Tout ces gens qui souffrent autour de moi. Je ressens leur peine et leur mélancolie d'une époque lointaine. Une époque dont plus personne n'a de souvenirs. Ils se sont échappés dans l'obscurité. Tout ce temps passé dans le noir a effacé notre mémoire.La porte s'ouvre, tout le monde se renferme un peu plus sur lui-même, priant pour que ce ne soit pas son tour. Moi, je rêve. Je rêve que je suis loin et que tout ça n'est qu'un de mes nombreux cauchemars. Je m'imagine touchant l'herbe folle des champs de blé, respirant l'air frai et pur de la liberté.
Mais tout ça s'efface bien vite, c'est moi qu'ils sont venus chercher. Ils me trainent vers ce qu'ils appellent la salle d'audience. Celle que tout le monde nomme "Enfer" et qui nous parait pourtant bien plus nocive que ce petit mot de deux syllabes.
On m'assoit sur un petit tabouret en bois. Et la douleur de mes anciennes plaies se réveille au moment où ils lâchent mes bras. Je ne bronche pas. Ce n'est qu'un supplice parmi tant d'autres. Et cette peine me paraîtra n'être qu'une simple égratignure dans quelques minutes.
L'impatience règne autour de moi. Ils ont hâte de me voir souffrir et de me poser leurs questions qui raisonneront encore et encore dans ma tête quand je me lèverais de mon modeste tabouret.
Aujourd'hui, ils sont trois. Une femme, leur supérieure, et deux hommes. La femme est assise sur un fauteuil et finit lentement sa boisson en me voyant arriver. La dernière fois qu'on me l'a présenté, c'était au tout début, quand je ne savais pas encore ce qu'ils comptaient me faire...
La femme fronce les sourcils d'un air déçu. Elle se lève et fait signe à ses hommes de s'en aller. Étrange, on me laisse seule avec quelqu'un. Pourtant l'impression d'une seconde présence gouverne toujours dans la salle.
Elle a l'air sûre d'elle et pourtant un vent nerveux se fait sentir...
- Je suis navrée de voir dans quel état on vous a laissé, dit-elle en passant un doigt sur le rebords d'une des rares fenêtres. Je les avais pourtant prévenu que je vous rendais visite ...
La femme réfléchit un instant et me lance un grand sourire. Elle désigne l'obscurité dans un coin de la pièce et me déclare:
- On m'a dit que vous étiez résistante aux méthodes de mes hommes. Voilà pourquoi, vous avez l'honneur d'être le sujet zéro de notre tout nouveau protocole. Aujourd'hui vous serrez interrogé par Léonard. Léonard, approches.
Un jeune homme marche alors doucement vers moi. Il est hésitant. Il glisse quelques mots à l'oreille de sa chef puis affiche un masque d'impartialité total. Et pourtant il n'est pas aussi vide qu'il voudrait le laisser paraitre. Cette atmosphère lourde et remplie de stresse, stresse qui provient bien de lui.
- Je vais maintenant vous expliquez les règles, commence-t-elle en se rasseyant. C'est très simple. Je pose les questions, vous répondez. Dans ce cas-ci, vous êtes libre. Du moins, vous ne serez plus sujet aux interrogatoires. En revanche, si vous ne répondez pas, il risque d'y avoir quelques petits désagréments...
Elle lance un regard au jeune homme qui hoche la tête. Je comprends toute suite à quoi elle fait allusion. Tu parles d'un changement de méthode ! Je retournerais marquée de coups dans cette chambre de béton, comme toute les fois. Et j'irais dormir sur le sol trempé du désespoir des autres.
Je pars, j'oublie. Enfin... j'essaie d'oublier le monde qui m'entoure. Quelque chose m'empêche de m'évader dans mon esprit. Une présence dans ma tête bloque mes pensées les plus profondes. Je ne peux plus rêver. Je suis obligé de rester éveillé dans un monde sans pitié.
Ils m'ont finalement tous pris...
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Des pensées qui meurent
Random"Fermer les yeux, partir au delà des limite du réel. Quelque chose qu'on ne pourra jamais m'enlever. Quelque chose qui restera toujours au plus profond de moi, sans pouvoir se réveiller totalement." Je ne suis pas folle, non. Les fous ne réfléchisse...