Le couloir infini

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Je restais, comme figée, la main agrippée à la poignée en fer. Je venais d'entendre un cri, qui me glaça le sang. Il se répercutait sur tous les murs du couloir, comme amplifié. Je me retenais de crier à mon tour. Mon corps était comme paralysé, je ne pensais plus, je m'affolais.
Tout mon être me disait de courir sous la table du salon, comme quand j'étais petite. Ou bien de me réfugier dans les bras de Papa, mais le temps n'était plus le même. J'ai grandi et Papa n'est plus de ce monde.

Si je veux me battre pour garder l'entreprise, je dois aussi affronter le monde extérieur.

Je décidais de reculer de trois pas, de prendre une grande inspiration, et d'ouvrir la porte qui mène au grand couloir. Une fois la poignée baissée, la porte s'ouvrait dans un grincement de film d'horreur (au moment où le héro pousse la porte pour vérifier que le méchant n'est pas là et il se fait poignarder). Je n'avais pas assez de courage pour regarder dans l'embrasure de la porte. Mais soudain je voyais se dessiner sur le mur une ombre noire aux griffes acérées. Je n'esquissais plus un geste et fermais les yeux. Mon coeur battait la chamade et je craignais que ses battements se faisaient entendre dans le couloir. Je n'avais jamais ressenti ça de toute ma vie. Je me sentais entre la vie et la mort comme au bord d'un gouffre béant qui attendait de m'engloutir. J'entendais tout : le bruit de chacun de ses pas s'abattre sur le sol, sa respiration affirmée et le craquement de ses doigts. Il était visiblement prêt à se battre. Mais moi, qu'avais je pour me défendre ? À part ma trousse de maquillage posée sur le guéridon et un stylo à paillette qui avait roulé par terre, je n'avais rien de quoi l'effrayer. Il semblait progresser lentement et n'était plus qu'à 2 ou 3 mètres de la porte. J'étais prête à fracasser un pot de fleur sur lui, si cela s'imposait, mais je préférais rester pacifique (je n'ai pas dit que si il me menaçait, je n'allais pas réagir).
La porte s'ouvrit et je n'eu pas le temps de pousser un hoquet de surprise qu'un énorme coup s'abattit sur ma tête.

Invincible pour toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant