Chapitre trois ; Deuxième jour.

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Harry avait décidé de ne pas se rendre chez la jolie blonde aujourd'hui, trop déçu pour bouger hors de chez lui. Il avait passé la nuit à se demander ce qu'il avait pu faire de travers et en était arrivé à la conclusion suivante : Tout. Il avait tout gâché, il s'y était définitivement mal pris. Jamais il ne s'était autant ouvert à une fille, jamais il ne s'était surpassé de la sorte mais pour elle, il avait fait un effort. Le bouclé gardait le restaurant italien secret pour éviter l'arrivée en masse des touristes ou habitants de la ville, il n'avait jamais osé emmener quelqu'un par crainte d'être jugé. C'était un restaurant familial, simple et modeste. Qui pourrait-il intéresser ? Les filles avec lesquelles il sortait aimaient la grandeur, les lustres, les nappes rouges auquel on ajoutait huit couverts et trois verres. Elles étaient avides du luxe et lui, naïf, il répondait à leurs attentes. Harry était déjà sorti avec une femme plus âgée que lui. Vingt-cinq ans. Et étonnement, leur histoire avait durée. Surtout parce que Reagan se contentait de ce qu'il lui donnait. Il faisait son maximum pour la rendre heureuse, tentait de la combler avec des mots doux susurrés au creux de l'oreille et des caresses par milliers. Elle avait besoin d'amour et d'attention, les hommes de son âge ne savaient pas y faire avec elle mais Harry, si. Il était gentil et attentionné, elle l'aimait pour ça. Mais tout a pris fin un soir de Février. Elle devait suivre le cours de sa vie, trouver un homme qui ferait office d'époux et avoir des enfants. Cela faisait parti du « cycle de la vie » et Harry ne ferait pas parti de son avenir. Même pas entant qu'amis. Ils avaient vécu des moments beaucoup trop forts pour les faire disparaitre derrière une amitié.

Aux alentours de treize heures, la mère du bouclé s'était décidé à aller voir son fils pour avoir une conversation des plus sérieuses avec lui. Elle en avait marre de son isolement et de la tête décomposée qu'il faisait depuis la veille au soir. Elle avait déjà essayé de lui tirer les vers du nez ; sans succès. Mais cette fois-ci, elle était plus déterminée. Elle fit interruption dans la chambre de son unique fils lorsqu'il se levait tout juste. En voyant ses cheveux emmêlés et ses yeux plissés à cause de la lumière du jour qu'elle avait fait entrer en pénétrant dans la pièce, elle comprit qu'il venait tout juste de se réveiller. Elle s'excusa et referma la porte derrière son passage.

- Harry, je crois qu'il faudrait qu'on parle...
- Je vais bien.
- Alors, sors faire un tour. Va voir des amis, va te promener en ville ou fais un tour en vélo mais ne reste pas là, dans ta chambre, tout seul dans le noir.
- Je suis très bien tout seul, maugréa-t-il, mécontent que sa mère intervienne dans ses affaires.
- Harry, arrête ta comédie et raconte-moi ce qui ne va pas.

Il ne répondit pas et préféra s'assoir correctement sur le bord de son lit. Il était fatigué, sa nuit avait été beaucoup trop courte et la journée de la veille, trop longue. Il avait vécu trop de choses éprouvantes qu'une seule nuit de sommeil ne lui avait pas suffit pour se remettre de ses émotions. Il en avait marre, il voulait dormir et non parler à sa mère de Marley. D'ailleurs, que pouvait-il en dire ? « Oh rien, ce n'est qu'une fille qui me laisse une semaine pour que je la fasse tomber amoureuse de moi ». Il passerait pour un fou bon pour l'asile. Et après tout, c'est ce qu'il était. Un fou. Un homme aillant perdu son bon sens pour l'amour d'une femme. Certains emploierait le mot « fou », d'autre préfèrerait le terme « idiot » ou « imbécile ». C'était au choix.

- C'est cette fille, lança-t-il en passant une main sur sa nuque recouverte de quelques boucles indisciplinées.

Sa mère s'assit à ses côtés et l'écouta plus attentivement que précédemment. Il avait besoin d'aide, elle l'avait compris et ferait tout son possible pour le conseiller.

- Elle me rend fou, poursuivit le bouclé, la voix saccadée par l'incompréhension totale du comportement bipolaire de Marley. On a fait un pari. Enfin, non. C'est compliqué. Elle en avait marre de moi donc elle m'a lancé un défi et ce que je croyais être une chance se révèle être un cadeau empoissonné. Je l'ai emmené chez Fabio mais ça ne lui a pas plu. Je pensais apprendre à la connaitre au cours de la soirée mais elle n'a pas prononcé un mot. Qu'est-ce que je suis censé faire ?
- Fais quelque chose de spécial pour elle, quelque chose que tu n'as jamais fait pour personne.

Sur ce, elle se leva et se rendit jusqu'à la sortie de la pièce. Avant de la quitter, elle déposa une enveloppe cachetée où seul le prénom de l'anglais y figurait d'une écriture légère et soignée. Harry la regarda faire, dubitatif. A quoi elle jouait ? Elle quitta sa chambre. Il prit appuie sur ses pieds maintenus au sol et s'aida de ses mains sur ses genoux pour se lever. Il s'empara de l'enveloppe restée sur son étagère. Il l'ouvrit et découvrit avec stupéfaction deux billets pour Paris. Ses yeux s'écarquillèrent. Les Styles n'étaient pas pauvres mais ne roulaient pas sur l'or pour autant. Sa mère avait dû travailler durement pour acheter ces billets, Harry ne pouvait décidément pas les utiliser pour Marley. Ils n'apprécieraient pas totalement le voyage ; ils n'étaient pas ensemble après tout. Ils n'étaient même pas amis ! Il ne voulait pas priver ce voyage à sa mère pour une fille qui n'en avait que faire de lui. Le bouclé enfila un tee-shirt et descendit dans la cuisine afin de parler à sa mère.

- C'est quoi ça ?

Son ton était froid et agressif, accusateur. Il désigna l'enveloppe froissée et la jeta sur la table ornée simplement d'une corbeille de fruits. Il attrapa une pomme et mordit dedans, attendant l'explication de sa mère qui tardait à arriver. Il se mit à taper nerveusement ses doigts sur le plan de travail sous le regard de sa mère, cherchant désespérément un motif.

- Je comptais t'offrir ces billets pour Noël mais tu en as besoin maintenant donc je te les offre. De toute façon, c'est bientôt Noël donc c'est pas grave.
- Mais je veux aller à Paris avec toi, pas avec elle !
- Allons Harry, tu as dix-huit ans maintenant, pas dix. C'est normal que tu y ailles avec une fille. Et puis, je n'ai pas acheté ce deuxième billet en espérant que tu m'invites, je savais que t'irais avec ta copine ou une amie. Alors, accepte ce cadeau et invite cette fille. Je suis sûre que ça lui fera plaisir.
- J'irai pas la voir, de toute façon. J'en ai marre qu'elle me prenne pour un con.
- Harry...
- Qu'elle me prenne pour un idiot, se corrigea-t-il, pensant qu'elle le reprenait sur sa façon de parler et non sur la raison pour laquelle il refusait de voir Marley.

Sa mère soupira et lui fit signe de s'assoir autour de la table de la cuisine. Il souffla longuement mais lui obéit, incapable de tenir tête à la femme qui l'avait mise au monde – surtout quand elle affichait son air contrariée qui donnait froid dans le dos. Elle prit place devant lui et s'empara de ses mains liées ensemble sur la table. Elle glissa l'enveloppe entre ses doigts et lui sourit sincèrement.

- Prend ces billets et va la voir. Tu me tiendras au courant pour la date de retour. Tu as besoin de voyager, de te changer les idées et si cette fille est avec toi, tu pourras apprendre à la connaître. Vas-y, Harry, accepte mon cadeau...
- Je serai de retour pour les fêtes, promit-il avant de se presser dans sa chambre.

Il avait sorti un sac de sport de dessous son lit et avait jeté ses vêtements un à un dedans. Sans prendre soin de les plier correctement, il avait appuyé sur le tas afin de faire rentrer toutes ses affaires et ferma son sac avant de le jeter sur son épaule. Il courut dans les escaliers, embrassa sa mère au passage et poursuivit sa course jusqu'à chez Marley. Il frappa tel un fou à sa porte, son tee-shirt en sueur et son front brûlant. Il ne ressemblait à rien vêtu ainsi. Il avait enfilé un jogging qu'il avait associé à un tee-shirt à l'effigie des Beatles. Marley se moquerait certainement de lui mais se reprendrait lorsqu'il lui montrerait les billets d'avion. Ce fût d'ailleurs la jolie blonde qui lui répondit. Elle ne s'attendait pas à voir le bouclé ici et chercha immédiatement à cacher ses fines jambes derrière la porte d'entrée. Il sourit, elle grimaça. Marley était plutôt pudique et détestait les surprises. Harry s'excusa immédiatement de sa venue ici et, alors qu'il comptait s'expliquer, elle le coupa :

- Qu'est-ce que tu veux ?

Pris d'un élan de folie, il pénétra dans la maison de la blonde et grimpa les marches de l'escalier en colimaçon. Elle le suivait, plus énervée que jamais, lui demandant ce qu'il venait faire chez elle. Il trouva rapidement sa chambre –il se souvenait que sa porte était de la même couleur que le lilas au printemps- et entreprit de vider l'armoire de la blonde.

- T'es complètement fou ! Qu'est-ce que t'as dans le crâne ? Mais lâche ça, hurla-t-elle en lui retirant le soutien-gorge qu'il tenait entre ses mains. Qu'est-ce que tu fou, bordel ? Pourquoi tu prends toutes mes fringues ?
- J'ai deux billets pour Paris et je t'emmène.
- Pardon ? C'est hors-de-question que je t'accompagne !

***


- Je te déteste, murmura la blonde en bouclant sa ceinture après qu'une hôtesse lui ait demandé de le faire.

Goodbye England, Bonjour la France !

Mend your heart.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant