Je ne réalise pas de suite l'ampleur que ces mots ont pu provoquer sur lui, et plus tard ce qu'ils provoqueront sur moi. Il reste sans rien dire à me regarder dans les yeux. Je remarque qu'il ne sait pas trop où se mettre, il a l'air embarrassé. Il cherche à savoir si c'est vrai ou pas.
-J'ai très envie de t'embrasser, j'ajoute, comme si tout ce qui sortait de ma bouche avait décidé d'amplifier la gêne de l'instant.
Demeurant silencieux, il se recule jusqu'à cogner son dos contre le mur. J'en profite pour avancer jusqu'à lui, jusqu'à son visage surpris, et jusqu'à ses lèvres. Je pose une main sur son torse, et une autre sur son cou. Mes lèvres se rapprochent des siennes, ou bien ce sont ses lèvres qui se rapprochent des miennes, je ne sais plus trop.
Une douce chaleur m'envahit, nos visages si près, c'est comme deux aimants qui n'attendent qu'à se coller, c'est une tension entre nos deux corps.
Alors que je sentais son souffle chaud, que ses lèvres frôlaient les miennes, la porte de ma chambre s'ouvre.
Il sursaute, je me dégage de son étreinte. Je n'avais même pas remarqué que ses mains enserraient ma taille jusqu'à ce qu'ils les retirent pour les poser sur ses sabres.
Sous nos yeux éberlués, en pleine nuit, un Luffy sauvage apparaît.
-Luffy ? Que fais-tu là ? Je sais que je dois monter la garde, j'y allais justement..
-Viande... manger viande...
Je vois Zoro qui baisse la tête légèrement gêné en passant une main derrière sa nuque :
-T'en fais pas, c'est juste une crise de somnambulisme..., souffle-t-il.
Zoro s'en va jusqu'à la porte, se retourne et nous nous regardons pendant de longues secondes. Dans ce long combat, c'est moi qui gagne, il baisse les yeux.
Il dit finalement:
-Je suis de garde.
