Délictueux [En Pause]

Chapitre III

Gavin

Une semaine s'est écoulée, aussi longue qu'un foutu sablier. J'ai dû bosser d'arrache-pied sur les maquettes proposées parce que Bart et Angus étaient pas disponibles. Dans l'industrie musicale, sur cent projets envoyés, quatre-vingt dix neuf finissent à la poubelle. Mon boulot consiste à écouter, à donner un avis et dénicher la perle rare. Et franchement, en ce moment, tout ce que j'écoute me donne envie de gerber. Le côté positif, et bien, c'est que certaines sont tellement prête à tout pour percer, que je les percent sans retenue avant de les dégager parce que leurs voix sont à chier. Ma bite a étanché sa soif, voyons le bon côté des choses. Si je dois torturer mes tympans de leurs merdes qu'ils considèrent être de la musique, j'ai bien le droit de torturer leurs chattes avec mon membre. Question d'équité. Assis à mon bureau, je traite les conneries habituelles. Des mails, des retours, des dates, toujours selon mes disponibilités. Je préfère largement me farcir ces conneries que d'écouter encore et encore des disques sans aucune saveur, ni personnalité. Et puis c'est le job de Bart, pas le mien. Le studio me manque, il me tarde d'y retourner. Angus a passé sa semaine en famille. La belle affaire. Sa sœur est si grosse et si chiante qu'elle ne peut pas lui lâcher les couilles deux minutes ? Sérieusement. C'est un vrai cauchemar. Mes doigts veulent composer et gratter les cordes d'une de mes guitares. Une semaine, putain. Heureusement, on est vendredi. Et vendredi, on sort. Il y a de fortes probabilité pour qu'on ne reparte pas seul. Un quatorze ferait l'affaire. Parce qu'évidemment, je n'ai pas revu la bombe vingt-deux. Non, je l'aurai séquestrée chez moi, sans remords et elle aurai compris qu'on ne joue pas avec moi. Je joue selon mes règles, et par principe, elles endurent. Point. Et une fois que j'en ai fini avec elles, elles dégagent. Et pour le coup, Angus me fait vraiment chier de pas être là. Il sait comment je fonctionne, il est pareil que moi. C'est pour ça qu'on est potes d'ailleurs. Elijah et Ian, sont moins pires. Si on peut dire ça. Ian a sauté une famille entière, les filles et la mère. Sans scrupules. L'enfoiré. J'en ai fait des trucs dégueulasses dans ma vie, mais une maman... faut pas déconner. Je reste encore quelques heures dans mon bureau, et j'annonce à Travis que je me casse.

- Travis, j'ai fini. Tu peux rentrer chez toi.

- Bien, monsieur. Je vous appelle votre chauffeur  ?

- Je vais marcher. Merci.

- Bonne soirée, monsieur.

Ce mec est loin d'être une gravure de mode. Pourquoi il n'y a pas de secrétaire de sexe féminin ? Parce que je finis toujours par me les faire, et si ce n'est pas moi, c'est les autres. Et le grand patron a décidé qu'un mec ferait l'affaire. Sur le coup, j'ai ris jaune. Mais au final, ce type a plus de compétences que toute les connasses précédentes qui ont travaillés pour nous. J'ai beau lui répéter qu'il peut m'appeler par mon prénom, il n'en fait rien. Il me fait rire avec sa tignasse rousse et sa grande taille. Il paraît gauche aux premiers abords et sous ses chemises hideuses, mais il est d'une minutie et d'une efficacité remarquable. Je me dirige vers l'ascenseur d'un pas tranquille. Les quinze étages sont vite descendus et je salue quelques personnes que je croise. J'ai beau être un connard, je suis un des meilleur compositeur du pays, et sacrément bon guitariste. Forcément, le respect est de mise. Mon téléphone sonne, Ian est fin excité. Comme tous les vendredis.

- Enfin, il répond  ! Tu fais ta diva ou quoi  ?

- Ta gueule  ! Les honnêtes gens travaillent, tu sais  ! Je l'entends éclater de rire.

- C'est ça  ! Baiser des starlettes en devenir, je veux bien le faire ton putain de boulot  ! Je ris à sa vanne pourrie, je ne fais pas que ça. Enfin, je crois.

- On va au AJA à Tampa ce soir, le jet est prêt. Ça va être la folie  ! Je siffle dans le combiné.

- Eh bah  ! La pêche va être bonne, c'est certain  ! Essaies de pas être moche, elles vont toutes partir en courant sinon  !