Démoniaque

* Tu cherches la merde ? *

Je relève la tête. Mes muscles se tendent quand je sens une main se poser sur ma taille.

Puis une deuxième vient se poser à l'opposé, m'emprisonnant donc les hanches. Ce toucher ne m'est pas étranger et il n'est pas désagréable. Je baisse la tête et regarde les mains ressemblant à des cordes qui me retiennent prisonnière puis tourne mon regard vers le miroir et ne vois rien à part mon corps meurtri. Comment c'est possible ? Comment je peux sentir un toucher mais ne pas le voir ?

Je suis sortie de mes pensées par un souffle chaud dans mon cou qui me procure des frissons dans mon échine. Mes yeux se ferment à cette sensation nouvelle.

- Qui êtes-vous ?

Cette question était sortie en un murmure de ma bouche, comme si sa sortie en était interdite. Je suis dans un rêve, j'ai dû m'endormir sur le parquet en rentrant de l'hôpital. Le souffle chaud s'accentue montrant que l'inconnu s'approche de moi jusqu'à ne plus laisser un seul centimètre entre nous deux. Bizarrement, cette proximité ne me gène pas. Mais sa réponse me refroidit directement.

- Ton pire cauchemar. Ou plus exactement : ton seul cauchemar.

Cette voix... Elle est rauque et douce à la fois. Agressive et rassurante. Assez paradoxale je vous l'accorde mais encore plus troublant quand je connais cette voix mais pas moyen de savoir d'où. Il continue son récit en caressant mes cheveux doucement.

- Tu as besoin d'aide vu que tu as appelé quelqu'un. Merci Sherlock ! Mais de rien, il répond. Je le sens sourire sous sa réponse.

Oups. J'ai parlé à voix haute. Au fur et à mesure qu'il parle, je le sens glisser sur le côté et me caresser la joue lentement, mais une force inconnue m'empêche de tourner la tête.

- J'ai quelque chose à te proposer. Je peux te donner tout ce que tu désires si tu me promets fidélité et loyauté éternelles.

Je ne sais pas où tout ça va m'embarquer mais je suis en train de peser le pour et le contre. Mes parents et mon frère ne se préoccupent pas de moi. Au lycée, personne ne s'attend à me voir revenir, ils s'attendent même à me voir mourir pour certains. Il y a juste une personne qui retient mon attention ; Théo. Je vais faire en sorte de pouvoir lui dire au revoir si vraiment je me rendrai compte que je devrai partir ou que je me sens trop en danger. Je tourne la tête vers mon reflet dans le miroir et remarque que des larmes coulent abondamment sur mes joues. Je ferme mes yeux rougis par les larmes et hoche la tête vivement avant de regretter mon choix. Une seconde plus tard, je sens un fer froid entourer lentement mon annulaire gauche. J'ouvre les yeux et vois une bague en argent avec un rubis à mon doigt.

- Attendez. Vu que je vous dois fidélité et loyauté éternelles, j'aimerais savoir à qui j'ai affaire. Je demande d'une voix mal assurée, tout en continuant de fixer mon reflet.

- Je suis le Diable, mon ange.

[...]

J'ouvre les yeux et essaye de me remettre de mes émotions sur ce qui vient de se passer. Je m'assois et balaye l'endroit où je suis du regard. Je suis dans mon lit. Techniquement, ce n'était qu'un rêve. Rassurée, je passe mes mains sur mon visage quand je sens quelque chose de froid sur ma joue. La bague. Ce n'était donc pas un rêve.

Bizarrement, je me sens super bien. La peur a quitté mon corps pour se remplacer en une force incontrôlable. Je me mets à sourire toute seule et rigoler comme une folle dans mon lit. Pour vous expliquer mon ressenti, je me sens légère, je n'ai plus ce poids sur le cœur que j'avais quand je savais que j'allais remettre les pieds en enfer. Je me sens vivante.

Je me lève en sautillant et vais vers ma chaîne Hi-fi. Make me wanna die de Prettly Rickless envahit mes oreilles. Je me dirige vers mon dressing et m'habille d'une façon qu'il ne m'était jamais doté de m'habiller. Jean slim troué, débardeur noir avec une tête de mort, rangers noires et veste en cuir. Je me regarde dans la glace une fois fini et trouve ça plutôt classe ! Je me coiffe légèrement les cheveux et me maquille plus fortement que d'habitude. Je prends mon sac et sors de la maison.

[...]

Pourquoi les gens sont si peu disciplinés ? Si tu as envie de bouffer la langue de ta copine c'est ton choix mais tu le fais hors de la vue des autres. Pourquoi je vous dis ça ? Car c'est exactement le spectacle qui se déroule sous mes yeux. Nick essayant de manger sa nouvelle conquête de l'intérieur. Je m'avance vers eux, bien décidée à mettre de l'ambiance dans ce lycée à mourir d'ennui. Je fais claquer mes talons mais les deux en face de moi ne se décollent pas pour autant. Je me racle la gorge et ils se tournent enfin vers moi.

- Tu veux ? Demande la jeune fille aux extensions blondes devant moi.

- Ce n'est pas pour casser l'ambiance mais des films d'horreurs j'en ai plein chez moi. Je n'ai pas besoin de représentations exclusives en arrivant au lycée.

D'habitude, je me serais mis à rougir de mon élan de courage que je viens d'avoir, mais à partir de maintenant, le regard des autres ne m'intéresse plus. C'est comme si j'assumais enfin qui je suis sans prendre compte de ce que les autres ont décidé pour moi. Les personnes autour se mettent à rire. Je vois même Théo du coin de l'œil qui esquisse un sourire mais qui se ravise d'un coup avant de froncer les sourcils. La sangsue est rouge de colère et Nick a un regard mi-étonné et mi-énervé. Je continue de sourire quand l'autre se met à parler.

- Tu te prends pour qui pour me dire ça, au juste ?

- Moi ? Oh excuse-moi ! J'ai cru que tu t'adressais au casier vu que personne ne se sentait viser.

- Tu cherches la merde ?

- Pas besoin de la chercher, elle est en face de moi.

- Connasse.

- Non non chérie. Je suis le Diable incarné.