A tire-d'aile (complet)

Chapitre 9

  Etrangement, lorsqu’Elisabeth ouvrit les yeux le mercredi matin, elle était en pleine forme, reposée et surtout en paix. D’habitude après un tel rêve, elle était épuisée physiquement et psychologiquement, mais là ce n’était pas le cas.

   Peut-être commençait-elle à s’habituer à ces intrusions nocturnes ? Ou alors Fand était morte cette nuit-là et c’était le dernier souvenir que son âme souhaitait partager ? A cette pensée son cœur se serra comme après la perte d’une très bonne amie.

   Elle finit de se préparer partagée entre le sentiment d’euphorie qui la gagnait à d’idée d’être libérée et enfin seule dans sa tête, et celui d’une infinie tristesse comme si elle était en deuil.

   Elle choisit de profiter pleinement de sa matinée et remettre à plus tard ses questions et ses doutes. Elle irait discuter avec Elowyn plus tard, après sa séance avec sa psy. Bien sûr elle avait besoin de réponse et elle était déterminée à les obtenir mais pas tout de suite…

   Arrivée au lycée, elle aperçut Violette et Charles, qui l’attendaient ensemble sur le parking, riant ensemble de bon cœur. Une pointe de jalousie la titilla et ce fut méfiante qu’elle s’avança vers eux.

   Cependant dès que Charlie la vit arriver, il fixa toute son attention sur elle et l’accueillit chaleureusement lui prenant la main comme à son habitude.

   Plus rien n’existait alors autour d’eux. Tout ce qu’Elisabeth désirait, était là devant ses yeux. Elle souhaitait contempler son beau visage et se noyer dans l’océan de ses yeux. Pour la première fois depuis longtemps, elle était sûre d’elle et de ses sentiments.

   C’était bien elle, et non Fand, qui voulait demeurer à ses côtés … Elle aussi qui avait un besoin viscéral de le toucher.

   Violette, consciente de l’état d’esprit de ses deux amies, s’éclipsa volontairement pour leur laisser un peu d’intimité.

- Bonjour, murmura enfin Charles. Bien dormi ?

- Oui, très bien, bredouilla-t-elle confuse. Dis-moi, je croyais que tu devais rester avec Alban ?

- Non pas aujourd’hui ! répondit-il fermement. Je ne sais pas ce qu’il lui prend mais moi j’aime ta compagnie, lui garantit-il en souriant.

   Le mot « aimer » résonnait encore dans l’esprit d’Elisabeth, lorsqu’il la laissa devant sa classe. Elle crût que son cœur allait exploser tellement elle était heureuse. Elle gagna sa place à côté de Violette, rayonnante de bonheur.

- Eh bien, Miss Sunshine, ça a l’air de très bien se passer avec Charlie ! Affirma son amie se moquant gentiment.

   L’adolescente lui expliqua brièvement les raisons de son allégresse et lui demanda si elle souhaitait l’accompagner au Lagon en fin d’après-midi. Violette y consentit aussitôt, puis se concentra sur la leçon du jour.

   A 17H30, les deux amies se dirigèrent ensemble vers la forêt, devenue si familière depuis quelques temps. Elles trouvèrent le Lagon sans aucune difficulté mais furent étonnées de ne constater aucun changement dans le décor.

   Tout était exactement à la même place qu’à leur dernière visite. Elisabeth était sur le point d’interroger son amie à ce sujet mais s’abstint finalement devant son visage fermé.

   Elowyn, comme d’ordinaire, les attendait un sourire affectueux aux lèvres.

- Qu’est-ce qui vous amènent aujourd’hui, mes jeunes amies ? Questionna l’Ancienne.

   Les deux adolescentes vinrent la saluer, la prenant dans leurs bras chacune à son tour. Elisabeth s’étonna silencieusement quand elle sentit ce corps si frêle contre le sien.