Chapitre 3

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31 juillet 1892

Célia, comme à son habitude, se leva particulièrement tôt. Le jeune indien du wagon restaurant vint lui servir son café et des toasts grillés en avance. Elle était seule à prendre son petit-déjeuner ce matin. Personne n'était encore levé.

Brusquement, le train s'arrêta à la gare de Nagpour. Plusieurs passagers se mirent à descendre tandis que d'autres y montaient. L'agitation créa un vacarme épouvantable.

Sur le quai, la jeune femme aperçut une dizaine d'hommes portant de larges turbans rouges enroulés sur la tête. À leurs habits, Célia sut qu'il s'agissait de soldats. Tous étaient vêtus d'un uniforme vert-bleu assez foncé, monté d'une ceinture aussi rouge que leur coiffe. La majeure partie portait une carabine dans le dos, excepté les plus jeunes qui trimballaient de lourds sacs en toile.

Célia eu un frisson lorsqu'elle remarqua les armes à feu. Elle n'était pas du tout friande de ces engins.

Le plus décoré d'entre-eux, avait une quarantaine d'année et marchait fièrement en avant de la troupe. Il était légèrement bedonnant et portait une grosse barbe touffue grisonnante qui rappelait beaucoup à la jeune femme, celle que Mister Ghunam portait.

Ils entrèrent dans le train, créant un raffut encore plus épouvantable dans les wagons. Étrangement, Célia les entendit parler anglais entre-eux. Apparemment, ils allaient loger dans la bagagerie en tête du train et n'étaient pas très enthousiastes à cette idée.

Quelques minutes plus tard Alexander sortit de sa cabine et alla vers le restaurant. Célia, captivée par tout ce monde ne le remarqua pas tout de suite.

« Qui diable sont tous ces gens ? » demanda le bel homme.

La jeune femme se tourna vers lui.

« Je pense que ce sont les policiers dont nous avaient parlés les Lewis hier, répondit-elle. Vous savez, concernant les bandits. »

Il haussa les épaules et commanda son repas au serveur. Puis, il se mit en face de Célia.

« Vous avez bien dormi ?

— Alexander, voyez-vous de quelconques cernes sous mes yeux ? Non ! Donc oui, j'ai très bien dormi. »

Il prit un air irrité.

« J'essayais juste d'être poli.

— Vous n'avez pas besoin d'être poli avec moi, je pensais que cela était clair.

— Êtes-vous encore en train de chercher la guerre ? Parce que je ne suis pas d'humeur, Célia.

— Pourquoi ? dit-elle sèchement. Auriez-vous mal dormi Sir Alexander ? »

Il soupira.

« Effectivement, je n'ai pas bien dormi. Merci de vous préoccuper de moi, fit-il sarcastiquement.

— Détendez-vous, je vous taquinais. Qu'est ce qui ne va pas ? »

Le jeune indien vint lui servir son thé. Il attendit qu'il soit parti et murmura.

« Célia, quelque chose cloche avec votre entreprise. Et votre père ne veut pas me laisser jeter un coup d'œil sur les comptes.

— Que voulez-vous dire ? demanda-t-elle étonnée. Tout va bien. Nous faisons des profits conséquents.

— Je ne peux pas vous dire exactement, mais il semble qu'il y ait eu des retraits d'argent louches ces dernières années.

— Comment pouvez-vous savoir cela s'il ne vous à pas montrer les comptes ?

Tea & Coffee : Le Crime du Darjeeling-Express (livre I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant