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Ça fait du bien de pouvoir se balader dans une maison, comme quand j'étais plus jeune. Je peux aller dans la cuisine, et prendre des biscuits. Des fois, je me débranche et sors acheter de quoi cuisiner dans l'épicerie à quelques pâtés de maisons de là. Je m'occupe de Dyun quand Zack travaille. Dyun est très drôle quand il s'y met. Parfois, il demande que je lui chante une chanson. Parfois, il veut faire un jeu. Parfois, il veut que je lui raconte une histoire. Mais il a toujours le sourire aux lèvres. Et mon dieu, si toutefois il existe, ça fait du bien de voir des sourires d'enfants à la place de la tronche de trente-six kilomètres des infirmiers. Ça fait du bien de rire, à la place de rester impassible dans un lit !

C'est bien simple : Je revis. Depuis trois semaines que je vis dans cet appartement, je suis bien moins essoufflé, si ce n'est jamais. Ma vie semble ne plus quitter mon corps, elle ne semble pas vouloir aller jusque chez Juhin.

Juhin... Il ne s'est toujours pas réveillé. Je pense souvent à lui, et à ce qui l'a poussé à toucher à ces drogues. Il m'arrive de penser que les médecins mentent à ce sujet. Juhin n'aurait pas fait ça ! Mais c'est pourtant cohérent, avec le fait que nous avons ressenti un immense bien-être.

Quant au chat qu'on a adopté il y a quelques semaines, il dort la plupart de temps. Dyun est tellement heureux de l'avoir !

Aujourd'hui, Aely doit passer me voir. Zack emmènera Dyun au cinéma pour me laisser l'appartement libre. J'ai tellement hâte de la voir ! Son sourire, ses yeux, sa bouche, son odeur, ses rires... Sa présence... Aely, quoi ! Elle doit arriver dans une heure. J'ai piqué du parfum à Zack, j'ai cuisiné des meringues roses, blanches et violettes que j'ai mis dans un récipient en verre transparent, sur la table basse du salon, j'ai refait mon lit, j'ai mis un tee-shirt rouge avec un scorpion imprimé dessus, ainsi qu'un jean noir, et j'ai tamisé les lumières. Bref, tout est près pour la surprendre ! Il ne manque plus qu'elle !

On sonne à la porte. Déjà elle ? J'ouvre. C'est l'infirmier. Mince, je l'avais oublié lui !

- On attend quelqu'un à ce que je vois ! Lance-t-il, en observant les lumières, et en respirant l'odeur de mon parfum.

- Hum... Oui ! Mais si on allait faire les soins rapidement ?

- Vous devez vous ménager, vous savez !

- Oui, je sais ! On fait les soins ? Dis-je, énervé.

- Surtout, ne faites rien qui puisse vous épuiser !

- Vous pensez à quoi là ? Je hurle presque, en le détruisant du regard.

Il me fait un clin d'œil. Je lui lance un regard noir.

- On fait les soins, maintenant que tout est clair ? Je lui demande, toujours énervé.

- Ohlala ! Aucun sens de l'humour !

- Pas quand on s'occupe de ma vie privée, non !

Je le pousse jusqu'à la salle de bain, où j'ouvre l'avoir à pharmacie et lui fourre dans les mains tout ce dont il a besoin. Je le pousse ensuite dans la cuisine, je le met sur une chaise, en tire une autre, sur laquelle je m'assoit. Je lui tend mon bras. Il me fait une piqure. Il désinfecte la plaie. Puis il inspecte mes yeux, ma gorge, mon souffle et mon cœur. 

- Bonne nouvelle, vous allez pouvoir profiter de votre copine !

- Fantastique ! Dis-je ironiquement. La sortie, c'est en sortant de la cuisine, juste à gauche !

- C'est bon, je m'en vais !

Bon débarras ! Aely ne devrait plus tarder. Je me recoiffe. Frotte mes habits des mains pour enlever des plis invisibles.

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