Garde à vue

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Je ne comprenais pas ce que cela signifiait, d'abord l'agent qui ne vivait visiblement pas dans le même monde que moi, puis cette femme qui en avait après moi. Mais moi justement, je n'étais qu'une gamine. Je n'avais rien fait, mais apparemment ce n'était pas clair pour tout le monde.
Thomas me scrutais attentivement comme si j'étais une énigme écrite sur un tableau noir. Il réfléchissait tellement que j'en avais mal à la tête. Quand il sembla sortir de son "extase", il prononça quelques mots dévastateurs :
-"Mademoiselle Émilie Stanford Brughel, à compter de ce jour et jusqu'à nouvel ordre, moi, le sergent Thomas, vous place en garde à vue.
-Que... quoi !? Mais qu'est ce que vous racontez ?
-Je vous prie de bien vouloir me suivre s'il vous plaît. "
Je restais stupéfaite, aussi, il dû me tirer légèrement par le bras pour que je réagisse. Ses dernières paroles avaient eu sur moi l'effet d'un électrochoc. Qu'avais je fais pour en arriver là ?
C'est moment que choisit la commandante en chef pour entrer, une paire de menottes à la main et un air de victoire ou de supériorité sur le visage qui commençait à m'agacer.
Elle s'avançait vers moi et essayait de me les passer avec la plus grande délicatesse, comme on peut l'imaginer de sa part, ne manquant pas au passage de m'érafler la peau.
Je sentais le froid du métal se mêler à mon sang chaud. C'était bien la première fois qu'on me passait des menottes, mais si j'avais pu, je me serais bien passé de cette "première fois".
Je suivais Thomas à travers le dédale de couloirs qui composaient les sous sols du commissariat. Plusieurs cellules, deux de dégrisement qui n'étaient pas bien difficiles à repérer, trois vides et une occupée par une vieille dame qui semblait se demander ce qu'elle faisait là. Je fus placée dans la dernière, au fond du corridor, où la lumière menaçait de s'éteindre à tout moment. L'agent me poussa devant lui pour s'assurer que je ne tenterais rien et claqua la porte avec une force que j'ignorais qu'il pouvait posséder. À vrai dire, le premier portrait qu'on pouvait dresser de lui n'était pas très flatteur : une petite bedaine arrondissait son ventre, des cernes noires creusaient ses traits et sa démarche peu assurée le rendaient presque comique. Sauf quand on se rend compte qu'il porte une arme chargée à sa ceinture.
Il quitta mon champ visuel, puis la pièce, puis le sous sol et laissa ses détenus dans un calme inquiétant.

Invincible pour toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant