Chapitre 7

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Elisabeth plissa les paupières se concentrant de toutes ses forces sur les bribes da sa vie antérieure, qu’elle venait d’entrapercevoir. 

- Je connais à présent l’identité de celui qui m’est venu en aide, révéla-t-elle. Au début je ne l’ai pas reconnu. Il était grand et musclé. Ses cheveux, aussi noirs que les plumes d’un corbeau, lui arrivaient aux épaules. Son visage, à la fois doux et sévère, était d’une grande beauté. Il portait une sorte de costume de guerrier comme dans l’un de ces péplums. Mais dès qu’il m’a regardé, j’ai su qui il était… Jamais je ne pourrai oublier ces yeux, aussi bleus qu’un ciel d’été sans nuage.

- Tu veux dire comme ceux de Charlie ? L’interrompit Violette.

   Elisabeth acquiesça d’un hochement de tête et laissa le soin à son amie d’expliquer à Elowyn, à qui elle faisait référence. Puis elle demanda à la gardienne, pourquoi le regard du jeune homme était resté inchangé d’une vie à l’autre.

- Les yeux sont les miroirs de l’âme. Au fil des vies, nos corps changent et évoluent mais notre regard reste le même.

   Elisabeth médita un instant la réponse énigmatique de la gardienne, puis repensant à ce qu’elle venait de vivre, à cet amour charnel si puissant qui la liait au beau combattant, rougit en posant la question qui lui brûlait les lèvres depuis son retour.

- Et lui, est-il au courant ? Demanda-t-elle. Sait-il que nous étions ensemble par le passé ?

- Je ne pense pas, répondit prudemment Elowyn. Vos âmes se sont reconnues lorsque vos chemins se sont croisés à nouveau et cela explique en partie votre attirance mutuelle, dit-elle naturellement sans s’inquiéter de l’embarras de la jeune fille. Mais très peu nombreuses sont les personnes dotées du don de double vue.

- Ces « souvenirs », comme vous les appelez, me paraissent si réels. J’étais elle, vous comprenez ! J’ai ressenti son amour pour lui, sa frayeur à l’idée de le perdre à jamais. Mon seul et unique souhait était de le protéger contre ceux qui nous voulaient du mal. Je n’ai même pas été surprise de voir cette magie à l’œuvre…

- Quelle magie ? Demanda la matrone, sur ses gardes.

- Mes brûlures, enfin les siennes je veux dire, elles se sont guéries toutes seules. C’était comme si mon corps fabriquait une nouvelle peau sous mon injonction.

   Elowyn réfléchit un moment avant de murmurer pour elle-même :

- Une guérisseuse peut-être… Mais se soigner soi-même demande une grande dextérité, dit-elle plus fort.

   Désireuse de changer de sujet de conversation, la gardienne lui fit ensuite part de sa fierté de l’avoir sous sa protection. En effet, selon elle, peu de novices arrivaient à avoir des résultats concluants en pratiquant ce type d'entraînement pour la première fois. Elle avait réussi dès sa première tentative, ce qui était rare et extraordinaire.

   Elisabeth, acceptant une fois encore le caprice de sa guide, la remercia avec beaucoup de gratitude. Puis se souvenant brusquement d’un détail, s’exclama :

- Fand ! Il m’a appelé Fand !

- Tu en es sûre ? Questionna la vieille dame, l’inquiétude creusant un peu plus les rides de son visage. Si c’est le cas alors tu étais bien plus puissante que tout ce que je supposais, murmura-t-elle pensivement.

- Vous connaissez cette Fand ? Demanda Violette, rappelant ainsi Elowyn au moment présent.

- Vous savez, on nous a donné beaucoup de noms différents selon les époques et les lieux où l’on se trouvait, expliqua-t-elle. Gardienne, devineresse, prophétesse, druidesse, Vate… Mais finalement, nous ne sommes qu’un petit cercle de femmes essayant d’aider au mieux les personnes qui en ont besoin. Pour remplir nos objectifs, nous devons connaître notre histoire et celle de nos sœurs. Fand a vécu il y a bien longtemps de cela, en des temps si anciens qu’elle est devenue pour tout un peuple un simple mythe.

A tire-d'aile (complet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant