Chapitre 11 - Boum

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Mes mains étaient collées à mes oreilles pour m'épargner les sons de cette sinistre et violente bataille. Malheureusement, cela ne m'empêchait pas d'entendre les cris de rage et de détresse. Les coups de feux résonnaient en moi comme des coups de couteau dans les tympans. C'était une abomination.
Après un long moment, des pas s'approchèrent de ma cachette. La tension montait, s'agissait-il de Jordan ou d'un autre du clan rival ?
J'entendis le verrou du placard se tourner et mon appréhension grandissa.
Finalement il s'agissait de Dean qui me découvra effrayée et recrocvillée sur moi même. Sa tête présentait des éclaboussures de sang, en réalité il en avait partout. Il était terrifiant.
La lumière m'éblouissait les yeux ce qui me força à les couvrir de mes mains.
   - C'est bon, on a fini, m'informa-t-il d'un ton calme.
Il était un peu trop calme, ça en devenait inquiétant surtout après ce qu'il avait du se passer.
Je pleurais encore. Mais comment ma vie avait-elle pu devenir aussi catastrophique ?
   - Lève-toi, on a du boulot aujourd'hui.
Il n'y avait aucune once d'empathie dans sa voix. Il était stoïque, ne semblant rien ressentir.
Cela me mis dans un rage folle. Quel connard !
Je me leva avec assurance.
   - Vous, affirmais-je avec force.
   - Pardon ?
   - Vous avez du boulot. Moi j'ai rien à voir avec tout ça.
   - Tu n'as pas vraiment le choix, c'est nous qui décidons, pas toi.
   - En réalité vous ne me connaissez pas, vous le prétendez en me traitant de princesse pourrie gâtée mais vous ne savez rien parce que sinon vous sauriez que j'ai toujours le choix, que je décide toujours.
Il ria à pleins poumons.
J'en avais assez, il ne me prennait jamais au sérieux.
Je profita de son moment d'inattention pour lui dérober son arme placé dans son jean à la taille. Je la pointa sur lui.
Il arrêta de rire mais il ne semblait pas inquiet, au contraire il était amusé.
   - Pose ça princesse, c'est pas un jouet.
   - Je sais très bien ! Laissez moi partir et je blesse personne.
Il se retenait de rire.
   - Allez on a pas le temps, s'il te plaît épargne moi ça.
   - Laissez moi rentrer chez moi ! J'ai pas peur de tirer, je l'ai déjà fait !
Et c'était vrai, l'an dernier mon père nous avait forcé ma mère et moi à prendre des cours de tirs au cas où on se ferait agresser. Je me souviens qu'à l'époque j'avais trouvé ça ridicule, je me sentais en sécurité et j'étais persuadée que je n'aurais jamais besoin de me servir d'une arme.
   - Très bien, si ça peut te faire plaisir...
À peine eu-t-il finit de prononcer ces mots qu'il manoeuvra avec succès pour récupérer son arme. Je me retrouva encore une fois démunie face à cette armée de sauvages, qui n'avait pas peur de tuer.
   - Donc je vais répéter, dépêche toi on a du boulot et tu n'es pas en mesure de décider quoi que ce soit, princesse.
J'essayais de contenir ma colère.
   - Allez descends il faut s'occuper des corps.
   - Quoi ?!
J'étais pétrifiée.
   - Il faut les enterrer.
   - Oh c'est pas vrai, soupirais-je avec désespoir et consternation.
Il ria de nouveau.
   - Je plaisante, on s'en est déjà occupé.
Parce que c'était sensé me rassurer ?
Il tenait la porte et semblait attendre que je la passe, ce que je fis à contre coeur.
Je descendis prudemment les escaliers, remarquant en même temps toutes les taches de sang sur les murs et le sol. Des frissons parcouraient mon échine.
Soudain on entendit un bruit sourd et la maison se mit à trembler. Je me tenais aux escaliers quand Dean se retourna vers moi avec, pour la première fois, une expression paniquée. Il me cria de me baisser. Une violente secousse nous fit tomber à terre.
Un bruit d'explosion se répandit dans toute la maison et on fut projeté en bas des escaliers. La maison s'ecroulait. Je n'entendais plus rien à part un grincement lancinant et aiguë. Il me torturait les oreilles.
Je ne comprenais pas, que se passait-il ?
Je remarqua un membre du groupe inconscient, il était écrasé par un bout du plafond.
Dean le remarqua aussi, il se tourna vers moi.
   - Reste ici, cria-t-il, ne bouge surtout pas.
Je n'entendais pas ce qu'il disait mais je lisais sur ses lèvres, il articulait exagérément comme si il était au courant de mon problème d'audition. J'espérais que c'était juste passager.
Je fis oui de la tête.
Il me quitta pour aller rejoindre son frère.
Je regarda le plafond avec inquiétude. Celui-ci était dangereusement fissuré et tremblait.
Dean avait été rejoint par un autre frère qui l'aidait à soulever le bout de plafond. Celui qui était en dessous s'était réveillé, à présent il crachait du sang. Je compris que s'ils ne l'emmenaient pas vite à l'hôpital il risquait fortement de mourrir.
C'était le chaos, l'apocalypse. Il fallait que je sorte d'ici, la villa était en train de se détruire. J'allais mourir si je restais ici. Mais je ne pouvais pas les laisser tomber.
Une odeur de brûlé se fit sentir.
Quand je pensais que les choses ne pouvaient pas s'aggraver, je pris conscience que la maison était en feu. Les flammes parcouraient l'étage et se trouvaient déjà en haut des escaliers, prêtes à descendre.
Je me décida à rejoindre Dean et les deux autres. C'était risqué, très risqué mais c'était soit ça soit mourir brûlée vive.
Je couru dans leur direction en manquant de justesse un autre bout de plafond. Mon coeur menaçait de trouer ma poitrine. Je crois que je suis devenu cardiaque après tout ce que j'ai vécu.
Je tira le t-shirt de Dean.
   - Il y'a le feu ! Cria-je le plus fort possible alors que je n'entendais même pas mes propres paroles.
Dean et son autre frère regardèrent les flammes de plus en plus menaçantes et proches.
   - On ne peut pas le laisser là, ordonna presque Dean.
Son autre frère acquiesca.
   - On ne peut pas rester ici ! Leur rappela-je.
On commençait déjà à tousser.
Je me tourna et vu une silhouette sombre, étouffant à travers la fumée.
Dean lui fit signe et je sentis que cette silhouette m'agripait le bras.
   - Non ! Non je veux pas vous laisser ! Criai-je.
Quoi ?! Comment ça je voulais pas les laisser ? J'en avais rien à faire de Dean et ses frères. Je les détestais même ! Alors pourquoi je voulais les aider ?
   - Emmène-la, insista Dean.
   - Non lâchez moi ! Dean, vous pouvez pas rester ici ! Dean ! Dis lui de me lâcher !
Il me tourna le dos et recommenca à essayer de soulever le bout de plafond.
   - Non !
À présent je pleurais, je ne sais pas si c'était parce qu'ils allaient mourir ou parce que la fumée me piquait les yeux.

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