune primaire qui bondit en arrière et émit une multitude de grognements. Pas la peine de comprendre le primaire pour savoir qu'il paniquait.
Valefor soupira puis s'écarta de sa position, prêt à partir vers une nouvelle proie. Seulement, tout ne se passa pas aussi bien. Les primaires l'avaient repéré et ils couraient dans sa direction. Valefor banda à nouveau son arc et tira, pour tuer cette fois, mais les cibles rustres étaient en mouvement et nettement moins simples à abattre. Il décocha une flèche qui se figea dans l'épaule du plus rapide des primaires mais il ne stoppa pas sa course pour autant. Valefor tourna les talons et opta pour un repli stratégique. Il courut à travers la plaine, aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Mais si les primaires étaient intellectuellement inférieurs à Valefor, ils le dominaient largement au niveau physique.
La course effrénée dura longtemps. Valefor ne suivait pas une ligne droite mais effectuait de brusques changements de direction qui avaient pour but et effet de briser la technique de chasse de ses adversaires. Les primaires l'entouraient, ils étaient sur ses flancs et derrière lui, prêts à tous se rabattre sur l'adolescent lorsqu'ils seraient assez proche de lui.
Valefor fuyait, envahi par un désir de vie sans limite, la peur lui donnait des ailes, l'envie de survivre aussi. Mais elle annihila aussi sa prudence, si bien qu'au moment où il arriva sur la crête des collines interdites, bien loin de son village, il ne s'arrêta pas ni ne fit demi-tour. Les primaires ne l'imitèrent pas. Ils ne connaissaient pas les légendes qui hantaient ce lieu mais leur instinct leur disait de ne jamais avancer sur ces terres, proie ou pas en vue.
L'adolescent descendit les pentes verdoyantes à toute allure et ne s'arrêta qu'une fois arrivé aux ruines. Ce n'étaient que les vestiges de quelques murs de pierres sombres mais leur histoire était des plus chargée, et pas en bien. Mille ans plus tôt des milliers de personnes étaient mortes ici, un vaste génocide avait eu lieu. Aucun mémorial, aucune stèle n'en témoignait, de ces morts ne restaient qu'un vague souvenir issu de la mémoire des anciens.
Valefor fit encore quelque pas puis s'arrêta et fut stupéfiait par la beauté du spectacle qui s'offrait à sa vue. Un immense lac s'étendait d'un bout à l'autre de la vallée. Ses eaux bleues et émeraudes reflétaient la forêt qui s'épanouissait le long des flancs d'une montagne. Et, face à Valefor, telle une excroissance de la montagne, se dressait un château. Une immense forteresse de rocs sombres dominait toute la vallée.
Les parents de Valefor n'avaient pas construit cette bâtisse, ni ses ancêtres. La demeure était antérieure aux Hommes, antérieure aux primaires. Et pourtant elle était intacte, comme si les éléments ne l'affectaient pas. Ni les tempêtes, ni la rage du vent, rien ne semblait l'atteindre. Valefor ressentit une peur plus profonde que celle qu'il avait senti se répandre dans ses veines peu de temps auparavant. C'était... puissant, cela grondait en lui, la peur lui hurlait de fuir mais lui bloquait également les jambes.
Et il y avait pire encore, pire que la peur que le château lui inspirait, il semblait l'appeler.
-- Répondre à l'appel du château ou bien retourner chasser ? ---
Merci d'avoir lu ce chapitre !
Axel.
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Ephémères
FantasyQuatre humains, quatre éléments, une déesse protectrice, un destin et des milliers de monstres. Quatre adolescents sur une terre recouverte d'eau. Dans un monde où l'électricité n'est plus qu'un mythe. Les océans ont tout recouvert ou presque. Les d...
