Démoniaque

* Tout va bien se passer *

Je me réveille lentement en sentant les rayons du soleil sur mon visage et un souffle chaud dans mon cou. Je tourne la tête vers Théo et souris. Ne plus dormir avec lui m'avait tellement manqué, ne plus sentir sa peau contre la mienne la nuit m'avait tellement manqué. Je lui caresse la joue ce qui fait apparaître un sourire craquant sur son visage. Il ouvre ses yeux et laisse voir ses magnifiques prunelles grises.

- Bon matin princesse.

Le son de sa voix me provoqua un frisson incontrôlé. Il vient se nicher dans mon cou ce qui me fait sortir un rire nerveux. Mais il est de courte durée quand je me souviens du planning de la journée. Oui cette mission me fait peur, j'ai peur de le perdre comme on a perdu les autres, de ne plus pouvoir le prendre dans mes bras...

- Trésor !

Son cri me fait sursauter. Il se redresse sur ses coudes et passe une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

- Arrêtes de penser à ça. Tout va bien se passer, je te le promets.

Je souris et l'embrasse. Je m'assoie et commence à m'habiller quand je sens son regard sur moi. Instinctivement, je remonte la couette contre les zones dénudées que je ne veux pas qu'il voit et lui fais les gros yeux.

- Tu peux arrêter de me fixer comme si j'étais un morceau de viande s'il te plaît ?

- Tu es mon morceau de viande.

J'explose de rire à sa comparaison puis il me suit peu de temps après. Je continue de m'habiller pendant que lui fait pareil. Une fois prêts, nous descendons dans la cuisine où le reste de la bande est présente. L'ambiance est maussade, le temps est gris. Le jour n'est clairement pas à la rigolade et chacun a peur des conséquences de cette mission.

Quand nous entrons dans la pièce, le silence devient encore plus pesant, personne n'ose parler de peur d'angoisser tout le monde encore plus. Une fois le petit-déjeuner terminé- pour ceux qui ont réussi à manger, nous nous réunissons dans le salon.

- On y va se soir, dans la nuit, annonce Tony. Je vais faire croire à ma mère que j'ai eu une violente dispute avec vous.

- En espérant que ce mensonge marche, ajoute Théo.

***

C'est l'heure. Nous sortons du manoir et marchons jusqu'au château. Ma respiration est forte et mes mains moites. Une fois que les tours sont visibles, nous laissons Tony gérer la situation et prenons un chemin adjacent tout en voyant la scène.

[Tony]

Je tourne la tête vers la bande qui n'est pas loin et regarde Menthaïs. Elle me fait un regard et un sourire encourageants. Je souffle un coup et toque au portail. Aussitôt, comme si elle attendait ma venue, ma mère se tient devant moi.

- Que se passe-t-il ? elle demande, confuse.

Je rassemble tous mes talents d'acteur pour lui répondre.

- Mère, vous aviez raison. Je ne suis pas heureux avec eux. On a eu une violente dispute et ils m'ont dit des choses qui m'ont fait comprendre à qui j'appartenais. C'est avec vous que je le suis, je l'ai toujours été.

Je me dégoûte moi-même. Elle change son regard et il se transforme en un regard maternel. Je bloque mes pensées comme je peux pour éviter de me faire cramer. Elle m'ouvre ses bras et je me force pour y aller et au passage, je vois la dague. Elle est là. L'étreinte dure bien une minute avant que ma mère parle.

- Thélonius, elle soupire. Ne t'ai-je jamais appris à ne pas mentir ?

Eh merde. Je commence à reculer quand je sens quelque chose me transpercer le ventre. Ma propre mère est en train de me poignarder ! Je commence à perdre mes moyens et à bégayer sans savoir que ces paroles allaient me sauver.