8. Ruined your life

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[point de vue de Steve]

Un bruit me réveille presque en sursaut.

Je relève ma tête, elle est allongée dans ses draps, et elle bouge légèrement.

Depuis la dernière fois, elle à régulièrement des spasmes, mais je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Selon les médecins, les spasmes chez une personne dans le coma apportent soit la vie, soit la mort.

Et je suis sur le point de préférer à ce qu'elle reste dans le coma, plutôt que de prendre le risque de ne plus jamais la revoir. C'est égoïste, mais après tout, un vœu, c'est souvent égoïste.

J'ai envie de la supplier d'arrêter de bouger, car même si il y a des chances pour que ça signifie qu'elle va revenir, il y en a encore plus pour que ça signifie l'inverse.

Et non, je ne suis définitivement pas prêt à la perdre.

Je pose ma tête entre mes mains lorsqu'un flash-back me frappe en plein visage. La nuit du bal.

Je n'arrête pas de me dire que si je n'avais pas été assez con que pour lui dire ce que je ressentais vraiment, rien de tout ça n'aurai eu lieu, on serait tous les deux à l'université, et même si ça me brise le cœur de dire ça, on serait toujours amis.

Je sais que je n'ai jamais voulu d'elle une amie, mais maintenant qu'elle est là, allongée sur ce lit d'hôpital, je me dit que je préférerai l'avoir auprès de moi comme une amie plutôt que de ne pas l'avoir du tout.

Je n'oublierai jamais cette nuit, cette chute. Bien sûr que je me sens coupable, mais d'un côté le fait de l'avoir sauvé me fait sourire. Si je ne l'avais pas suivis dans les bois, si je n'étais pas là pour la retenir, si je n'étais pas là pour appeler immédiatement les secours, dieu sait quand la première personne l'aurait trouvé, probablement morte.

Mais ce n'est pas le cas, j'étais là, et elle n'est pas morte. La police, des ambulances, les pompiers, tout le monde qui était à la fête, tout le monde est venu jusqu'à nous. J'avais peur. Peur de la perdre, peur de ne jamais la revoir.

Ils l'ont amené à l'hôpital d'où elle n'a toujours pas bougé. Mais au moins, elle n'est pas morte.

Je me lève du fauteuil dans le quel je m'étais endormi, et dans le quel je m'endors chaque nuit depuis l'accident, et décide de quitter la pièce. Je vagabonde seul dans les couloirs de l'hôpital.

Une fois dehors, dans le parc, je me pose sur une des balançoires. Il fait froid et le vent commence à geler mes mains posés sur les chaines de métal des balançoires. Je me balance dans le vide.

La tête baissée, je pense. Je regarde mes pieds flotter au dessus de l'herbe lorsque quelqu'un vient se poser sur la balançoire à côté de la mienne, la faisant légèrement grincer, me faisant sortir de mes pensées nostalgiques.

-Steve  La voix de Judith perce mes oreilles mais je ne la regarde pas.

Je sais qu'elle n'est pas réelle... Qu'elle est tirée de mon imagination, mais même si elle n'est pas vraiment à côté de moi, je la vois. Et ça me fait du bien.

Sa voix, qu'elle soit dans ma tête ou pas, me fait du bien. Elle est douce et calme, posée et réfléchie. Elle me réconforte.

-Tu me manques. Je souffle.

-Tu sais ce que je veux? Elle dit.

Je balance mes pieds, les fixant toujours en imprégnant mon corps de sa voix, essayant de ne jamais l'oublier. -Non, dis-moi.

Beyond the life.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant