Chapitre 19 - Plats maisons et mensonges.

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- Hahahahaha, tu es adorable Matt.
Je rêve où ma mère draguait ostensiblement un supposé mineur devant mon père ?
Il n'avait pas vraiment l'air préoccupé par le vaudeville qui se dessinait sous ses yeux. Je leva les miens au ciel.
- Merci Caroline. Je tiens ça de ma propre mère.
Il lui fit les yeux doux et ma mère ne put s'empêcher de lui sourire.  Je ne savais pas ce qu'il foutait là. Je connaissais leur plan mais Jordan servait à quoi ? C'était le loup dans la bergerie ou une connerie du genre ?
Je n'avais pas touché à mon repas, même si ma mère avait fait appel à mon traiteur favori. Bien évidemment le but de la soirée était de laisser entendre que tout cela avait été confectionné par les mains de fée de ma mère.
Elle était jolie, mûre mais très bien conservée. En même temps, elle passait plus de temps à s'occuper de son apparence que de ses enfants ou de son mariage.
- C'est délicieux ce que tu as fait chérie.
Il s'agissait de la troisième phrase prononcée par mon père depuis le début de la soirée, les deux premières étant « Bonsoir » et « Je me place où chérie ? ». Merci de ta participation papa.
Devant le petit jeu de Jordan je ne pu contenir la colère qui grandissait en moi. J'étais un volcan prêt à cracher sa lave. Finalement je préféra cracher mon venin :
- Je ne savais pas que c'était ton genre les milf Matt, disais-je en insistant sur les deux dernières syllabes.
Inutile de vous expliquer ce qu'est une milf, c'est assez vulgaire et la situation actuelle explique déjà le terme.
Un silence de mort s'abattit. J'avais fait mon effet.
Jordan cligna des yeux en se retenant de rire. Ma mère quant à elle arborait un visage fermé, ses yeux prêt à me tirer dessus. Je ne savais pas si elle était en colère parce que j'avais été irrespectueuse à table ou parce que je l'avais qualifiée de milf, ma mère avait du mal à accepter qu'elle était en train de vieillir.
C'est mon père qui brisa le silence en premier.
- Stella, monte dans ta chambre.
- Papa, regarde le monde qui t'entoure, non ?
Il pinça ses lèvres, il fulminait. Sa fille que ses nounous avaient si bien élevée se comportait comme une garce, devant un invité qui plus est, et il ne pouvait pas le supporter.
- Ne me force pas à le dire encore une fois et monte dans ta chambre.
Les deux autres spectateurs de la confrontation étaient silencieux.
- Ne me force pas à dire à tout le monde à quel point tu es injuste !
Il se leva prestement, les poings sur la table.
- Ça suffit. Tu vas nous faire le plaisir de déguerpir.
Mon père était insupportable.
- D'accord mais j'ai une question avant papa, pourquoi quand tu as su que ce gang exigeait la libération de Chris tu n'a rien fait pour me sauver en laissant partir leur frère ?!
Il baissa la tête puis la releva, il semblait encore plus en colère. Jordan ne manquait pas une miette du spectacle tandis que ma mère regardait ses ongles fraîchement vernis en rose.
- Qu'est-ce que tu insinues Stella ? Que je n'ai rien fait pour te retrouver ?! C'est ça ?! Tous les jours j'allais au commissariat mettre la pression à ces foutus enquêteurs pour qu'ils retrouvent ma petite fille. Si je ne leur ai pas donné ce qu'il voulait c'est parce que ce n'est pas comme ça que ça marche dans la vie. On obtient pas ce que l'ont désire par la force.
Cette réponse était loin de me convaincre.
- Tu n'es pas prêt à enfreindre les règles pour sauver ta petite fille ?!
Je hurlais.
- Tu n'es pas venu une seule fois me voir à l'hôpital !
Son visage retrouva une expression plus humaine. Il avait perdu son assurance et ses épaules s'affaissèrent.
- Maman !
Des pleurs émanaient de la cage d'escaliers. C'était ma petite sœur que nous avions réveillée.
Ma mère eu un sursaut d'esprit maternel et se leva précipitamment.
- Ma puce, j'arrive.
Je m'en voulais. J'adorais ma petite sœur et je détestais la voir pleurer.
Jordan prit congé.
-Bon, il est temps pour moi d'y aller. C'était délicieux, merci de m'avoir invité.
Je me tourna vers lui, il me regardait.
- De toute façon, tout vient d'un traiteur, disais-je avant de monter à mon tour les escaliers.

C'est bon. Je vais le faire.
Je verrouilla mon téléphone flambant neuf. Je reçu quelques secondes plus tard une notification m'informant qu'il m'avait déjà répondu.
Merci princesse.
Je ferma les yeux. Je venais de condamner mon père.
Je n'en m'étais pas rendue compte avant ce soir mais je lui en voulais terriblement.
Est-ce que je venais de prendre une décision complètement débile et irréfléchie ? Oui, totalement.
Est-ce que j'allais le regretter ? Sûrement.
Dean m'envoya en pièce jointe un document appelé « Plan Cylindre ». Ce n'est pas le nom ridicule qui m'a fait tiqué, c'est la confiance aveugle que Dean et les autres avaient en moi.
Tu me fais vraiment confiance.
C'était étrange de converser par texto avec son ancien bourreau.
Si tu avais voulu tout révéler tu l'aurais fait bien avant.
Il avait raison, je ne comptais rien dire. Ne me demandez pas pourquoi.
Je m'allongea dans mon lit. Ce qu'il était confortable.
Ce dîner avait été une catastrophe. J'étais encore en colère.
Lis-le attentivement.
Dean me tapait sur le système avec son autorité à la con.
Non. J'ai accepté on va le faire à ma façon.
J'avoue que c'était essentiellement pour l'embêter.
Parce que tu t'y connais en stratégie d'enlèvement ?
Lol, vous en avez fait combien ?
Ne me pose pas de questions dont tu ne veux pas la réponse.
Justement je veux savoir.
Tout ce qu'on fait c'est pour se protéger.
Arrête avec ta propagande sur ton gang et réponds.
Une dizaine seulement.
Seulement ? Lol.
Tu n'as pas remarqué qu'on manquait de rigueur ? Tu as failli t'échapper plusieurs fois. Tu as même réussi...
C'était une situation particulière. Vous vous êtes bien débrouillés t'inquiètes pas.
Je ne m'inquiète jamais princesse.
Même pour ton foutu plan cylindre ? Quel nom ridicule d'ailleurs.
Non, parce que tu vas nous aider Stella.
Oui putain, j'allais les aider à kidnapper mon père.

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