Weird Muggle

Deux

Émilie terminait de remplir son dernier carton et le déposa près de la porte de sa chambre. Elle se leva, s'ettira puis reporta son attention sur la grande baie vitrée qui donnait sur une belle terrasse. Le temps était magnifique et la température était idéale : il ne fesait ni trop chaud, ni trop froid. La jeune femme sourit. C'était une journée parfaite pour quitter sa famille et partir habiter dans sa propre maison !

Grâce à ses études à domicile, elle avait obtenu son bac avec une mention (elle se demandait tout de même comment c'était possible qu'elle passe son bac sans jamais avoir mis les pieds au lycée) et postula dans une école de psychologie. Sa demande avait été accepté et c'était donc un nouveau départ pour elle.

Mais elle craignait tout de même de sa propre réaction lorsqu'elle verrait d'autres personnes.
Elle qui n'était jamais sortie depuis l'âge de onze ans. Elle qui avait perdu tout contact avec le monde extérieur. Tout ce qu'elle savait, c'était grâce à ses cours, aux actualités et aux nombreuses heures qu'elle passait à lire des livres ou regarder des films et séries. Oui, Émilie allait vraiment être perdue, au début.

Elle attrapa son sac, le dernier carton qu'elle avait rempli avec ses divers bibelots et objets précieux, puis s'en alla en refermant la porte de sa chambre à l'aide de son pied. En longeant le long couloir qui reliait "sa partie de la maison" et l'entrée, elle croisa sa génitrice. Émilie fronça les sourcils tandis que sa mère souriait, gênée de la manière dont la regardait sa fille. Cela faisait longtemps qu'elles ne s'étaient pas croisées, presque trois semaines ; depuis que Émilie se préparait à déménager. Quand elle leurs avait annoncé ça, parce qu'il fallait bien qu'ils sachent qu'elle les quittait pour de bon, les geniteurs considérèrent leur fille quelques seconde puis acquiescèrent en silence. La future étudiante précisa également qu'elle ne dinerait plus avec eux, qu'elle se debrouillerait.

Émilie restait debout dans le couloir, le carton dans les bras et le sac sur l'épaule. Elle attendait. La femme en face d'elle semblait fatiguée, presque triste.

- Tu viendras nous voir de temps en temps ? Questionna-t-elle, même si sa phrase semblait fort à une affirmation.

Émilie était simplement stupéfaite. Jamais ô grand jamais elle n'aurais pensé que la femme qui se tenait devant elle prononcerait une telle chose. Encore moi à elle.

- Bien sûr, j'y penserais...

Les deux femmes étaient toutes deux très gênées et le silence qui suivait la réponse hésitante d'Émilie était pesant. Pour s'échapper de cette situation qui lui déplaisait fortement, Émilie souleva légèrement son carton et toussota. La génitrice afficha une mine compréhensive, mais cette impression de profonde tristesse restait imprimée sur son visage. Sa fille lui en voulait vraiment, et elle était en partie responsable de cette distance entre elles deux.