[Point de vue de Steve]
Je recule lentement et mes lèvres quittent les siennes.
J'ai l'impression d'être un pervers, je n'aurais pas dû l'embrasser, pas dans ces conditions.
Mais mon dieu ça fait deux ans qu'elle est là, dans ce lit d'hôpital, démunie de tout signe de vie, elle paraît si sereine, si calme.
Ce baiser, ça fait tellement longtemps que je veux le faire, même si ce n'est pas une excuse, je le sais. Je n'aurais jamais dû l'embrasser, je ne sais pas ce qu'il m'a pris.
Au moment où je me recule et laisse de l'espace entre nos deux corps, je dépose tout de même un baisé chaste sur son front.
Elle me manque horriblement.
Je me rassieds à ses côtés et lui prends la main. Comme chaque jour qui s'écoule, depuis cet accident.
Mes amis disent que j'ai raté deux ans de ma vie depuis qu'elle est ici, mais je ne veux pas la laisser, je me dit que si je pars, et qu'elle meurt, je me sentirai à tout jamais coupable, donc je reste ici, espérant qu'un jour elle sorte du coma.
Au moment où je reprend sa main et m'assieds sur la chaise, l'électrocardioscope relié à son bras s'accélère.
La ligne qui semblait être constante à un niveau faible semble s'intensifier.
Je presse ma main sur la sienne. Son poux s'accélère.
J'appelle immédiatement une infirmière, ne sachant pas ce qui se passe.
Deux femmes vêtues d'un chemisier bleu s'avancent dans la pièce au bout de quelques minutes pour lui faire de "simples examens" et vérifier que tout est correct.
Elles me font reculer jusqu'au bord de la pièce, parce qu'elles ont "besoin d'espace".
Elle font tout très vite, et leur travail semble précis et calculé.
Je ne peux m'empêcher de me dire qu'elle va se réveiller, là, maintenant, après tout ce temps, et ce film me vient à l'esprit.
Ce film qu'elle aimait tant regarder, ce Disney dont j'ai oublié le nom, où le prince embrasse la princesse endormie pour la réveiller. Je ne peux m'empêcher de penser que c'est peut-être mon baisé qui a fait battre son poux plus vite, et peut-être mon baisé qui va la réveiller, comme dans les contes.
C'est mon vœu le plus cher. Qu'elle se réveille.
Ça me fait rire, mon vœu le plus cher. On se charriait sans cesse avec nos vœux.
Au moins une fois par jour, elle me posait la question, et chaque jour notre réponse changeait.
Mais ça fait 2 ans que mon vœu n'a pas changé. Je veux qu'elle se réveille, qu'elle sache que je suis là, et que j'étais là tout ce temps avec elle.
Une des deux infirmières, celle qui à de longs cheveux blonds bouclés qui lui tombent sur les épaules s'avance vers moi, me sortant de mes pensées.
-C'était juste son cœur qui a accéléré, sûrement sous un état de choc, mais elle s'est calmée. Elle n'est pas prête de se réveiller.
Aïe.
Cet espoir qu'elle vient de briser en une phrase, comme si ce n'était rien.
-Vous étiez dans la chambre, vous savez peut-être ce qui à pu provoquer cette accélération? Vous avez peut-être vu quelque chose?
Je me vois mal lui dire la vérité. J'ai embrassé une fille dans le coma, qui d'autant plus n'est pas ma copine.
C'est carrément glauque.
Je me satisfait de tourner la tête de gauche à droite.
Combien de temps va-t-elle mettre pour se réveiller? La pensée qu'elle ne se réveillera jamais me traverse l'esprit, mais je l'enlève immédiatement. Je ne peux pas m'imaginer la perdre pour toujours.
Une fois que les infirmières sont sorties de la chambre de Judith, j'entends quelqu'un toquer à la porte, puis elle s'ouvre de dix centimètres, laissant entrer une tête familière. -Je peux ?
J'hoche de la tête, les yeux toujours rivés sur Jude, ne prêtant pas vraiment attention à Ivy qui rentre dans la pièce.
Elle s'avance vers moi en traînant une chaise et s'assied à mes côtés, puis me prend dans ses bras réconfortants. Elle sent bon, je suis sûr que je dois empester l'hôpital avec le temps que je passe ici.
-Tu devrais rentrer chez toi, te reposer. Je relève mes yeux vers elle.
-Son cœur a accéléré. J'ai vraiment cru qu'elle allait se réveiller. Elle ressert son emprise sur moi avant de serrer ma main entre les siennes.
-Elle se réveillera. Il n'y à pas de raisons pour qu'elle ne le fasse pas.
Je regarde Judith, presque sans vie, couchée sur le lit. -Et si elle arrêtait de se battre? Si elle décidait d'abandonner?
-Elle n'abandonnera pas. On dit que les gens dans le coma sentent la présence des personnes autour d'eux. Tu es constamment à ses côtés depuis deux ans, je suis persuadée qu'elle le sait, et qu'elle n'attend qu'une chose, c'est de se réveiller.
-Alors pourquoi ne le fait-elle pas?
Je n'aime pas celui que je suis devenu depuis l'accident, ce gars faible, qui passe toutes ses journées dans un hôpital, retenant ses larmes de couler.
On dit que les gens dans le coma sentent la présence des personnes autour d'eux. Et si ce n'étais pas le cas, et si ma présence constante ici était juste inutile, et si j'étais en train de ruiner ma vie inutilement?
-J'ai lu que le coma, c'était comme lorsque nous dormons. Et quand on dort, on ne sait pas se réveiller sur commande... ça ne marche pas comme ça. Elle tente probablement de me réconforter.
-Tu pense qu'elle rêve? Je demande.
Je me demande comment c'est, de l'autre côté, dans sa tête.
-On lui demandera à son réveil, hein ? Elle me sourit et se lève de sa chaise, lâchant ma main.
Tu penses qu'elle m'entends, qu'elle pense à moi, qu'elle a senti ce baisé ? Ma conscience me pose 100 000 questions à la secondes, 100 000 questions auxquelles je ne peux répondre.
-Je suis certaine qu'elle n'accepterait pas que tu passes autant de temps dans cet hôpital. Allez viens, on sort, une glace ça te tente? Je souris, bien sûr que ça me tente. On est en Juillet et le temps est super beau et j'ai passé 72 heure dans cet hôpital sans voir le ciel dehors ; Je n'ai qu'une envie c'est de pouvoir profiter de ce magnifique temps avec ma meilleure amie, une glace à la main.
-Ok, mais après on revient, hein? Laisser Judith seule me rends mal, je ne peux pas l'abandonner. même pour 2 minutes
-Oui, c'est promis.
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Beyond the life.
Historia CortaQuelques fois il m'arrive de me torturer l'esprit avec mes souvenirs, il m'arrive de repenser à chaque détail de ma vie, de ma plus tendre enfance à mon adolescence. Je repense à Steve et Ivy, à notre amitié que rien ne pouvait briser. Je savais que...