Chapitre 9 - Kieran

70 12 4
                                    

-9-

Kieran



Quand Alice m'a dit que Canada n'était pas sûre de venir dîner probablement par peur que la soirée soit un fiasco, je n'ai pas pu m'empêcher de lui écrire. Je sais. Je pensais lui faire accepter mes excuses et passer à autre chose, mais je préférerais que nous restions sur une bonne impression sans vraiment savoir pourquoi. Par messages nous communiquions en paix mais cela semble être plus compliqué l'un en face de l'autre. Lorsque Canada se tient devant moi, elle provoque un feu en moi qui me donne envie de lui sauter à la gorge. Je pense que c'est purement physique, elle doit me renvoyer une image négative ou quelque chose comme ça. Il va falloir que je travaille là-dessus pour essayer de créer et maintenir une relation cordiale avec elle.

Je dépose les champignons dans mon caddie et fais rapidement le tour des rayons pour être sûr de ne rien oublier. Mes yeux se posent spontanément sur l'alcool. Bonne idée. Je me dirige vers le vin blanc car je sais que Canada aime ça. Je prends l'une des bouteilles les plus chères, ne sachant absolument pas lequel choisir. Je ne bois presque jamais de vin, sauf si on me sert un verre et que je suis forcé de le boire. Ce n'est définitivement pas mon alcool de prédilection.

Mon passage en caisse se fait rapidement, Dieu merci. C'est l'heure idéale pour faire les courses et s'il y a bien quelque chose que je déteste : c'est faire les courses dans un magasin blindé de monde. Je veux vraiment que cette soirée soit réussie et j'espère que ce sera le cas, qu'on oublie toute cette histoire et que je n'en entende plus jamais parler. Lorsque j'arrive chez moi, j'ai à peine le temps de ranger les achats que la sonnette retentit. Je regarde spontanément ma montre. Il est déjà vingt heures et je n'ai pas vu le temps passer. Il est vrai que j'ai quitté mon cabinet un peu tard ce soir, mais j'étais persuadé d'avoir plus de temps devant moi. Loupé.

J'ouvre la porte et découvre une adorable brunette aux lèvres prune et en robe d'été rouge. Je remonte immédiatement mon regard sur ses yeux et je sens à nouveau cette brûlure dans ma poitrine qui me met tant en colère. Rapidement, j'enrage. Je reprends ma respiration aussi discrètement que mes poumons me l'autorisent. Je ne vais pas commencer, elle n'a même pas fait un pas à l'intérieur... Je crois qu'elle s'attendait à tomber nez à nez avec Alice car elle me fixe également sans rien dire. Elle murmure finalement un salut bancal. Elle ne sait pas comment elle doit se comporter, je le vois. Je crois en fait qu'elle s'attend au pire venant de moi à tout moment. C'est fair-play au vu de nos antécédents. Je m'écarte de la porte pour l'inviter à rentrer et Canada s'exécute silencieusement. Elle se retourne vers moi et je verrouille la porte avant de lui accorder à nouveau mon attention. Elle me tend un petit paquet soigneusement emballé. Elle semble avoir retrouvé sa contenance.

- Livraison, me dit-elle avec un grand sourire amusé.

Je récupère le paquet. Je crois déjà savoir ce que c'est. Je déchire le papier et découvre un objet rond brillant et rose. Qu'est-ce que...

- C'est un miroir de poche. Pour que tu puisses te regarder où que tu ailles.

Je relève les yeux sur elle, un sourcil arqué. Je ne sais pas si elle m'attaque ou si elle plaisante. Et son sourire, bien que lumineux, ne m'aide pas à y voir plus clair.

- Est-ce que tu te moques de moi ou quelque chose comme ça ?

- Non non, s'exclame-t-elle.

Elle tend spontanément la main vers moi et j'ai presque envie de la lui saisir. Je me retiens, lui demandant des explications avec les yeux. Elle comprend immédiatement.

GravitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant