1. The day I die.

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Quelques fois il m'arrive de me torturer l'esprit avec mes souvenirs, il m'arrive de repenser à chaque détail de ma vie, de ma plus tendre enfance à mon adolescence.

Je repense aux deux piliers de mon existence, mes parents, j'imagine ma vie si je n'avais pas été fille unique, je me dis que peut-être si j'avais eu des frères ou des sœurs mon destins aurait été différent. Quand on y pense, un tas de petits détails auraient pu changer mon destin, mais me voilà, coincé ici, au-delà de la vie, et il n'y a aucun point de non-retour.

Il m'arrive de repenser à ma famille, à la vie que j'avais, à mon enfance, mais le plus souvent je repense à ce soir là où ma flamme c'est éteinte, où l'heure était venue pour moi de quitter ce monde.

Je ferme les yeux et m'imagine encore à l'arrière de la voiture de Steve, Ivy à l'avant changeant de musique dès que ça lui chantait, vêtue de ma plus belle robe, maquillée et coiffée après des heures de travail, prête à me rendre au bal de promos.

Ce bal n'était pas grand-chose, c'était une occasion de faire la fête parmi d'autre, mais si j'avais su plus tôt ce qu'il m'arriverait ce soir-là, vous pouvez me croire, je n'y serais pas allé.

Steve, Ivy et moi, on formait le trio de choc à l'époque, le destin nous avait rapproché en nous faisant habiter tous les trois l'un à côté de l'autre, dans ce petit quartier débile qui aujourd'hui me manque.

Je pense que ce sont mes seuls amis. Les seuls vrais, en tout cas. J'en ai d'autres des amis, mais ce n'est sans doute pas eux qui déposeront des fleurs sur ma tombe.

Même si plus le temps passait, plus notre amitié devenait fragile, je savais que jamais personne n'aurait pu nous séparer. J'étais loin d'imaginer que la mort le ferais, surtout si tôt.

J'ai toujours su que Steve avait des sentiments pour moi à l'époque, mais j'ai toujours fais l'innocente. Je préférais faire semblant de ne pas voir plutôt que d'affronter la situation, pourtant ça crevait les yeux.

Son regard toujours posé sur moi, lorsque son visage se figeait quand un garçon m'adressait la parole, lorsque son sourcil se levait systématiquement alors que je racontais l'histoire d'un ex.

Il ne supportait pas que j'aie des relations, mais il ne m'a jamais avoué quoi que ce soit. Il est toujours resté tapis dans l'ombre, profitant du statut d'ami qu'il avait à mes yeux sans jamais demander plus. Il voulait plus, il n'osait juste pas.

Ses sentiments n'étaient pas réciproques, il devait le savoir. Ça m'arrangeait qu'il n'ose jamais rien me dire, parce que je ne sais pas comment j'aurais réagi face à cette annonce.

Que mon meilleur ami m'avoue ces sentiments, décidant de briser l'amitié qui nous unit et tout risquer pour m'avouer la vérité.

Aujourd'hui je sais, je sais comment j'aurais réagi, puisque c'est arrivé ce soir-là.

Le 04 novembre, soir du bal. Pas de cavalier, juste nous trois, soudés comme jamais. La salle n'était pas très grande mais ça nous rapprochait les uns les autres, et puis on avait tous trop bu pour s'en soucier.

Marion Landert, c'est elle qui allait être la reine. C'est la plus sexy, la plus aimée et la plus grande connasse de l'histoire du lycée de Jacksonville, c'était à elle que revenait logiquement la couronne. Je dis ça mais je n'en sais rien, je n'ai jamais su qui l'avait finalement eut, parce que quelques minutes avant ce couronnement débile, j'étais sortie prendre l'air.

Steve m'avait suivi. Je titubais et il essayait de me tenir droit, il m'a lâché lorsque j'ai recraché tout l'alcool accumulé dans mon estomac, mais finalement m'a tenu les cheveux au-dessus de ma tête pendant que je me vidais.

Ma tête tournait, les gens aussi, d'ailleurs. J'ai peut-être bu un peu trop et trop vite.

Fatalement, Steve à juger le moment parfait pour m'annoncer ses sentiments. Ma première réaction a été de vomir une seconde fois, puis je suis partie.

J'ai marché tout droit, enfin plutôt en zigzag, mais j'imaginais marcher tout droit, m'éloignant, fuyant ce que je devais affronter.

Qu'est-ce que je devais lui dire ? Est-ce que je lui devais la vérité, qui briserait notre amitié ou bien devais-je lui dire que c'était réciproque pour sauver ce lien qui me tenait à cœur ?

J'ai marché, sur la route premièrement, mais lorsque je le voyais me suivre sans comprendre pourquoi j'étais partie, j'ai tourné et commencé à marcher à travers les bois qui longeait la route.

Je n'avais que ça dans la tête en marchant, que répondre ? Je marchais vite, les arbres semblaient se rapprocher de plus en plus de moi, me donnant une sensation d'étouffement incompréhensible, ce n'était pas réellement les arbres qui bougeaient autour de moi, c'était l'alcool qui me torturais, mais j'avais du mal à voir où j'allais, tout ce que je savais, c'est que Steve me suivait toujours.

J'ai agis impulsivement, en m'enfuyant ce soir-là, j'ai mis fin à ma vie de la plus bête des manières, en laissant l'alcool guider mes émotions, guider mes mouvements. Fuir, c'est ce qu'il y a de plus évident quand cette situation arrive, ce qu'il y a de plus facile.

Mais ce n'est pas ce que j'aurais dût faire, j'aurais dût lui faire face et lui dire la vérité, j'aurais dû rester à l'intérieur pour regarder le couronnement, j'aurais dût faire un tas d'autres choses que ça, en fait, et je me le rappelle tous les jours.

Tous les jours depuis le jour de ma mort.

Il me suivait, et je fuyais, regardant la forêt, sombre et effrayante autour de moi.

J'avais marché à ne plus en voir une seule maison, où un seul lampadaire qui éclairait les routes. Le noir de la nuit me prenait les tripes, il me faisait du bien, tout en me faisant peur. La lune n'éclairait que vaguement les arbres, juste assez pour que je puisse les éviter, mais je n'ai pas pût l'éviter.

Ce ravin. Ce fossé entre deux parcelles de forêt, creusé par le ruisseau en contre bas, loin.

Il m'a surpris, et j'ai glissé.

Steve n'aurait pas dût essayer de me rattraper, il aurait pût me laisser tomber au fond de ce ravin et sauver sa peau. Il n'aurait pas dû me suivre, il aurait dû rester à l'intérieur et regarder le couronnement, il aurait dû ne pas m'avouer ces sentiments alors que j'étais bourée.

Mais il m'a suivi dans ces bois, et il m'a tendu la main, en vain.

Il me criait de m'accrocher alors que le vide en contre bas m'avait dessaoulée. Si je tombais, je mourrais, voilà ce que je me suis dit. Sa main me serrait fort, j'ai même pensé qu'il pourrait me relever, mais la pierre sur laquelle mon pied était posé s'est détachée du reste du ravin, et je suis tombée.

Ma main serrait toujours la sienne, dans ma chute, l'entraînant avec moi.

Quand je m'en rappelle, cette chute semble avoir durée une éternité, une éternité de peur, et je le savais. Je savais pertinemment qu'au bout de cette chute, lorsque je toucherais l'eau en contre bas j'allais trouver cette peur qui envahit tout être humain. Cette chose que personne n'a jamais pût raconter. La mort.

La mienne, et la sienne.

Il est mort, de ma faute et cette idée me tourmente chaque minute, chaque instant où mon regard se pose sur le sien. Il ne devait pas mourir cette nuit-là, mais aucun de nous n'as survécu à cette chute, nos corps se sont écrasés sur les pierres du ruisseau et notre âme s'est envolée.

C'était le dernier soir de ma vie, au sens propre. Le dernier soir ou je pouvais me sentir vivante, ou je pouvais sentir mon cœur battre dans le plus profond de moi. Et croyez-moi, cette sensation de vitalité bouillonnant en moi me manque.

Elle nous manque à tous les deux.

Beyond the life.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant