2. Némésis

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Voilà une heure qu'il lisait le traité que j'avais mis dans mon sac avant de partir.

Voilà une heure que je l'observai depuis le canapé, sans bouger.

De toute façon, vu comment il m'avait attaché, bouger n'était même pas envisageable. Il avait peur que je m'enfuis et je le comprenais, parce que si une seule opportunité se présentait à moi, je n'hésiterais pas. Cet homme ne pouvait pas espérer que je reste bien sagement ici pendant que son Alpha déciderait quoi faire de moi. Et pourtant... ce n'est pas comme si j'avais le choix.

Alors j'étais là, l'observant alors qu'il semblait concentré, le front légèrement plissé. Comprenait-il ce qu'il lisait ? Comprenait-il seulement de quoi ce vieux traité parlait ? Il n'avait rien à voir avec les lycanthropes des États-Unis, mais ceux venant d'autres pays. Il était rare que les gens nous appellent ainsi. Pour eux, nous étions des loups, mais ce n'était vrai. Et s'il avait fallu nous donner un autre nom, cela aurait été loup-garou. Mais très peu le faisait ou le savait. Moi, je l'avais appris en étant enfant, quand j'avais ouvert mon premier vieux livre trouvé dans la bibliothèque de l'Alpha. Il n'y en avait pas eu beaucoup d'autres et j'avais donc du relire les mêmes, encore et encore, jusqu'à ce que je les connaisse par cœur, les récitants les yeux fermés.

Encore aujourd'hui je m'en souvenais sans le moindre mal.

Chaque livre que j'avais ouvert était dans ma tête. Chaque parchemin que Benjamin m'avait montré était dans mon esprit, tout comme les vieux rapports du Gardien.

Je n'oubliai rien et ce qui était important, ma louve les gardait bien cachés. Elle aussi aimait savoir, aimait la connaissance.

Elle adorait savoir les us et coutumes de peuples éteints depuis longtemps et dont le monde avait oublié leurs existences. Il n'y avait aucune limite au fait de vouloir en apprendre plus, encore et encore.

Je savais que jamais nous ne serions rassasiées. Et qu'il y aurait toujours de nouvelles découvertes à faire.

Le monde était vaste.

Tellement grand.

Et il attendait de pouvoir tout dévoiler. Je voulais être celle qui verrait des choses, qui en découvrirait.

Je ne voulais pas forcément que mon nom marque l'histoire, mais je voulais que l'histoire me marque. Et ça, très peu de gens pouvait le comprendre. Parce que pour eux, à quoi pouvait bien servir de faire des découvertes si personne ne vous connaissait après coup ? Je trouvai idiot ceux qui donnaient leur nom à des montagnes après les avoir découverts.

L'envie d'être reconnue de cette façon n'avait jamais été un but à atteindre pour moi. La renommée ne m'intéressais pas et ne m'attirais pas.

Benjamin était sûrement la seule personne à comprendre. Ou à vouloir comprendre cela. À bien des égards, je lui ressemblais.

Nous avions soif de connaissances.

Nous avions soif d'en savoir plus, toujours plus.

L'homme tourna une page et se pencha un peu plus, assit sur le bord de la fenêtre, le traité posé sur sa jambe ramenée près de lui.

Après avoir quitté Benjamin, je m'étais fait un devoir d'en apprendre le plus possible sur les meutes qui peuplaient les États-Unis.

Il y en avait tellement. Certaine était toute petite et d'autre était immense. J'avais commencé par les plus grandes, par celles dirigées par l'Alpha d'État. Et même s'il y avait eu beaucoup de changement au fil de certaines décennies, la meute de Jahyan Pearson n'avait pas changée depuis bien des siècles, hormis si on prenait en compte l'arrivée de sa compagne ; Shana Ortega, ancienne Alpha de la meute de Riverton, dans le Wyoming.

DE SANG ET D'ARGENT T4 Find out [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant