Touché...coulé

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Mes yeux s'ouvrent sur un grand bureau. Je suis sur un fauteuil et mes mains sont enchainées aux accoudoirs. Quant à mes pieds, je ne peux même pas les décoller du sol. Ils ont enchainées mes chevilles. Je tire de toutes mes forces dessus. Ma poitrine se comprime en comprenant que je ne peux pas bouger.

Une odeur aigre envahit la pièce, je transpire la panique. Je me débats de toute mes forces. Mes bras s'agitent à m'en tordre les épaules. Pourtant mes poignets restent scotchés aux morceaux de bois qui encadrent le fauteuil.

Une bar de fer vient plaquer mon torse contre le dossier. Ma tête se relève entrainée par la surprise. Deux femmes tienne l'extrémité de la barre de chaque coté. La panique se transforme en colère et seul le voile noir de ma rage parait à mes yeux lorsque je comprend qu'ils se jouent de moi.

- Je suis heureux de faire enfin votre connaissance Tina.

Mon souffle instable retiens tant bien que mal ma rage qui courre dans tout mon corps, mais je sens mon corps irradier de cette chaleur monstrueuse qui me ronge les os. Contrôle... Contrôle... Ce mot tente en vain de prendre le dessus sur ma conscience. Alors, mes yeux se dirigent sur l'Homme en costume de l'autre côté du bureau et mes lèvres laissent passer un rictus mauvais malgré la peur qui me scie le ventre.

- Craindre quelqu'un que l'on torture relève de la plus médiocre perversité.

Je sursaute en sentant mes cordes vocales vibrer. C'est ma voix qui vient de parler. Je reconnais ma voix rocailleuse due à toutes ces années de silence.

L'homme se frotte le menton en m'entendant parler. Il a les yeux qui sourient lorsqu'il pose les yeux sur moi, comme s'il sentait le combat qui n'en fini pas à l'intérieur de mon être

- Heureux de voir que vous n'avez pas perdu vos sarcasme. J'ai cru pendant un instant que ces années vous avez ôté le goût de vivre.

Mes lèvres retiennent un petit rire qui fait trembler ma poitrine.

- Et moi, fasciné par la familiarité que vous vous employez à maintenir avec moi.

L'homme ne parait pas faire attention à ce que je dis. Pourtant, malgré tout les efforts qu'il fait pour le cacher il est anxieux. Je le sens aussi bien que la culpabilité dans mon dos. Surement Léonard qui croit intelligent de rester de leur coté après tout ce qu'ils ont fait. Qu'ils aillent tous brûler en enfer !

- Vous avez peur.

Ma voix décide de traduire le cercle de mes pensées. Cette fois, mes mots ne le laissent pas indifférent. Il ouvre un tiroir et enfile des gants en faisant signe aux deux femmes de lâcher la barre. Il va me frapper.

Sortir. Il faut que mes bras s'échappent, que mon esprit s'enfuie loin de toutes ces horreurs qui me laboure mes pensées. Mon corps se mue de soubresauts, tentant en vain de s'échapper de cette cage de chaîne qui m'empêche de bouger.

Il se poste en face de moi et s'appuie sur le bureau.

- Si vous me touchez je jure sur ma vie de vous le faire payer au centuple.

- Mais je n'en doute pas, il sourit et fait signe à la personne derrière moi. Rassure-toi, je ne vais même pas t'effleurer....

Un nuage de culpabilité me contourne et arrive à côté de l'Homme. Léonard se tient droit et pourrait paraître rempli de satisfaction à l'idée d'avoir accompli ce qu'on lui avait demandé ; mais je vois tout. Il déborde de la plus pitoyable inquiétude à mon égard, sans lâcher sa posture qui se veut méritante.

- Je vais vous raconter une histoire Tina, commence-t-il en passant une main dans ses cheveux. J'aimerais que vous l'écoutiez. À chaque fois que vous sentirez ce que je vous dépeins, et seulement lorsque vous sentirez quelque chose, vous vous manifesterez. C'est compris ?

Mon esprit semble percevoir ce qu'il doit faire, comme s'il était toujours sollicité pour des tâches semblables. Malgré tout, je compte bien lutter contre ce réflex primaire que je connais depuis toujours. Ma bouche s'exprime avant que mon cerveau ne le lui ordonne, comme si elle avait deviné ce que je m'apprêtais à dire :

- Allez au Diable, crache-t-elle avec violence.

L'homme ne sourcille même pas. Il passe ses doigts sur l'arrête de son nez et me répond d'une voix monotone :

- Je me doutais bien que vous ne... comment dit-on déjà ?

Il se tourne vers Léonard qui a perdu tout son sang froid et ne parvient plus à tenir sous le lourd regard de l'Homme en noir. Celui-ci lève un sourcil.

- Coopéreriez pas sans résistance, reprend-il comme s'il n'avait pas remarqué le changement chez son subalterne. Mon jeune ami, dit-il sans me quitter des yeux mais avec beaucoup plus d'intérêt, c'est là que vous intervenez il me semble...

L'homme en noir ne se le fait pas répéter deux fois. Il a à peine le temps de me sonder de ses grand yeux verts qu'un spasme atroce me surprend et se répand dans mon épaule gauche, provoquant une violente contraction au niveau de mon cou.

La douleur traverse mes os, mes muscles... Mon corps entiers est bientôt tendu par ces crampes incessantes qui me cassent en deux. Je me noie dans cette torture qui parvient même à sortir de mes lèvre sous la forme d'un hurlement déformé par la douleur.

Tout à coup mes membre s'affaissent, les brûlures se calment mon cou se redresse lentement et j'aperçoit ce sourire niais de satisfaction qu'ont ces personnes qui sont fières d'avoir étés mauvaises. Alors je comprend.

C'est soit le supplice des Enfers, soit la violence des sentiments impersonnels qu'il va me faire éprouver pour le simple plaisir d'admirer sa créature de foire. Je n'ai pas de troisième choix. Seulement un pilori moins douloureux qu'un autre.

Je fais mon choix et la honte de perdre mon courage sous la simple menace de cette douleur fantôme me laisse un goût de profonde amertume dans la gorge.

Voyant qu'il a désormais tout mon attention, il sourit de ses dents ivoire et déclare, d'une de ces voix d'enfants tout excité par l'arrivée de Noël :

- J'étais sûre que vous ne poseriez pas trop de problème.

Des pensées qui meurentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant