Chapitre 1

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Il est huit heures moins quart quand je suis enfin maquillée, habillée et coiffée. Mes longs cheveux noirs sont lissés et retombent en cascade sur mes épaules. Il faut vraiment que je pense à me les faire couper un peu... J'ai décidé de mettre un pantalon kaki assez moulant et un chemisier blanc. Mon père m'attend au rez-de-chaussée pour m'accompagner à la California State University Long Beach, mais également et surtout pour me faire visiter la cité U et m'aider à m'installer dans ma nouvelle chambre! Je suis tellement excitée!
Mes parents ont été à CSULB, c'est même là-bas qu'ils se sont rencontrés. Alors je suis très fière d'y avoir été admise. Mon père est heureux que j'y aille moi aussi! Ma mère, elle, malheureusement je ne peux plus le savoir... Mais au fond de moi, je pense qu'elle en serait ravie et fière.

- Katheleen! Dépêches-toi... On va finir par être en retard! Crie mon père.

- Oui oui, j'arrive papa! Réponds-je.

Je descends les escaliers en courant, comme à mon habitude. Mais quand j'arrive aux pieds des escaliers, je loupe la dernière marche et tombe en m'étalant de tout mon long par terre... Grr, moi et ma maladresse! Il ne se passe pas une seule journée sans que je ne me fasse mal ou que je ne me tâche...
Mon père coure vers moi pour m'aider à me relever. Je pense que cela va lui faire des vacances de ne plus courir dans toute la maison au moindre « boum »...

- Ça va Katheleen? Tu t'es fait mal? S'inquiète-t-il...

- Oui, ça va papa... J'aurai juste un bleu comme d'habitude!

Je rigole en lui disant ceci, ce qu'il le fait rire également avant qu'il ne me réponde:

- C'est vrai! Tu auras encore un bleu mais promets-moi de faire plus attention une fois seule à CSULB, ok?

- Je peux te promettre de faire attention mais je ne peux pas te promettre de ne plus me faire mal, lui réponds-je.

- Ok...! N'oublies pas que nous y allons à deux voitures, comme tu resteras là-bas une fois arrivée... Donc prends bien tous tes papiers. Tu n'auras pas de place de parking privée mais il y a des parkings de partout autour de l'université, me dit-il.

- D'accord, mais j'espère que ma voiture ne risquera rien... je réponds, anxieuse.

- Non ma chérie, t'en fais pas! Il y a une patrouille sur le campus et des caméras de surveillance pour veiller à la sécurité des étudiants, me rassure-t-il.

- Ok... Je ne veux pas avoir de mauvaises surprises un matin.

Sur ces dernières paroles, nous prenons la route, avec mon père devant dans sa voiture et moi qui le suis dans la mienne, qu'il m'a offerte pour mon anniversaire en juin dernier.
Il faut dire que depuis que ma mère est morte, mon père fait tout pour essayer de combler un quelconque manque, même si tous les cadeaux qu'il me fait ne change rien au fait qu'on me l'a enlevé trop tôt... M'éloigner de la maison familiale me rappel comme j'ai pu avoir de bons moments avant sa disparition... On jouait tous les trois sur la pelouse avec mon ballon. On était heureux.

*

Il y a cinq ans, nous sommes partis en vacances en Europe pour l'été. Tout était merveilleux, tout se passait bien. On était en balade en mer pour aller faire de la plongé sous marine. Mais une fois en pleine mer le vent s'est levé, le temps a tourné à l'orage et l'océan s'est agité. Les vagues devenaient de plus en plus grosses... Le bateau tanguait au fur et à mesure que les vagues s'écrasaient contre la coque. Nous avons tous enfilé des gilets de sauvetage le plus vite possible. Mon père courait dans tous les sens pour aider le capitaine du bateau. Ma mère et moi, nous étions cachées là où ça semblait le moins dangereux et le plus abrité... Mais les vagues étaient de plus en plus grandes et fortes... Elles embarquaient tout sur leur passage et malheureusement elles ne nous ont pas épargné... Ma mère s'est retrouvée projeté loin de moi et moi sous un des bancs à la poupe du bateau. Je me souviens m'être accrochée de toutes mes forces jusqu'à ce que la tempête se calme. Je n'arrêtais pas d'appeler mes parents pour savoir si ils m'entendaient ou si ils allaient bien. Mais je n'entendais rien. Quand la mer s'est enfin calmée, je suis sortie de ma cachette et je suis allée voir où étaient mes parents.

Quand je suis arrivée à la proue et que j'ai vu mon père qui était inconscient par terre... J'ai couru vers lui et l'ai secoué pour qu'il reprenne ses esprits rapidement!...
Puis il a ouvert les yeux! J'étais tellement soulagée que je l'ai pris dans mes bras. Puis quand il a réalisé où nous étions, il m'a demandé où était maman. Je lui ai dit que je n'en avais aucune idée et il s'est levé pour qu'on la cherche tous les deux. On a regardé partout dans le bateau mais à part le capitaine allongé par terre à côté du gouvernail, on ne l'a pas trouvé à bord. Mon père s'était alors dirigé dehors. Je l'ai suivi. Puis je l'ai vu tomber à genoux et regarder l'eau. J'ai instinctivement suivi son regard, et là, mon cœur a loupé un battement...! Je n'arrivais plus à respirer, j'avais l'impression d'être en train de faire un cauchemar quand j'ai vu ma mère qui flottait sur le ventre, à cause ou grâce, (je ne sais toujours pas) au gilet de sauvetage...

Quand on a réussi à remonter ma mère sur le pont, il était déjà trop tard. Le capitaine, après avoir reprit connaissance, nous a dit qu'elle n'avait certainement pas souffert en nous montrant la bosse sur son front...
Je ne suis plus jamais montée sur un bateau depuis ce jour-là.

**

Je secoue la tête pour sortir de mes pensées. Si je commence à être nostalgique maintenant, je vais débuter ma première année universitaire du mauvais pied...

Au bout d'une heure, nous arrivons sur le parking de l'université. J'observe silencieusement... Le sol est dallé de pierres rouges et blanches. Il y a des arbres le long de chaque chemin qui vont aux différents bâtiments, alternés avec des lampadaires. Et puis il y a des fleurs de toutes les couleurs un peu partout en décoration.
C'est très beau et le tout réuni forme un splendide tableau. En face du parking, il y a un énorme escalier avec des rembarres de chaque côté et au milieu, qui mène au premier bâtiment. Je descends de ma voiture au moment où mon père arrive vers ma portière.

- Wow, c'est magnifique! Dis-je, je savais à peu près comment c'était d'après le dépliant et le site internet mais c'est encore plus joli en vrai!

- Je suis bien d'accord avec toi ma fille! Et dire que cela fait vingt ans que je n'ai pas remis les pieds ici... Le temps passe trop vite! Répond-t-il.

- Je propose qu'on aille mettre mes affaires dans ma future chambre et qu'ensuite on aille faire un petit tour sur campus, si tu es d'accord? Lui demandé-je.

- Ça me va si tu veux faire la visite dans cet ordre Kathy, dit-il en souriant.

Nous sortons mes trois valises et mon sac de sport des voitures et nous nous dirigeons vers le bâtiment où sont installés les dortoirs. Je sais, de par mon père, que les dortoirs ne sont pas mixte mais que les douches communes, elles, le sont... Cette idée ne me plaît pas plus que ça mais ce n'est pas comme si j'avais le choix... Et à vrai dire, je ne m'étais jamais posée la question... Bon... En même temps, ça fait des années que je vis seule avec un homme, (même si il s'agit de mon père...), donc pour les douches je vais réussir à m'y faire.
Je n'ai pas parlé de mon inquiétude à mon père à ce sujet, car je sais qu'il serait intervenu auprès du Président de l'université (son ami d'enfance) pour que je me retrouve privilégiée d'une façon ou d'une autre. Et je ne veux pas qu'il se mêle de ma vie universitaire et que les autres étudiants n'osent pas m'approcher à cause de ça...
J'aime mon père mais je ne veux pas avoir honte non plus. Et hors de question que je sois favorisée parce que mon père est l'un des meilleurs amis du Président de CSULB. Après avoir traversé plusieurs couloirs et monté deux étages, nous arrivons devant la porte, de ce qui va être mon chez-moi pendant quatre années consécutives!
Mon père ouvre la porte et passe devant moi avec mes valises. Il n'y a personne dans la chambre à part nous mais des sacs sont déjà posés sur le sol vers la fenêtre. La chambre est quand même grande, je trouve, mais je ne suis pas sûre que les armoires pourront contenir toutes mes affaires... De chaque côté des armoires, il y a des petits bureaux.
En face, il y a deux lits à un mètre du sol avec une commode à trois tiroirs sous chacun d'eux et une petite échelle pour y monter. Aux pieds des lits, il y a la fameuse penderie trop petite pour se la partager à deux mais il va falloir faire avec, malheureusement pour moi...
Sur chacune des portes il y a des miroirs. Puis au niveau des têtes de lit, il y a la seule et unique fenêtre de la pièce.

- Voilà, tu y es! L'université de Long Beach ma chérie! Dit mon père avec fierté.

Entre Deux Feux (Terminé, en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant