Chapitre 7

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Je tournai en rond depuis quelques heures dans ma nouvelle cellule, quand ma porte s'ouvrit. Je vis un garde entrer et déposer un plateau repas. Il ne m'adressa pas un mot et sortit. Je m'approchai et me retins de grimacer de dégoût. Ça avait l'air encore plus immonde que la dernière chose qu'ils m'avaient fait manger. Je soupirai et m'assis en tailleur près de mon plateau.

En soulevant mon verre, je remarquai de nouveau un morceau de papier plier en quatre. Si c'était encore un message de Sam pour me dire d'abandonner et de tout lui avouer, il pouvait aller au diable. Je dépliai le papier et lu ce qui était écrit.

Anna, les renforts ne sont plus loin. Surtout, n'avoue rien. Tu seras bientôt saine et sauve, je te le promets.

L.

Ps: déchires ce papier et cache le. Personne ne doit tomber dessus.

Stupéfaite, je restai un long moment interdite. Que voulait dire ce L ? Luc ? C'était impossible, il n'aurait jamais pu me faire parvenir un message. Etait-ce Loren ? Se pouvait-il qu'il ne soit pas avec Sam et qu'il tente de m'aider ? Non. Ça aussi, c'était impossible. Il avait tabassé Luc sous mes yeux. Il était aussi horrible que Sam. Ou presque. Après tout, il avait à deux reprises prit ma défense. Et puis je voyais bien comment il regardait Sam. Avec un profond mépris. Comme si ce qu'il avait sous les yeux était la pire chose qu'il 'avait jamais vu. C'était forcément lui, l'auteur de ce message.

Je me relevai difficilement avant de déchirer le papier et de le jeter dans les toilettes. Je m'assis sur le lit et me demandai qui pouvait bien être les renforts dont Loren parlait. L'AGC ? Ça m'étonnerait, je ne l'avais jamais vu dans les couloirs de l'agence. Mais alors qui ?

De nouveau, j'étais complètement perdue. Pourquoi faisait-il ça ? J'étais certaine qu'il risquait gros à me faire parvenir des messages de ce genre.

Je me posai toujours la question quand ma porte s'ouvrit de nouveau. Sam entra, suivit de près par Loren. Lorsque je croisai le regard de ce dernier, il hocha discrètement la tête. Je ne m'étais pas trompée finalement. C'était bien lui, l'auteur de ce message. Je le fixai un long moment, et il finit par détourner les yeux, agacé. Je regardai Sam qui faisait les cents pas dans la pièce.

- Je commence vraiment à me demander comment vous faire parler. Vous avez à peine bronché lorsqu'on a frappé votre ami. Que faire de plus ? Tu as une idée Loren ?

L'interpellé fit mine de réfléchir un instant, avant de proposer:

- On pourrait lui briser les os.

Je n'arrivais pas à y croire. Il y a à peine vingt minutes, il m'envoyait un message pour m'annoncer qu'il allait me sortir de là et que je ne devais pas parler et maintenant, il proposait un moyen horrible pour me faire parler. 

- Oui c'est une très bonne idée. Quel génie, ce jeune homme ! Vous ne trouvez pas, Melle Drecquet ?

Je l'ignorai et tentai de croiser le regard de Loren pour lui exprimer toute la haine que j'avais à son égard. Mais il garda la tête obstinément baissée.

- Nous viendrons vous cherchez toute à l'heure. En attendant, profitez bien de vos jambes.

Sur ce, il quitta la pièce en ricanant.

- Tu es vraiment horrible, lançai-je à Loren avant qu'il ne quitte à son tour la pièce.

- Il le fallait, me répondit-il en refermant la porte.

- Attends ! lançai-je juste avant qu'elle ne se referme.

Il bloqua la porte de son pied et me regarda.

- Est-ce qu'il est réveillé ?

Il secoua la tête avant de partir.

Je m'allongeai sur mon lit et fermai les yeux. J'avais besoin de prendre des forces pour ce qui m'attendait. Savoir ce qu'ils allaient me faire était encore pire que de l'ignorer. J'avais l'impression que les minutes s'écoulaient à la vitesse de la lumière.


Je me relevai et me mis à faire les cents pas. Comme Sam l'avait dit, il valait mieux pour moi que je profite de mes jambes.

Lorsque le bruit de la porte métallique se fit entendre, mon cœur s'accéléra. Deux gardes entrèrent et me forcèrent à me lever. Je tentai de leur échapper mais ils étaient trop forts et trop rapides. Ils me tirèrent jusqu'à la porte et je continuai à me débattre.

Lorsque nous eûmes traversés plusieurs couloirs, je dus me rendre à l'évidence: je n'arriverai pas à m'enfuir. Je cessai de me débattre, ce qui les surpris. Ils relâchèrent leur prise sur mon bras et il ne m'en fallut pas plus. D'un geste habile, je frappai le garde à ma droite à l'entrejambe. Il se plia en deux et s'effondra au sol en gémissant de douleur. Le deuxième garde tenta de se saisir de mes cheveux mais je réussis à l'éviter.

Je me mis à courir à travers les couloirs, mais mon manque de nourriture, d'eau et de force se fit très vite sentir. Il me rattrapa et me colla contre le mur en bloquant mon cou avec son bras.

- Si tu fais un geste, je tire, m'avertit-il en désignant son arme.

Je tentai de me dégager mais il usa de tout son poids pour m'empêcher de bouger.

- Pose ton arme, lança soudain une voix sortit de nulle part.

Surpris le garde baissa son bras et je pus reprendre ma respiration. Je jetai un œil par dessus son épaule et j'aperçus Loren, le bras tendu vers le garde, le doigt sur la détente. Le garde s'éloigna de moi mais laissa son arme braquée sur moi.

- Pose ton arme, répéta Loren en se rapprochant davantage.

J'entendis un coup de feu, puis une douleur fulgurante au niveau du bras, m'arracha un cri de douleur. C'était la première fois que je me prenais une balle, et je n'avais pas imaginer que ça puisse être aussi douloureux.

Un nouveau coup de feu retentit et le garde s'effondra à mes pieds.

- Vite, suis-moi, me lança Loren en m'attrapant par mon bras non-blessé.

- Je n'ai pas confiance en toi.

- Pas plus que moi je n'ai confiance et toi. Mais je viens de te sauver la vie.

Il me tira de nouveau et se mit à courir. Je tentai d'ignorer la douleur dans mon bras, mais elle était de plus en plus présente. Nous traversâmes de longs couloirs, et je fus étonnée de ne croiser personne. Certes, je n'avais pas croiser beaucoup de monde depuis mon arrivé ici, mais j'imaginai qu'il y avait des gens qui habitaient ici.

- Par là, lança Loren en s'arrêtant devant une porte. Il l'ouvrit puis me fit signe de passer devant lui.

- Attends, on ne peut pas laisser Luc ici. Il faut qu'on aille le chercher.

- C'est impossible. Les gardes vont arriver d'une minute à l'autre. On n'a plus le temps.

Je secouai la tête.

- Je ne pars pas sans Luc.

Il poussa un soupir agacé.

- On reviendra le chercher, je te le promets. Mais il faut qu'on s'en aille si tu veux avoir une chance de le sauver.

- Très bien, mais si ils le tuent avant qu'on revienne, c'est moi qui te tuerais.

Il haussa les épaules. Devant nous se trouvait un immense escalier. Il passa devant moi et s'en perdre une minute, grimpa les marches quatre à quatre. Je le suivis aussi vite que je le pus.

Soudain, on entendit la porte volait en éclat et des bruits de pas se fit entendre au bas des escaliers. Loren jura, et se mit derrière moi en me faisant signe d'avancer. Je m'exécutai et faillit trébucher lorsque des coups de feu retentirent dans la cage d'escalier. J'entendis des hommes tomber et quelques secondes plus tard, Loren apparut, essoufflé.

Nous finîmes de grimper et lorsque nous atteignîmes enfin le haut des escaliers, j'étais au bord de l'évanouissement. J'avais perdu beaucoup de sang. Loren poussa la porte et la lumière me fit plisser les yeux. Je fis un pas dehors et c'est là que je compris: j'étais dehors.

PrisonnièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant