Chapitre 4

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   Elisabeth prit le volant et Violette lui indiqua de quitter la ville et de tourner sur la petite nationale qui longeait les bois. Une fois sur la bonne voie, Violette la questionna, mine de rien, sur la présence de Charlie dans le parc quelques minutes plus tôt.

- Juste une rencontre fortuite … une simple coïncidence ! répondit Elisabeth réticente.

   Violette n’insista pas et se contenta de lui fournir les indications dont elle avait besoin. Une quinzaine de minutes plus tard, elle lui demanda de se garer sur le bas côté. Elisabeth obéit même si elle ne voyait pas où tout cela aller la conduire. Il n’y avait rien au alentour, rien mis à part d’immenses sapins et d’autres arbres, qu’elle était incapable de reconnaître.

   Elle éteignit le moteur et suivit son amie. C’est seulement une fois à ces côtés, qu’elle distingua un petit chemin qui serpentait loin de la route pour s’enfoncer sous les arbres.

   Elles se mirent en route, mais une fois à la lisière de la forêt, Elisabeth fut prise d’une angoisse foudroyante : des sueurs froides coulaient le long de sa colonne vertébrale, son souffle était sourd et saccadé, et son cœur s’emballait. Ne comprenant pas cette réaction si violente, elle fut obligée de s’accroupir laissant aller sa tête entre ses genoux. Elle réalisa avec stupeur qu’elle était sur le point de vomir.

   Elle sentit alors la main fraîche et rassurante de son amie sur son épaule et entendit, comme un écho lointain, la voix de Violette inquiète lui demandant ce qui se passait. Tremblante, elle s’assit lentement et d’un signe de tête fit comprendre à son amie, qu’elle se sentirait mieux dans une minute, juste le temps de se remettre de ce choc.

   Enfin de nouveau elle-même, elle fut capable de lui répondre en lui souriant faiblement :

- C’est passé, ne t’inquiète pas, je vais beaucoup mieux !

   Passant sa main sur son front moite, elle reprit :

- Je ne comprends pas ce qui m’est arrivé … C’était comme si mon corps tout entier protestait, comme s’il refusait que je rentre là-dedans, dit-elle en pointant son doigt en direction des bois. C’est bon, allons-y maintenant ! dit-elle en se levant, le corps endolori et la respiration encore haletante.

- Tu en es sûre ? demanda Violette vraiment effrayée. On peut remettre ça à plus tard, tu sais ! Tu ferais peut-être mieux de rentrer pour te reposer un peu. Lui proposa-t-elle.

   Elisabeth déclina sa proposition et lui fit signe de passer devant. Hésitante, elle franchit le seuil de la forêt, terrifiée par une nouvelle crise potentielle, aussi violente que la dernière. Elle fit une pause, attendit mais rien ne se passa, à part un léger frisson. Elle soupçonna un instant distinguer un bruit sec venant de la gauche, mais quand elle écouta plus attentivement, elle n’entendit plus rien. Encore une fois son imagination lui jouait des tours.

   Tout au long du chemin, Violette la regardait de temps en temps pour vérifier que tout allait bien pour elle. Après un moment, qui sembla durer une éternité, elles aperçurent devant elles une lueur leur indiquant qu’elles sortaient des bois.

- On est presque arrivé, lui assura Violette.

   En sortant de la forêt, Elisabeth dut cligner des paupières plusieurs fois, avant de pouvoir s’habituer à l’étrange luminosité qui régnait dans ce lieu.

   Elles avaient débouché sur une grande clairière, des milliers de marguerites jonchées le sol et on entendait le chant de nombreux oiseaux qui s’élevait en une douce harmonie. Un peu plus loin, Elisabeth découvrit un immense lac gris bleuté où le soleil se reflétait par endroit, provoquant à sa surface une exquise lumière orangée et donnant ainsi à cette contrée un air quelque peu magique. 

A tire-d'aile (complet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant