Chapitre Six - Partie une.

416 34 0
                                    


  Daisy était une personne vraiment très gentille, je regrettais de l'avoir jugée aussi mal au début

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Daisy était une personne vraiment très gentille, je regrettais de l'avoir jugée aussi mal au début. Après tout, elle ne m'a rien fait, elle est juste différente. J'avais jugée Daisy exactement comme les autres me jugeaient. Elle était si féminine. Assise sur le canapé, les jambes croisées , buvant son thé avec le petit doigt en l'air, chaque geste était une perfection. Je n'imaginais pas que Daisy avait pu être un homme avant.

«Bon, première leçon.»

Je ne savais pas à quoi m'attendre, j'attendais ses ordres.

«Marche »
«Pardon ?» gloussais -je
«Marche »
«Sans talons ?»

Elle hocha la tête. Je finis par m'exécuter.

«Non, c'est pas bon !»

Quoi ? Je sais marcher quand même ! Ça fait 17ans que je marche. Vexée je recommençais.

«On croirait un bûcheron.»
«Quoi ? Non ! »riais-je.
«Allez, recommence .»

Je m'exécutais de nouveau.

«Marche avec plus de douceur, balance légèrement tes bras et tiens toi droite » me répétait Daisy.

J'essayais, mais à chaque fois, rien ne la satisfaisait.

«C'est quand que je mets les talons ?» grognais-je
«Chaque chose en son temps, tu n'es pas prête »

Elle était sympa, mais alors là, elle me tapait sur les nerfs . Calvin se tenait dans un coin de la pièce, silencieux.

«On va faire un exercice » déclara-t-elle en me posant un livre sur la tête.
«Marche sans faire tomber le bouquin » ordonna t-elle.

Inutile de vous précisez que j'ai dû répéter cette exercice plusieurs fois. Au bout de 2 heures, j'ai finis par comprendre. J'arrivais à marcher élégamment, je fixais un point et faisais vaciller mes hanches.

Il m'a fallu la journée entière, mais Daisy avait réussi à faire de moi une vraie demoiselle . Je savais comment m'asseoir, comment sortir d'une voiture et marcher avec des talons.

«Je ne les quitterais plus jamais ! »dis-je en marchant fièrement de 5 centimètres en plus.
«Parfait ! Demain on décodera les gestes ensembles »
«Oh ! Mais demain je travaille à la sandwicherie.»
«On viendra là bas moi et Calvin, c'est l'endroit idéal pour décrypter »

Je partis chez moi le sourire aux lèvres. Le soir, je dînais sans stresse, mon père était malade, il était resté au lit. En allant me doucher pour la première fois au lieu de me rabaisser devant le miroir à la vue de mon corps nu, je m'automotivais, je pouvais le perdre ce ventre ! Moi qui n'osais pas regarder mon poids sur la balance, je me précipita dessus pour connaitre mon poids exact.

1m59 pour 82 kg.

Seulement 20 kg me séparaient d'Alex, d'une vie sociale normale et d'un bien être absolu. Je commençais à m'en vouloir d'avoir mangé mon steak en entier ce soir, j'ai séparé Alex de plusieurs semaines de moi en faisant ça. Je commençais à paniquer. Combien de séances de sport et de légumes faudra t-il pour éliminer ce steak ? Je sens l'eau chaude couler sur ma peau, les larmes coulent aussi, ma gorge se serre. Pourquoi j'ai mangé ce steak ?! Je me surprends à me taper sur le buste violemment. Ça fait mal mais je le mérite. C'est ma punition. En sortant de la douche, je me jette sur mon compas et écris sur mon ventre : ALEX.
Du sang dégoulinait des lettres de son prénom, mais j'étais fière, c'était une motivation et à la fois une punition pour ce ventre qui me pourrissait la vie. Je partis au toilette dans mon élan et me força à éjecter tout mon malheur, plus je vomissais, plus je comptais les jours qui diminuaient de ma séparation avec les autres. C'est ce jour là que tout à commencé, que ma vie à pris un tournant où je ne pensais qu'à maigrir, me sous alimenter.

«Chérie, ça va ? »demanda ma mère.
«Oui, beaucoup mieux »

Le lendemain.

Je ne commençais qu'à 13h00, mais je me leva à 5heures. Je bus un verre de jus d'orange et alla courir dans le parc où j'avais rencontré Calvin toujours essoufflée au bout de 2 minutes. Je me forçais à dépasser mes limites. J'étais près d'une boulangerie et une brise d'air au croissant me chatouilla les narines. L'ancienne Avy se serait précipitée, mais la nouvelle était une battante. Les écouteurs à fond, je fis comme si de rien était. L'ultime épreuve fut quand je passa devant mon buisson, ma cachette, je savais qu'il y avait une machine à pop-corn et un garde-manger derrière, mais je fis comme si cet endroit n'avait jamais existé.

Casse croute Fast 13h00

Je mets mon tablier, attache mes cheveux et me prépare psychologiquement à affronter les caprices des clients. Dans les cuisines, il fait affreusement chaud, la clim est cassée et Barney est malade. Il y a une épidémie de gastro ces derniers temps. Je nettoie le bar et essuie les verres. J'aperçois Cody en train de peloter une fille et cette fille n'est pas sa copine ! Je savais qu'il avait une réputation de chaud lapin, mais je pensais que c'était qu'une rumeur de couloir. Pauvre Kate, ce n'est pas une fille méchante, elle est juste un peu naïve. Elle voit la vie en rose, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Étant très attachée à la religion et aux traditions, elle souhaite rester vierge jusqu'au mariage. Comment peut-on continuer à avoir ce genre de choix de vie, lorsque l'on sort avec Cody ? Il a toujours un sourire coquin qui en dit long sur l'activité de son entre jambe. Cody est beau, mais intérieurement c'est un homme des cavernes. Il est macho , arrogant et à la mauvaise manie de ne jamais regarder une fille dans les yeux quand il lui parle. Je m'avance vers eux pour les servir.

«Vous avez choisi ?»
«Un coca et un sandwich bacon cheese » me dit-il en regardant mes fesses.

Ça y est, je reconnaissais la fille près de lui, c'est Miranda du lycée Dacota, c'est la "Mary" du lycée de là bas. Elle avait les bras si fins. Je la regardais bouger les lèvres, mais je ne faisais pas attention à ce qu'elle disait, j'étais concentrée sur ses magnifiques cheveux et ses pommettes rose bonbon.

«Hein, tu as dit quoi ?» finis -je par lancer.
«J'ai dit que je veux de l'eau pétillante et des haricots verts cuits à la vapeur ! »répéta t-elle.

N'empêche Cody devait vraiment être en manque pour sortir avec une chienne pareil. Le lycée Dacota était situé de l'autre coté de la ville et pourtant tout les exploits de Miranda étaient connus ici.
On dit qu'elle s'est tapé un professeur dans les WC. Qu'elle s'est fait toute l'équipe de rugby dans les vestiaires et même qu'elle était lesbienne dans un club d'échangisme...
Je nota la commande dans mon bloc note, puis, alla voir Barney. Il allait vraiment mal.

«Tu devrais te reposer un peu» lui dis-je inquiète.
«Non, ça va aller » dit-il à bout de souffle.

Quelqu'un toqua à la porte de la cuisine. Je me retournais, c'était Calvin.

«Prête pour ta leçon ?»
«On va essayer ».

J'avais à peine tourné le dos à Barney que j'entendis un grand fracas. La poêle était en feu et Barney à terre.

«Vite un extincteur ! »cria Calvin.

Pattie couru dans la cuisine.

«Barney réveille toi ! »le secoua t-elle.

J'apporta un verre d'eau à Barney qui reprenait connaissance. Les clients commençaient à se plaindre.

«Comment on va faire pour cuisiner et servir les clients ! »demanda Pattie paniquée.
«Je peux cuisiner moi ! »dit Calvin.

Je regardais une demi seconde Pattie puis hochais la tête.
Daisy entra dans la cuisine à son tour.

«Oh mon dieu ! ça va ?! »dit-elle en se précipitant sur Barney à terre.
«Il se réveille petit à petit, aide moi à le monter là haut »dis-je en lui montrant les escaliers qui conduisait chez lui.

En le portant avec Daisy, j'ai pris conscience de toute sa force. En apparence elle paraissait fragile et légère, mais en réalité, elle avait des muscles de déménageur. C'était un homme, quoi. Après l'avoir mis sur son lit, je descendis avec Daisy pour ma leçon. Je lui servis un café et une viennoiserie.

«Merci » dit-elle poliment.
«Alors, ma leçon ? »dis-je excitée.
«Tu vas observer »
«Observer quoi ? »demandais-je prise au dépourvu.
«Le monde qui t'entoure »
«Je ne vois rien à part des gens qui mangent»
«Ah oui, vraiment ? Et l'homme là bas avec la casquette ?» dit-elle en me le pointant du doigt discrètement.
«Il a quoi ?»
«Observe » insista t-elle.

Il devait avoir une trentaine d'années. Il ne bougeait pas, il ne mangeait pas.

«Il ne bouge pas »dis-je.
«Oui et sa position ?»
«Dis moi »dis-je curieuse.
«Il se tient l'arrête du nez et affiche un regard vide »
«Et alors ? »la questionnai-je.
«Il est stressé, il attend quelque chose »

J'étais surprise de sa déduction. C'était une personne vraiment perspicace. Soudain, une lumière, une étoile, un soleil, non la perfection, ma perfection rentre. Je ne vois que lui. Il regarde de droite à gauche si il n'y a pas une place de libre. C'est Alex. Il a un hématome sur la joue, ça a l'air bien enflé. Mon cœur s'arrête. J'ai bien fais de vomir mon repas hier. Je le vois s'asseoir au fond. Il tient fermement la carte des menus, concentré sur chaque mot, chaque lettre, chaque forme.

«Et le mec avec le t-shirt bleu là bas, tu peux me le décrypter ?»
«Très beau jeune homme »

Je serra mon poing. J'étais un peu possessive en ce qui le concernait.

«et ?»
«Il est songeur »dit-elle en caressant le haut de sa tasse.
«Et tu penses que c'est le moment pour installer un dialogue ?»
«Attends...C'est lui Alex ?»
«Mais qui t'as parlé de lui ?!»m'exclamai-je
«Ah mais oui ! bien sur ! CALVIN »râlais-je en levant les yeux au ciel.
«Vas y, je vais décrypter ses gestes quand t-il te parle »
«Mais je ne sais pas quoi lui dire » dis-je nerveuse.
«Improvise » dit-elle en me poussant.

Alex n'est pas souvent seul et puis peut-être que cette chance ne se représentera plus jamais. Je m'avança vers lui.

«Tu as choisi ? »demandais-je doucement.

Il ne répond pas. Il reste à regarder la carte, concentré.

«Alex ?»
«Hein ?»
«Ton menu »dis-je en pointant la carte.
«Je ne sais pas, je ne sais plus .»
«Ça ne va pas ?»
«Pas trop, mais j'ai pas envie de t'embêter avec ça.»
«Quoi ? non ?! Tu ne m'embêtes pas » dis-je en m'asseyant en face.

Il ne disait rien. Il regardait par la fenêtre. Je regardais au loin Daisy qui me faisait signe de lui parler.

«Est-ce que c'est en rapport avec la blessure sur ta joue ?»

Il me regardait droit dans les yeux maintenant. Je n'avais jamais vu un regard aussi perçant. Une onde de chaleur me traversa le corps. Je continuais de soutenir son regard attendant une réponse.

«Ça te dirait de prendre l'air un peu ? Je me sens à l'étroit ici. »dit-il en se levant.

«Euh je sais pas...Enfin je suis de service pour l'instant »dis-je hésitante.
«Si , elle est d'accord ! »dit Calvin en sortant de nul part.

J'arrive pas à le croire ! Moi Avy je marchais dans la rue à côté de ALEX.

Journal d'une suicidaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant