* Lâche ! Lâche ! Lâche ! *

6K 404 47
                                    

[Clara]

Je me réveille doucement et ouvre les yeux mais je les referme immédiatement à cause de la lumière qui m'aveugle. Des murs blancs, un lit blanc, des draps blancs, une porte blanche. Bon vous l'aurez compris : je suis à l'hôpital. Je regarde mes poignets qui sont entourés d'un bandage imbibé de produit désinfectant et une perfusion, qui me fait mal au passage, est placée dans le creux de mon bras droit.

Je prends mon téléphone et l'allume. Zéro message. Zéro notification. Ah... Un appel manqué et un message sur mon répondeur. C'est ma mère... Elle doit sûrement me raconter son voyage fou en Egypte... Même mon frère n'avait pas remarqué que je n'étais plus là. Je regarde la table de chevet et vois un paquet de bonbon à la fraise avec un papier dessus. Je le prends et le lis.

Hello trésor,

Si tu lis ça c'est que tu es réveillée et en meilleure santé qu'hier. Je m'excuse vraiment de ne pas t'avoir appelé princesse, je comprendrais si tu me dis que tu ne veux plus me parler. Je pourrais peut-être me faire pardonner si je te donne des bonbons ? Je rigole petit cœur et je suis sûr que toi aussi en ce moment car je sais que tu aimes mes blagues nulles. Repose-toi mon ange.

Je t'aime jusqu'à la fin de l'univers.

Théo

La dernière phrase est un peu notre "Okay" à nous. Je sais que vous allez vous dire que l'on ressemble à un couple mais on a toujours été comme ça l'un envers l'autre et j'ai espéré pendant deux ans qu'il me redise cette phrase une nouvelle fois. Son abandon a été la pire des douleurs et malgré le fait que je lui ai dit que je le détestais, je n'en pensais pas un mot. J'ouvre mon téléphone pour aller sur les réseaux sociaux quand je remarque que le fond d'écran a changé. Oh... Cette photo est absolument magnifique, je ne me souvenais plus que je l'avais gardée.

C'était durant les grandes vacances, juste avant notre entrée au lycée. On nous voit dans les bras l'un de l'autre avec un sourire scotché sur mon visage. On passait tellement de temps ensemble que toutes les personnes que l'on croisait croyaient que l'on sortait ensemble. Je n'y avais jamais pensé mais c'est un peu vrai dans le sens. À se faire des câlins et à se coller tout le temps ça peut porter à confusion mais moi tant que j'avais mon meilleur ami près de moi, le regard et le jugement des autres m'importaient peu.

Je suis coupée de mes souvenirs par quelqu'un qui toque à la porte. Je lui dis d'entrer et une infirmière fait son apparition dans la chambre.

- Bonjour ma puce, comment vas-tu ?

- J'ai un peu la tête qui tourne mais ça va. Est-ce que je peux sortir ?

- Bien sûr ! Nous allons juste te faire deux trois examens que nous pouvions faire que si tu étais réveillée et tu pourras rentrer chez toi en nous promettant de ne plus recommencer d'accord ?

Son ton sévère me fait presque rire car il ne va pas avec la douceur de son visage. Je lui souris et souffle un « promis ». Elle s'approche de moi pour regarder ma perfusion et me dit.

Tu veux que l'on appelle tes parents ? Vu que tu n'es pas encore majeure tu ne peux pas sortir seule.

Une boule se forme dans ma gorge et les larmes montent. Je tourne la tête rapidement vers la fenêtre de ma chambre, évitant tout regard. Non, mes parents sont à des kilomètres d'ici. Je décide de demander d'appeler mon frère qui répond quelques sonneries après.

- Allô ?
- Dylan ?
- Ça va Clara ? Je ne t'ai pas vu rentrer hier.

Il est sérieux ?! Je décide de faire la sourde oreille.

- Pas vraiment, je suis à l'hôpital et on me dit que je ne peux pas sortir car je ne suis pas encore majeure. Tu peux venir me chercher, s'il te plaît ?
- Évidemment, j'arrive.

Je suis soulagée qu'il vienne mais quand même stupéfaite qu'il n'ait pas été affolé que je ne sois pas rentrée. Quand je vous dis que je suis invisible aux yeux de tout le monde et que si je disparaissais, personne ne s'en rendrait compte. Je prépare mes affaires, un médecin est passé pour faire les derniers examens et m'informe que je peux rentrer sans problème. Je sors de la chambre avec mon sac et attends mon frère dans le couloir ; il arrive 10 minutes après.

Je lui fais un faible sourire et nous sortons de l'hôpital après qu'il a signé un papier de décharge, direction la maison. Durant le trajet, je ne dis rien mais je bouillonne de frustration. Une fois le contact arrêté, je sors en trombe de la voiture et rentre dans ma chambre. Je prends mes écouteurs et me plonge dans le seul endroit où je peux être qui je suis, en me berçant de la musique qui me décrit depuis un moment, Me Myself and I. Ma musique s'arrête d'un coup, m'indiquant que quelqu'un m'appelle. J'espère de tout mon cœur que c'est Théo mais je vois que c'est un rappel de mon répondeur.

- Vous avez 1 nouveau message. Reçu hier à vingt-et-un heures trente quatre. Oui ma chérie ? C'est maman. J'ai reçu un appel de Théo me disant que tu étais à l'hôpital. Je sais que tu vas bien : je ne me fais aucun souci ! Mais de toute façon même si c'était le contraire, nous n'aurions pas pu revenir car tu sais comment le travail prend une place importante dans notre vie... Bref ! Tu vas bien c'est le principal ! Je t'embrasse fort et je t'appelle dès que j'aurai du temps libre. Bisous...

Mon cœur se déchire complètement et les larmes coulent sans s'arrêter. Ma mère préfère son travail à la santé de sa propre fille... Je me lève et pars dans la salle de bain. J'ouvre l'armoire et prends une lame. Je sais que c'est une réaction de faible et que je pourrais surmonter ça mais je n'ai pas la force qu'il faut pour être ignorée de cette façon par les gens que j'aime sans ressentir la moindre douleur. Mes parents font pratiquement comme si je n'existais pas... Mon frère également à quoi bon continuer... Je ne veux pas retourner à l'hôpital en sachant que je viens d'en sortir mais c'est le seul moyen pour moi de sortir toute cette colère de mon corps. Et si le sang doit couler : il coulera. Je place la lame à la limite de ma peau et essaye de calmer mes tremblements. Après plusieurs tentatives de calmer ma nervosité, je laisse tomber. Lâche ! Lâche ! Lâche ! Ce seul mot résonne dans ma tête en un écho perpétuel.

Je lâche la lame qui produit un bruit métallique sur le lavabo en marbre. Les larmes coulent petit à petit et je fixe mon reflet dans le miroir. J'ai l'air tellement pathétique...

- Aidez-moi ! Je vous en prie !

Je prends mon visage dans mes mains et les passent frénétiquement sur celui-ci pour essayer de me reprendre en mains comme je peux. Je ne sais absolument pas à qui je m'adresse mais je veux qu'il m'aide putain !

Je lève la tête. Mes muscles se tendent quand je sens une main se poser sur ma taille.

DémoniaqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant