Chapitre 4

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1er août 1892

Célia avait pourtant essayé de prendre des pincettes avec son père, Harold, cependant, ce ne fut pas suffisant.

« Père, je t'en prie, je dois à tout prix regarder ces comptes ! lança Célia.

— Pourquoi êtes vous aussi insistants là-dessus toi et Sir Alexander ? » cria Harold fou furieux.

Il s'avança au fond de sa cabine en grognant vers une mallette et en sortit un gigantesque cahier relié en cuir. Il le jeta violemment sur son lit et se retourna vers sa fille.

« Le voilà, il n'y a rien de louche là-dedans ! reprit-il toujours énervé.

— Ne te mets pas en colère, père, dit la jeune femme. Je ne fais cela que pour lui prouver que nous n'avons rien à cacher. Mais je lui ai promis hier que je regarderais.

— Bon sang ! Il faut qu'il nous laisse tranquille ! » hurla-t-il.

Harold ne se calmait pas, bien au contraire, il devenait de plus en plus rouge. Alors, pour calmer ses nerfs, il s'assit sur un fauteuil et se servit un verre de whisky.

« Tu ne devrais pas boire si tôt, fit Célia en le regardant siroter son alcool.

— Oh ça suffit, lui dit-il. J'en ai assez que l'on me dise quoi faire, quoi manger, quoi boire. Je vais bien Célia. Je n'ai pas besoin d'une nany. »

Elle soupira et regarda attentivement l'épais cahier où leurs comptes d'entreprise figuraient, écrits à l'encre brune. Seules les cinq dernières années étaient représentées, ce qui correspondait à la mort de la mère de Célia. Elle les feuilleta assise à une table durant plusieurs minutes en prenant soin de noter tous les dépôts et retraits de plus de 100£. Mais tout semblait être en règle, comme elle s'y attendait.

« Célia, j'en ai assez, reprit le père en finissant son verre. Ce mariage ne va rien apporter de bon. Les Butler sont constamment sur mon dos. »

La jeune femme le regarda fixement.

« Pourquoi ne pas annuler le mariage alors ? » demanda-t-elle à moitié surprise.

Il secoua la tête et se leva de son siège pour se déplacer devant la petite fenêtre de sa cabine. Célia le suivit des yeux, attendant sa réponse.

« Et briser le cœur de Mary ? Non jamais. »

Harold marqua une petite pause et continua.

« Je suis désolé Célia. À ma mort, ils vont te harceler à ton tour et tu vas devoir régler cela toute seule. »

Il se déplaça vers elle et prit son visage entre ses mains rêches. Sa fille posa les siennes sur les poignets de son père et lui sourit.

« Ne t'en fait pas. Je peux les gérer sans problème.

— Je sais que tu peux le faire », lui répondit-il.

Harold lui baisa le front et lâcha son visage avant de se rasseoir sur le fauteuil.

« Alors Célia, lui dit-il, as-tu trouvé quelque chose de louche ? »

À son tour, elle se leva de son siège et ferma le cahier.

« Non, tout est correct. Sir Alexander va être content.

— Je ne crois pas, fit lassement Harold. Il n'est jamais content. »

Sa fille ricana et rangea les comptes dans la serviette de son père.

« Papa, dit lentement Célia, de quels problèmes parliez-vous exactement avec Alexander il y a deux jours ? »

Tea & Coffee : Le Crime du Darjeeling-Express (livre I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant